contré l’enseignement de Swâmiji. Je n’aurais pas pu être un trappiste parce que ces désirsétaient trop forts. Et je voyais bien que même m’établir auprès d’un maître tibétain et méditersur des divinités tantriques et des manda<strong>la</strong>s n’aurait pas pu me convenir. Une part de moiaurait été comblée, nourrie ; mais une autre part, dans <strong>la</strong> profondeur, aurait continué à réc<strong>la</strong>mer.Et ç’aurait été une vie de moine inaccomplie de plus.L’habileté de Swâmiji a été de me guider à travers une aventure amoureuse passionnéedans <strong>la</strong>quelle j’avais investi une immense valeur ; à travers des voyages très importants pourmoi et une vie d’explorateur, premier Occidental à avoir jamais pénétré dans certains monastères<strong>du</strong> Bouthan ; à travers un besoin de réussite, aussi bien pour « l’ambitieux » en moi que« le vaniteux en moi », etc. Le génie de Swâmi Prajnânpad était de nous offrir une possibilité– certes pas « bon marché » –, de nous libérer en quelques années de désirs qui paraissenttout-puissants et non pas en dizaines et dizaines d’existences.Mais soyons bien d’accord sur <strong>la</strong> motivation, sur ce qui fait notre qualification de disciple,c’est-à-dire l’amour de l’atman, l’amour <strong>du</strong> Supra-personnel, l’amour de l’éternel, quelleque soit <strong>la</strong> façon dont nous le formulions. Peut-être que, pour moi, je pourrais dire : c’étaitl’amour de l’état intérieur de Ramdas et de Mâ Anandamayi tel que je l’avais pressenti envivant auprès d’eux.Les formu<strong>la</strong>tions peuvent changer mais elles désignent toujours <strong>la</strong> même réalité. Et cetamour est là ou il n’est pas là. C’est un amour de dépassement – pour l’infini, pour l’illimité,pour ce qui est absolument au-delà de moi, dans lequel je vais disparaître en tant qu’ego limité.Mais voici que je dois m’incliner devant le fait de mes échecs répétés ! Et ce qui meconcernait et me troub<strong>la</strong>it, c’était aussi les échecs d’autres « chercheurs » : des vieux swâmis,des Européens qui avaient quarante ans de Tiruvanama<strong>la</strong>ï derrière eux. Et je vous assure queje ne me sentais pas plus doué qu’eux. Par conséquent j’en concluais que le même sort m’attendaitsi un élément nouveau n’intervenait pas. Et l’élément nouveau, ce<strong>la</strong> a été, bien sûr, <strong>la</strong>rencontre avec Swâmiji.On peut s’y tromper parce que, si vous lisez seulement une partie de ce que j’ai publié,l’accomplissement conscient des désirs tenait un rôle important sur le chemin de Swâmiji.L’ego et le mental peuvent utiliser cette vérité pour se <strong>du</strong>per et entendre seulement : « Onest libre des désirs qu’on a accomplis. » Et puis on se souvient qu’un thème essentiel de cetenseignement de Swâmiji est pris au yoga Vasishtha, c’est bhoga (l’accomplissement) etupabhoga (<strong>la</strong> jouissance ordinaire de celui qui est emporté par les désirs au lieu de les vivreconsciemment). Bhoga est l’accomplissement conscient de désirs reconnus. Upabhoga estl’accomplissement ordinaire de désirs qu’on n’a pas pleinement reconnus et qu’on n’accomplitpas consciemment. Et une des paroles les plus importantes de Swâmiji était extraite <strong>du</strong>yoga Vasishtha : « mahakarta, maha bhokta, mahajnani ». <strong>Soi</strong>s d’abord un véritable agissant(karta, the doer), un véritable appréciateur, et c’est ce<strong>la</strong> qui con<strong>du</strong>it à « mahajnani », le grandsage.Si upabhoga, l’accomplissement ordinaire des désirs, n’a jamais mené nulle part, bhogacon<strong>du</strong>it à « jnana », <strong>la</strong> connaissance. On connaît ce dont on a vraiment l’expérience, ce qu’ona goûté et apprécié. Et ce chemin – karta, « l’agissant » ; bhokta, « l’appréciateur » ; jnani,« celui qui a <strong>la</strong> connaissance » – con<strong>du</strong>it à « mahakarta », le grand agissant (ou le nonagissantau sens taoïste de <strong>la</strong> non-action), « mahabhokta », le grand appréciateur et « mahajnani», le grand sage.68
Nous pouvons entrer dans les détails, voir comment Swâmiji explique certains versets de<strong>la</strong> Bhagavad Gîta, certains versets des Upanishads, et comment Swâmiji peut con<strong>du</strong>ire àcette libération même ceux qui ont des vasanas et des désirs (il y a plusieurs mots en sanscritpour dire désir, notamment ishchhâ et kâma), nous con<strong>du</strong>ire à ce dépassement. Le génie deSwâmiji était d’accueillir des infirmes qui avaient comme vocation d’être des athlètes. Cetinfirme (et je tra<strong>du</strong>is là purement et simplement le mot « cripple », « estropié », que Swâmijia utilisé si souvent en ce qui me concernait), cet infirme a un tel désir de devenir un sportif ?Ce<strong>la</strong> fait quinze ans qu’il s’exerce, qu’il tombe de sa chaise rou<strong>la</strong>nte, qu’il