115Frères par la nature,étrangers par l'éducationDamien, 19 ans, témoigneavoir un jour reçu un très grandnombre de documents etpolycopiés dénonçantl'homosexualité et l'homoparentalitéde la part de sonprofesseur de philosophie.S'affichant clairement commehomosexuel, il a été la premièrevictime de la vague d'homophobieengendrée par cetteaction.Après avoir été victimede discrimination de la partde son professeur, il s’est plaintauprès de la direction de sonétablissement scolaire etnous dit vouloir entamer unedémarche plus officielle afind'obtenir « un peu de justice ».Depuis, le climat s'est encoredégradé, les propos homophobesdevenant plus durset les élèves se contentantde les approuver.Pierre suit un CAP et nousreporte subir des remarquesdéplacées à propos de sa façonde s'habiller et de se coiffer.Le directeur de son établissementscolaire est allé jusqu'àlui interdire de « traîner avec[s]on mec devant l'école ».Pierre a déposé plainte auprèsdu procureur de la République,accompagné par une vingtainede personnes.Crise adolescenteRoxanne est actuellementlycéenne, en classe de première.Elle nous écrit pour nous parlerdu harcèlement qu'elle a subitrois ans auparavant, quandelle était en troisième.Attirée par une autre fille, elletaisait son orientation sexuelle.Cependant, elle a fini par êtredécouverte par sa classe,entraînant une série d'insulteset d'agressions à son encontre.Elle nous raconte notammentavoir été victime de violencesphysiques (coups et crachats)et s'être fait taguer son casierà plusieurs reprises.Après avoirdû redoubler son année scolaire,elle a de nouveau eu affaireà l'un de ses camarades declasse qui, accompagné dequelques amis, n'a pas hésitéà la frapper.« Je me suisretrouvée avec des hématomesdans le dos. Ma mère ne les ajamais vus », nous confie-t-elle.Par crainte, Roxanne restedésormais seule et nous précisepar ailleurs que ses parentsne seront jamais au courantde son orientation sexuelle.Maria est une lesbienne de17 ans qui subit « l'immaturitéet la bêtise » des élèves deson lycée. Elle se sent agresséepar les remarques homophobesqu'elle entend autour d'elle(« Ils se comportent commedes singes », «Les lesbiennes,y'a rien de plus dégueulasse»...),ne se sent pas àsa place et ne sait pas vers quise tourner pour en parler.Elle qualifie ce qu'elle subit depersécution, et estime, à justetitre, ne pas mériter ça.« Je suisjuste une fille qui tombe amoureusedes filles », nous dit-elle.Elève dans le secondaire,Thomas est constammentvictime de violence physiqueet mentale de la part de sescamarades. Il parle de coupsreçus dans les couloirs, de noteshomophobes envoyées en cours,et de diffamations faites à sonsujet par un autre garçon desa classe. Le comportement desautres élèves de sa classe estallé si loin qu'il nous dit mêmeavoir songé à la fugue, et penserencore sérieusement au suicide.Une mère inquiète nouscontacte pour nous parler desa fille, Sophie, victime d'homophobiedans son établissementscolaire. Sophie est la cible d'unharcèlement commis par uneautre jeune fille s'étant d'abordfait passer pour une amie,puis pour sa petite amie.Par la suite, les insultes,moqueries et violences entreles deux filles sont devenuescourantes, à tel point que Sophierefuse d'aller au collège, a perduénormément de poids, refusede sortir de sa chambre et parlemême de mettre fin à ses jours.Julia, lycéenne, nous confie avoirfait son premier coming out à lafin de son année de quatrièmeauprès de l'une de ses amiesproches. Celle-ci a, heureusement,bien pris la situation etson comportement n'a paschangé envers Julia. Petit à petit,d'autres de ses ami-e-s sontmis au courant et un surveillantdu collège vient même luidemander en public « s'il estvrai qu'[elle] es[t] gouine ».Elle finit par lui dire la vérité etla nouvelle se répand rapidementdans l'établissement,
Rapport sur l'homophobie 2014 • Milieu scolaireau point qu'elle reçoit desinsultes et remarques déplacées.Sa situation empire quandtrois garçons prennent l'habitudede la plaquer contre des murspour la tripoter afin de « lafaire changer d'avis sur leshommes ». Au bout d'unmoment, d'autres élèves luilancent même des pierres.C'est un de ses professeurs quifinit par venir à son secoursen convoquant les élèves et enfaisant en sorte qu'ils-elles nerecommencent plus.Aujourd'hui,Julia est en terminale et, bienqu'il lui arrive de se dire que« naître hétérosexuelle auraitété plus facile », elle estimeaussi « être ce qu'elle est » et« qu'il ne faut jamais se cacher ».N'oubliez pas votrepancarte pour le prochaincoursLouis nous contacte pour nousinformer que l'établissementcatholique dans lequel estscolarisée sa nièce a organiséun pseudo-débat sanscontradicteur-trice. Le débaten question n'avait en effet pourseul but que d'inciter les élèvesà se mobiliser contre le projetde loi sur le mariage pourtou-te-s. Les intervenant-e-stenaient des propos dégradantsen prétendant que « l'homosexualitén'est que contrenature», « n'est pas dans leplan de Dieu », et que « leshomosexuel-le-s ne peuventpas prétendre à une vieaffective féconde ».Lucie est élève en CE1 dans uneécole catholique et vit dans uneFocusJames et Nicholas sont deux expatriés américainsarrivés il y a environ deux ans à Paris avec leur fils.Les deux hommes se sont légalement mariés enCalifornie et l'enfant vit avec eux depuis sa naissance.Leur enfant a 9 ans et est scolarisé en classede CM1 dans une école anglophone.James et Nicholas nous ont contactés pour nousraconter avoir eu deux rendez-vous avec la directionde l'école pour se plaindre des moqueries subiespar leur fils dans sa classe. Malgré ces entrevues,l'école n'a eu aucune action et s'est contentée dedire au couple que « tout le monde a sa façonde voir les choses ».De plus, l'école vient tout juste de présenter unepièce de théâtre jouée par des élèves de CM1 etCM2. L'une des lignes du script contenaitoriginellement un mot à interprétation homophobe(« faggot », soit un équivalent de « tapette ») quiavait été changé en « idiot » par l'éditeur du livreet de la pièce dans des éditions plus récentes.L'école avait, en revanche, choisi d'utiliser le dialogued'origine. De nouveau, le couple a parlé de ceproblème avec l'école, sans que cela n'entraîneaucune mesure. De ce fait, le texte est resté tel quelet la pièce a été jouée par des enfants âgé-e-sde 9 à 11 ans.Le couple se demande ce qu'il est en mesure de fairepour protester contre une telle situation, mais aussisi ces comportements sont habituels en France.famille homoparentale.Troisélèves de sa classe racontent,non sans fierté, avoir participé àla Manif pour tous le week-endprécédent. Le professeur, visiblementdépassé, n'a pas étécapable de les empêcher decrier des chansons et scanderdes slogans de la manifestation.Lucie, terrée au fond de laclasse à ce moment-là, décritce jour comme étant « le jourle plus horrible de [s]a vie ».Arthur est enseignant dansun collège privé de confessioncatholique. C'est à l'intérieurde cet établissement scolaireque deux élèves l'interpellentà grands renforts de menaces