33Ce climat terrifiant est en grande partie l'œuvredes opposant-e-s à l'ouverture du mariage auxcouples de personnes de même sexe. La fabled'un rassemblement pacifique de sympathiques« familles à poussettes » n'a pas fait long feu, del'aveu même des ancien-ne-s porte-parole de cesmouvements. Les excès sont devenus systématiqueslors des manifestations, toujoursplus radicales et intolérantes. De nombreusesagressions ont eu lieu en margedes cortèges : saccage et violencescontre les client-e-s et le personnel dubar gay le Vice & Versa à Lille, intrusion,bousculade et lancers d'œufs au centreLGBT Le Girofard à Bordeaux, coupscontre des passant-e-s, des journalisteset des contre-manifestant-e-s, etc.Des victimes plus jeunes et souvent en situationde précaritéEn 2013, 188 cas d'agressions physiques nous ontété signalés, pour plus de 200 victimes.Bien que nous ayons reçu davantage de témoignagesde gays (ils passent de 68 % à 70 % dutotal), le profil général des victimes varie peu, saufpour l'âge. Les 18-24 ans représentent 26 % destémoignages (contre 18 % en 2012).Les cinq personnes trans (toutes MtoF) qui nousont contactés en 2013 pour des faits violentsavaient chacune été victimes d'agressions multiples.En colère mais fatalistes, elles cherchaientun conseil sur les démarches à engager.« J’auraispréférévivrenormalement.Etrehétéro »les faits inquiétants :- impossibilité de faire enregistrer la circonstanceaggravante « homophobie » (introuvable dans levocabulaire du système informatisé de rédactiondes plaintes !) et terme « racisme » sélectionnéà la place par l'agent-e ;- parti pris en faveur de l'agresseur-e et manifestationsgraves d'homophobie de la partde l’agent-e ;- remarques déplacées : « Quand onest homosexuel, on n'habite pas cequartier », par exemple.De nombreuses victimes renoncentdonc à agir par peur de la police ouparce qu'elles considèrent les procéduresjudiciaires trop longues et aléatoires.Parfois, en raison d'un contextefamilial, scolaire ou professionnel fortementhomophobe ou transphobe, la personne agresséechoisit le silence, malgré sa détresse et au risque desubir de nouvelles brutalités.Des alertes préalables souvent ignoréesLes violences homophobes et transphobesproviennent de toutes les couches de la société ycompris, par exemple, du maire d'une communerurale (lire les Témoignages). Les hommes, seulsou en groupes, représentent 81% des auteursd'agressions qui nous sont rapportées. Les femmesagressent – d’après nos témoignages– surtout engroupes, mixtes ou non, et principalement dans uncontexte familial ou de voisinage.De nombreuses victimes nous ont aussi contactéspour obtenir aide et soutien face à une situation deprécarité et d'isolement, consécutive ou aggravéepar l'agression (perte d'emploi, avance des fraismédicaux, frais de justice, absence de revenus liée àla période de soins, nécessité de se reloger, annéescolaire ou universitaire ratée, etc.). SOS homophobiepeut alors accompagner les victimes qui en fontla demande tout au long de leurs démarches.Même si la situation s'améliore, la méfiance vis-àvisdes forces de l'ordre reste très grande et unedemande fréquente concerne la mise en relationavec un commissariat « ouvert et tolérant ». Parmi51 % des agressions se sont produites dans deslieux publics. S'embrasser ou se tenir par la mainsuffit encore à déclencher un déchaînement deviolence (« Vas-y, tue-le, ce sale PD », ou encore« Vous êtes deux grosses gouinasses »). Parfois, lasimple apparence est également prétexte àl'agression. Cette année encore, plusieurs gays ontété la cible d'attaques gratuites ou crapuleusesdans des lieux de drague en plein air ou à leurdomicile (suite à un rendez-vous pris sur un siteInternet de rencontres).La famille et le voisinage sont les contextes où les