titube et il continueà s’acharner ? J’exaucerai son vœu s’il est prêt à payer le prix.Swâmiji a fait un miracle aussi grand. Je portais en moi, quand je l’ai rencontré, cet intenseamour de l’absolu, de <strong>la</strong> réalisation. Et je suis en effet arrivé à Swâmiji en demandant :« Je veux atma darshan. » Je n’ai rien demandé d’autre ! C’était un impotent arrivant à Swâmijiet déc<strong>la</strong>rant : « Je veux être un champion. » Alors maintenant, on va regarder de prèschacune de ces infirmités qui me rendent incapable de quitter mon fauteuil rou<strong>la</strong>nt sanstomber. Et je dis que le miracle de Swâmiji c’est, en quelques années, d’avoir épanoui et libéréun homme qui avait tant d’attachement dans le monde de <strong>la</strong> multiplicité, dans le mondedes formes (pravritthi marga), ce monde que tous les enseignements mystiques présententcomme l’obstacle fondamental – un homme qui à certains égards paraissait avoir d’énormeshandicaps. Et, quatre ans après, j’étais en face de lui : « What do you avant ? » absolumentdivisé en deux : d’un côté « atma darshan » qui demandait si fort et si intensément, et de l’autreles accomplissements dans <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité, ce que l’on poursuit d’existence en existence pendantdes milliers d’existences. Ce n’était plus que l’un effaçait momentanément l’autre, quej’étais soit entièrement dans <strong>la</strong> mystique quand je séjournais à <strong>la</strong> Trappe ou chez Mâ Anandamayi,soit entièrement dans le monde. Les deux étaient là. Et lequel des deux al<strong>la</strong>it l’emporter?L’enseignement de Swâmiji étant un « adhyatma yoga », yoga en direction de l’atman,une bonne part de cet enseignement est une science admirable de l’art de se détacher, de selibérer des désirs qui nous insèrent dans <strong>la</strong> multiplicité, et de se trouver par conséquent entièrementdisponibles pour <strong>la</strong> plongée intérieure en direction <strong>du</strong> <strong>Soi</strong> (nivritti marga).Lisez les Upanishads, au moins les textes essentiels, « celui qui trouve son délice dans le<strong>Soi</strong>, sa joie dans le <strong>Soi</strong>, son réconfort dans le <strong>Soi</strong> ; celui qui est concerné par le <strong>Soi</strong> seulement,ne cherche rien d’autre que le <strong>Soi</strong>, ne voit que le <strong>Soi</strong> » – il y en a des pages entières.En quoi cet enseignement des Upanishads s’appliquait-il à moi ? Dans un conflit intenseentre ce qui disait : « OUI, il n’y a que ce<strong>la</strong> qui m’intéresse ! », et ce qui immédiatement répondait: « NON, il n’y a pas que ce<strong>la</strong> qui m’intéresse – loin de là. »Le Bost existe uniquement pour le détachement et <strong>la</strong> libération par rapport à tous les désirs,de manière à être entièrement disponible pour <strong>la</strong> réalisation ultime. Cette réalisation passepar un accomplissement réaliste et conscient de certains désirs. Mais, à cause de cette affirmationque je maintiens, sur <strong>la</strong>quelle je me suis déjà expliqué et sur <strong>la</strong>quelle je me ré-expliqueraiencore abondamment, l’ego peut facilement entendre : « l’enseignement <strong>du</strong> Bost, c’est l’accomplissementdes désirs ! » Et nous ne tenons plus le même <strong>la</strong>ngage. Vous ramenez le Bostà une psychothérapie : « j’ai des inhibitions sexuelles, j’ai des inhibitions professionnelles, jen’arrive pas à m’épanouir, je n’arrive pas à accomplir mes désirs ». D’accord ! Tout ce<strong>la</strong>, jel’entends, et je l’entends à travers les souvenirs de ma propre « sadhana ». Mais : « What do69
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UNLa réponse absolueI l y a des mo
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je me souviens d’avoir un jour em
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de vous-même et de la vie qui vous
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que n’est pas mobile comme le cor
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« grandes paroles » (mahavakya) m
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sante : les nuages découvrent un p
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Mais j’ai dû entendre : cela veu
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SIXSexualité et métaphysiqueJ e d
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J’accepte la transformation, j’
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SEPTLa méditationJ e vais aborder
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« J’ai un corps subtil et je peu
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votre vraie méditation : Je vais a
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En 1964, je me plaignais une fois d
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Pour en savoir plusL e centre anim