Si l’amour est <strong>la</strong> rencontre de deux ego, si <strong>la</strong> sexualité est l’accouplement de deux ego, cen’est ni l’amour ni <strong>la</strong> sexualité. À partir de ce que je dis aujourd’hui, et qui est sous-ten<strong>du</strong> devérités métaphysiques, toutes les manifestations et déviations connues deviennent possibles,le sadisme, <strong>la</strong> violence, <strong>la</strong> brutalité dans <strong>la</strong> sexualité, etc. Je ne veux pas entrer dans les détails.Il faudrait d’énormes volumes pour décrire <strong>la</strong> composante masochiste et <strong>la</strong> composantesadique de <strong>la</strong> sexualité et ces approches psychologiques ne tiennent pas compte de <strong>la</strong> possibilitéde libération, de <strong>la</strong> possibilité de dépasser tous les conditionnements et tous les déterminismes.Au Bost, nous parlons toujours en fonction <strong>du</strong> grand but, l’effacement de l’ego, l’effacementde <strong>la</strong> séparation, de <strong>la</strong> peur et <strong>du</strong> désir – et non pas uniquement pour étudier à l’infiniles mille possibilités de manifestations de <strong>la</strong> peur d’une part, <strong>du</strong> désir de l’autre et del’ambivalence <strong>du</strong> désir et de <strong>la</strong> peur ou de l’amour et de <strong>la</strong> haine.Une incompréhension de <strong>la</strong> sexualité, qui a été très souvent présentée comme au contraireune grande compréhension, vient de ce que ces vérités ne sont pas c<strong>la</strong>ires. Le besoin de« faire mien » peut devenir si intense que les deux partenaires ont comme désir de s’approprierl’autre, de le dévorer, de l’absorber, pour qu’il devienne vraiment « moi-même ». Onaura beau parer ce désir fondamental de mots mensongers : « se fondre dans l’autre », « seperdre dans l’autre », « ne plus faire qu’un avec l’autre », c’est uniquement se berner avec desparoles. Chacun doit être honnête et véridique par rapport à lui-même. Est-ce que je considèrel’acte sexuel comme un acte d’affirmation de l’ego ou comme un acte de transcendancede l’ego ? C’est tout à fait différent.Ou bien vous acceptez de mourir à vous-même pour l’autre et l’autre accepte de mourir àlui-même pour vous, et les amants ensemble dépassent vraiment l’ego. Ou bien les deux demandesse trouvent simplement correspondre : c’est cette femme-ci qu’un homme veut absorber,c’est cet homme-ci qu’une femme veut absorber. Ces deux demandes réciproques : jeveux que tu sois à moi, sont conjointes pendant un certain temps, mais <strong>la</strong> révé<strong>la</strong>tion qui peutêtre le fruit <strong>du</strong> véritable amour et de <strong>la</strong> véritable sexualité ne se pro<strong>du</strong>ira jamais.Le lien entre <strong>la</strong> sexualité et <strong>la</strong> mort est double. Ou bien c’est ma mort à moi, ou bienc’est <strong>la</strong> mort de l’autre. Dans les deux cas, <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité est dépassée mais de façon contraire.C’est à cause de cette complexité que <strong>la</strong> sexualité a parfois con<strong>du</strong>it à des sommets spirituelsreconnus par <strong>la</strong> tradition hindoue ou <strong>la</strong> tradition bouddhiste – et qu’elle a con<strong>du</strong>it à desabîmes de violence, de brutalité et de souffrance.Est-ce que je parle à des candidats-disciples qui, quels que soient leurs vasanas, leurssamskaras, leur dépendance, leurs contradictions, leurs servitudes, aspirent consciemment et<strong>du</strong>rablement à <strong>la</strong> libération ? Ou est-ce que je parle à des êtres humains qui veulent simplement,au jour le jour, améliorer <strong>la</strong> survie et <strong>la</strong> satisfaction de leur ego ? C’est <strong>la</strong> question essentielleà poser. Que voulez-vous ? Si vous le voulez vraiment, quelle que soit l’ampleur de<strong>la</strong> tâche pour l’atteindre, vous ne reculerez pas, vous serez prêt à payer le prix. Si vous voudriezbien <strong>la</strong> liberté à condition que celle-ci vous soit donnée tout de suite – ce n’est pas <strong>la</strong>même nécessité ; vous n’aurez ni le courage, ni <strong>la</strong> persévérance, ni <strong>la</strong> détermination qui vouspermettront d’atteindre le but.Je sais bien que, par moments, on se sent devant une tâche immense quand il s’agit deréorganiser tous nos fonctionnements afin d’aller peu à peu vers <strong>la</strong> liberté ; que, par mo-p156