Rapport sur l'homophobie 2014 • Agressions physiquesviolences répétées et la crainte de représailles encas de témoignage sont les plus fréquentes.Plusieurs victimes ont été agressées malgré desdépôts de plainte ou mains courantes préalablesauprès des forces de l'ordre.L'école reste parfois un lieu de souffrance. Malgréleurs alertes auprès du corps enseignant, de jeunesvictimes sont isolées, poussées à bout, et finissentparfois par craquer en répondant aux violences ethumiliations répétées. Ainsi des victimes indiquents'être trouvées mises en accusation, puis sanctionnéespar l'administration d'établissements privésqui leur est apparue incapable de les protéger.Enfin, les agressions au travail révèlent un manquede préparation et une lâcheté de la hiérarchie.Pourtant, dans de nombreux cas, il convient denoter la solidarité grandissante des collègues quin'hésitent pas à intervenir puis à témoigner et às'engager aux côtés des victimes (lire chapitreTravail).Un climat détestableA Tarbes,Yves, 23 ans, sortd’un bar avec une amie.Un homme lui lance : « Je tereconnais, t'es un sale PD. »Il fait tomber Yves et le frappe.Les cris de son amie alertentdes passant-e-s et mettentl'agresseur en fuite.Aux urgences, le médecinconstate des hématomes, unecôte cassée et un traumatismecrânien.Yves dépose plainte.Grégory, 38 ans, nous contacteun soir.A Sceaux, des hommesl’ont suivi en le traitant de« sale PD ». Il nous rappelle troisjours plus tard depuis un serviced’urgences : « Cette fois, ilsont tenté de me tuer. » Alorsqu'il rentrait des courses, sesagresseurs lui ont crié :« On veut voir ton string. »Ils lui ont lancé des pierrespuis l’ont frappé en lui disantqu'ils allaient le tuer.Un automobiliste est venu àson secours et l'a transporté àl'hôpital. Grégory est terroriséà l'idée de rentrer chez lui.Il a reçu 21 jours d'ITT.Fabien, 40 ans, sort avecThomas, 25 ans. Parce qu’ilsse tiennent la main, un groupeles insulte (« bande de tapettes,gros PD, je vais t'enculer »)et les frappe. Fabien a plusieurscôtes cassées (15 jours d’ITT).Le diagnostic de Thomas estplus préoccupant car il a reçudes coups de couteau (rateet foie atteints). Les policiersqui enregistrent la plainte semoquent de Fabien car il estmilitaire et gay : « Petit PD !T’es pas un homme ! »A Strasbourg, en lisière d’unlieu de drague, Nassim esttémoin de l'agression violented'un homme seul par quatrepersonnes. Il donne l'alertepuis laisse ses coordonnéesà la police. Il est recontacté48 heures plus tard par lecommissariat : les agresseursont été identifiés. Ils sont engarde à vue et ont reconnu lesfaits, y compris leur caractèrehomophobe. La victime hésiteà porter plainte, visiblementpar crainte de dire sonhomosexualité.Sophie, MtoF en fin de transition,subit des agressions répétéesà Creil. Dès qu'elle est àl'extérieur, elle est insultée etmenacée : « Travelo, enculé,on va te faire la peau. »Elle vient d'être frappée etcommence à avoir des idéesnoires. Elle veut déménagermais elle craint des difficultéspour trouver un logementcar son état civil n'est pas encoremodifié pour correspondreà son identité de genre.Eric, 45 ans, rencontre deshommes à la sortie d’un bargay de Grenoble. Il les invitepeut-être chez lui (ses souvenirssont confus car il a été drogué).A son domicile, les agresseursle poignardent et le laissentpour mort après lui avoir volédu matériel informatique etsa carte bleue. Eric est trouvéle lendemain et conduit àl’hôpital après avoir perdubeaucoup de sang.Les agresseurs sont récidivisteset ciblent exclusivement leshomosexuels. Pourtant, leprocureur refuse de retenirla tentative de meurtre etle caractère homophobe del'agression. Eric et son avocatrestent déterminés.A Lyon, dans les couloirsdu métro,Agathe passe
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