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A la recherche du Soi 4 - Yoga taichi 91

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contré l’enseignement de Swâmiji. Je n’aurais pas pu être un trappiste parce que ces désirsétaient trop forts. Et je voyais bien que même m’établir auprès d’un maître tibétain et méditersur des divinités tantriques et des manda<strong>la</strong>s n’aurait pas pu me convenir. Une part de moiaurait été comblée, nourrie ; mais une autre part, dans <strong>la</strong> profondeur, aurait continué à réc<strong>la</strong>mer.Et ç’aurait été une vie de moine inaccomplie de plus.L’habileté de Swâmiji a été de me guider à travers une aventure amoureuse passionnéedans <strong>la</strong>quelle j’avais investi une immense valeur ; à travers des voyages très importants pourmoi et une vie d’explorateur, premier Occidental à avoir jamais pénétré dans certains monastères<strong>du</strong> Bouthan ; à travers un besoin de réussite, aussi bien pour « l’ambitieux » en moi que« le vaniteux en moi », etc. Le génie de Swâmi Prajnânpad était de nous offrir une possibilité– certes pas « bon marché » –, de nous libérer en quelques années de désirs qui paraissenttout-puissants et non pas en dizaines et dizaines d’existences.Mais soyons bien d’accord sur <strong>la</strong> motivation, sur ce qui fait notre qualification de disciple,c’est-à-dire l’amour de l’atman, l’amour <strong>du</strong> Supra-personnel, l’amour de l’éternel, quelleque soit <strong>la</strong> façon dont nous le formulions. Peut-être que, pour moi, je pourrais dire : c’étaitl’amour de l’état intérieur de Ramdas et de Mâ Anandamayi tel que je l’avais pressenti envivant auprès d’eux.Les formu<strong>la</strong>tions peuvent changer mais elles désignent toujours <strong>la</strong> même réalité. Et cetamour est là ou il n’est pas là. C’est un amour de dépassement – pour l’infini, pour l’illimité,pour ce qui est absolument au-delà de moi, dans lequel je vais disparaître en tant qu’ego limité.Mais voici que je dois m’incliner devant le fait de mes échecs répétés ! Et ce qui meconcernait et me troub<strong>la</strong>it, c’était aussi les échecs d’autres « chercheurs » : des vieux swâmis,des Européens qui avaient quarante ans de Tiruvanama<strong>la</strong>ï derrière eux. Et je vous assure queje ne me sentais pas plus doué qu’eux. Par conséquent j’en concluais que le même sort m’attendaitsi un élément nouveau n’intervenait pas. Et l’élément nouveau, ce<strong>la</strong> a été, bien sûr, <strong>la</strong>rencontre avec Swâmiji.On peut s’y tromper parce que, si vous lisez seulement une partie de ce que j’ai publié,l’accomplissement conscient des désirs tenait un rôle important sur le chemin de Swâmiji.L’ego et le mental peuvent utiliser cette vérité pour se <strong>du</strong>per et entendre seulement : « Onest libre des désirs qu’on a accomplis. » Et puis on se souvient qu’un thème essentiel de cetenseignement de Swâmiji est pris au yoga Vasishtha, c’est bhoga (l’accomplissement) etupabhoga (<strong>la</strong> jouissance ordinaire de celui qui est emporté par les désirs au lieu de les vivreconsciemment). Bhoga est l’accomplissement conscient de désirs reconnus. Upabhoga estl’accomplissement ordinaire de désirs qu’on n’a pas pleinement reconnus et qu’on n’accomplitpas consciemment. Et une des paroles les plus importantes de Swâmiji était extraite <strong>du</strong>yoga Vasishtha : « mahakarta, maha bhokta, mahajnani ». <strong>Soi</strong>s d’abord un véritable agissant(karta, the doer), un véritable appréciateur, et c’est ce<strong>la</strong> qui con<strong>du</strong>it à « mahajnani », le grandsage.Si upabhoga, l’accomplissement ordinaire des désirs, n’a jamais mené nulle part, bhogacon<strong>du</strong>it à « jnana », <strong>la</strong> connaissance. On connaît ce dont on a vraiment l’expérience, ce qu’ona goûté et apprécié. Et ce chemin – karta, « l’agissant » ; bhokta, « l’appréciateur » ; jnani,« celui qui a <strong>la</strong> connaissance » – con<strong>du</strong>it à « mahakarta », le grand agissant (ou le nonagissantau sens taoïste de <strong>la</strong> non-action), « mahabhokta », le grand appréciateur et « mahajnani», le grand sage.68

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