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37La parole à…Wilfredet OlivierPostée sur Facebook suite à l’agression àcaractère homophobe dont Wilfred de Bruijn et sonami Olivier Couderc furent victimes le 7 avril 2013, laphotographie du visage tuméfié de Wilfred a fait letour du Web. Nous revenons avec eux sur cetteattention médiatique et sur le regard porté par unNéerlandais sur l’homophobie en France.Aujourd’hui, comment vous sentez-vous ?Wilfred : Il ne reste plus beaucoup de conséquencesphysiques. Je porte toujours une prothèse. Psychologiquement,ça a été dur. Avec Olivier on ne selaisse pas intimider, on va partout. Mais je suismoins à l'aise le soir dans la rue. Pour le Nouvel An,on rentrait en transport en commun. Il y avaitévidemment plein de jeunes, tous un peu bourrés…Olivier : Ma meilleure amie était avec nous, elle avu la panique sur nos visages. Ces moments,quand on quitte une soirée après s’être amusés,on rentre à pied...W. : Maintenant, on se sépare dans le métro.Samedi, c’était bondé, et pour garder l’équilibreOlivier a voulu se tenir à moi. Spontanément je luiai murmuré : « Pas ici. » Je n’étais déjà pas très àl'aise ni très démonstratif…Comment avez-vous vécu la diffusion virale dela photographie ?W. : Ca a été une excellente chose : on s'était faitagresser pour nous rendre invisibles, pour attaquerun visage d’homosexuel et, au final, on étaitvisibles partout ! Ca te donne de la force.Beaucoup de gens étaient choqués et ont agi encliquant, en partageant cette photo. Noussommes devenus héros malgré nous. L’attentionmédiatique a eu d’autres conséquences positives.La police était sous une énorme pression, les bonsmoyens ont été employés pour retrouver nosagresseurs. On ne peut pas tout dire, l'affaire esten cours, mais on se doute que nos agresseurs ontvu « Le Petit Journal », les affiches… Ils sontdevenus très nerveux : « Ca ne passe pas inaperçu…» Cette nervosité est utile parce qu'alors ilspeuvent dire et faire des choses pas très malignes.O. : Dans les débats sur le mariage, personne ne parlaitde l’homophobie ordinaire. Ca a fait irruption.J'ai trouvé ça positif, la lutte pour l'ouverture desdroits au mariage c’était aussi pour casser l'homophobieordinaire qui fait tant de mal.W. : Des amis m’ont vu à la une d’un journal, dansun village argentin. La BBC, El País, la télé chinoise,la radio italienne, des stations latino-américaines...Avec Reuters, ça a pris une ampleurgigantesque. Je crois que les médias internationauxétaient étonnés de ce qui se passait dans lepays des droits de l'homme. Partout où il y a l'ouverturedu droit au mariage, il y a des manifs,des discussions. Mais en France ça a été très dur,violent, et ça a duré très longtemps. Ca ne correspondaitpas à l'image de la France, à ce paysperçu comme donneur de leçons… Et, à mon avis,les médias ne savaient plus sous quel angle aborderle débat. Soudain, une histoire personnelle,avec quelqu'un qui parle un peu anglais, qui est àl’image que se font les médias d’un homme ordinaire...Un sujet avec qui le public peut s'identifier.C'est très injuste mais je pense que ces mécanismesont œuvré... Est-ce que ça a pu changerquelque chose ? Les longs débats parlementairesont été accélérés à la fin, le gouvernement enavait marre. Mais je pense aussi que l'attentioninternationale a joué un rôle. Les ambassadeursdisaient : « Quelle histoire, on passe pour un paysridicule ! »Avez-vous eu des contacts avec d’autrespersonnes agressées ?W. : J'ai contacté le couple agressé le même weekendque nous. J'ai un peu parlé avec RaphaëlLeclerc, ce garçon agressé à Nice. Et on a rencontréBruno Wiel. Mais ça s'arrête là.O. : Dans un bar, un client nous a raconté qu'il luiétait arrivé la même chose. Il nous a remerciés

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