ments, on se sent entièrement <strong>la</strong> proie de ses peurs, de ses désirs, de ses impulsions, de seslâchetés. Croyez-vous que je n’en parle pas en connaissance de cause, y compris en ce quiconcerne « l’amour » et le désir de voir mourir ce que nous aimons et triompher nos exigenceségoïstes ? Il y a certainement, en ce qui concerne <strong>la</strong> sexualité, un moment de conversionoù <strong>la</strong> demande fait p<strong>la</strong>ce au don, où « moi » fait p<strong>la</strong>ce à « l’autre ». Ce sont deux sexualitésapparemment semb<strong>la</strong>bles, puisque dans les deux cas, le mot « je t’aime » a une chance d’êtreprononcé – encore qu’on le prononce d’autant plus qu’il n’est pas vrai et qu’il est destiné àfaire taire ce qui se lève de notre inconscient. Des êtres qui ont vraiment de l’amour, au sensréel <strong>du</strong> mot « amour », l’un pour l’autre n’éprouvent plus le besoin ni de demander toutes lescinq minutes : « tu m’aimes, tu m’aimes ? » ni de répéter : « je t’aime », ce « je t’aime » signifiantsimplement « aime-moi ».Deux actes sexuels peuvent paraître semb<strong>la</strong>bles mais être en fait diamétralement opposés.L’un est <strong>la</strong> conjonction de deux demandes, l’autre est <strong>la</strong> fusion de deux dons. L’un est <strong>la</strong>conjonction de deux exigences, l’autre est le don de l’ego pour participer à <strong>la</strong> totalité.L’ego s’efface et l’acte sexuel devient spontané, ici et maintenant, sans peur, sans convoitise,sans attachement. S’il y a convoitise, chaque seconde de l’acte sexuel n’est qu’une préparationpour <strong>la</strong> seconde suivante, avec ce besoin d’aller jusqu’au bout de <strong>la</strong> possession. Mais,s’il n’y a aucune convoitise, l’union est faite d’un instant, plus un instant, et chaque instantest parfait en lui-même ; tellement parfait que, si des conditions particulières demandaientl’interruption immédiate de l’acte sexuel, cette interruption serait possible sans aucune perturbation,sans aucun refus – simplement parce que c’est <strong>la</strong> nécessité impromptue <strong>du</strong> moment.D’instant en instant, ici et maintenant. Et, tous ceux qui en ont l’expérience en onttémoigné, <strong>la</strong> perfection <strong>du</strong> ici et maintenant dépasse le temps et fait découvrir l’éternité àl’intérieur de <strong>la</strong> succession.Je ne dis pas que certains êtres humains au cœur simple n’aient pas connu une grandeperfection sexuelle sans avoir <strong>la</strong> moindre connaissance <strong>du</strong> vedanta, des Upanishads, de <strong>la</strong>bipo<strong>la</strong>rité, de <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité et de <strong>la</strong> non-<strong>du</strong>alité. Il n’est pas nécessaire d’être un intellectuel pouravoir un cœur pur et être capable d’aimer sans égoïsme. Je dis que c’est rare, de plus en plusrare, et que, pour ceux à qui cette spontanéité et cette pureté ne sont pas données immédiatement,<strong>la</strong> compréhension des grandes lois peut venir à leur aide – au moins comme un facteurde progression parmi d’autres. Il est bien évident que ce n’est pas l’intellect seul qui peutaccomplir une expérience concernant <strong>la</strong> totalité de l’être ; on ne peut pas faire l’amour avecdes idées philosophiques.Je me souviens encore des mots de Swâmiji : « cruel embrace » ; une étreinte cruelle dansce désir de possession, d’absorption, désir fragile, situé en équilibre sur une ligne frontière oùl’amour est prêt à faire p<strong>la</strong>ce à <strong>la</strong> haine et à <strong>la</strong> pulsion de meurtre. C’est un thème qu’on retrouvedans une certaine littérature : le sang, <strong>la</strong> volupté, l’amour, <strong>la</strong> mort et <strong>la</strong> sexualité. Essayezde le comprendre dans une perspective plus profonde, une perspective métaphysiquequi puisse donner un sens à chaque instant de votre existence et à toute tentative d’union del’homme et de <strong>la</strong> femme.Swâmiji considérait que <strong>la</strong> chasteté est possible à l’homme et à <strong>la</strong> femme sans refoulementet sans névrose. Et, comme les hindous véritablement dignes de représenter <strong>la</strong> traditionhindoue, Swâmiji accordait son importance à <strong>la</strong> sexualité. C’était d’ailleurs assez déroutantde voir comment il pouvait donner à <strong>la</strong> fois tant d’intérêt à <strong>la</strong> sexualité et tant de valeurà <strong>la</strong> chasteté.157
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