gardez pas vos bagages sur les genoux mais mettez-les dans le filet, ils feront le voyage trèsbien en même temps que vous. » Autrement dit lâchez prise, déposez votre destin entier, etvotre existence se déroulera spontanément. De toute façon vous agirez, eh bien vous continuerezà agir, mais vous agirez en étant non impliqués et libres. Et le Maharshi employait <strong>la</strong>même comparaison sous une forme peut-être encore plus éloquente. Il citait le cas d’unhomme, comme on en voit beaucoup sur les routes de l’Inde, qui marche en portant sa chargesur <strong>la</strong> tête. (Les Indiens ont <strong>la</strong> capacité de porter sur leur tête des poids assez lourds etavec un équilibre admirable parce que leur colonne vertébrale est droite.) Un homme marchesur <strong>la</strong> route avec son fardeau sur <strong>la</strong> tête, et le propriétaire d’un char à bœufs qui va dans <strong>la</strong>même direction lui propose de monter. Mais cet homme est tellement habitué à porter sonbagage qu’assis dans le char à bœufs et content de n’avoir plus à marcher, il continue à tenirson bagage sur sa tête. En vérité, le poids <strong>du</strong> bagage est porté par les essieux <strong>du</strong> char, le fardeausera transporté jusqu’au but par les bœufs et l’action de cet homme est totalement inutile; pourquoi ne pose-t-il pas à ses pieds ce paquet qui fera le voyage en même temps quelui ? Ramana Maharshi disait aussi : « Vous êtes comme ces statues sculptées sur les piliersdes temples si elles étaient convaincues que ce sont elles qui ont à porter le poids <strong>du</strong> templeentier sur les épaules. » Vous voyez qu’un sage de <strong>la</strong> notoriété <strong>du</strong> Maharshi n’hésitait pas àemployer des comparaisons bien simples.Vous êtes semb<strong>la</strong>bles à ce paysan installé sur le char à bœufs et qui tient encore son colissur sa tête. Je sais bien qu’une parole comme celle-ci fait lever en nous une nostalgie immense,quand le fardeau de <strong>la</strong> vie pèse lourd, quand il faut se garder à gauche, parer lescoups à droite, lutter, peiner et s’inquiéter. Ce<strong>la</strong> doit être merveilleux. C’est en effet merveilleux– mais comment, comment y arriver ? Mettez en pratique l’enseignement de RamanaMaharshi. S’il y a un sage que personne n’a mis en doute, c’est bien lui. Déposez votre fardeau.Abandonnez l’ego, comme disent les maîtres zen. Un petit mot ang<strong>la</strong>is a eu longtempsle pouvoir de me fasciner et de me torturer à <strong>la</strong> fois, comme une femme très belle qui se feraitdésirer et se refuserait sans cesse : « Drop ! » Oh, ce verbe ang<strong>la</strong>is, j’ai vraiment eu descomptes à régler avec lui. « Drop », « <strong>la</strong>issez tomber, lâchez ». « Drop the ego », <strong>la</strong>issez tomber.Posez-le, le bagage, c’est bien à ce<strong>la</strong> qu’il faut arriver. Et, en effet, l’énergie divine prendravotre vie en charge. Plus de passé, plus de futur, le présent, l’éternel présent, <strong>la</strong> paix desprofondeurs, <strong>la</strong> spontanéité, <strong>la</strong> certitude. Bien sûr, ce<strong>la</strong> fait envie. Ce<strong>la</strong> réussit même à faireenvie à l’ego, en dehors de <strong>la</strong> célébrité, <strong>du</strong> grand amour, de <strong>la</strong> réussite, de l’argent ou desvoyages et c’est bien à cause de cette espérance de l’ego que le chemin est possible, le but unjour atteint. Mais, pour ce lâcher-prise, il est nécessaire (si on n’emploie pas sans cesse un<strong>la</strong>ngage emphatique, nécessaire veut dire indispensable) d’aller jusqu’au bout de sa possibilitéde faire. Voilà en quoi l’enseignement de Swâmiji synthétisait parfaitement les différentesinfluences que j’avais reçues et les différentes tentatives au long desquelles j’avais été guidé,le yoga, le vedanta hindou et ce qui m’avait paru juste dans l’enseignement Gurdjieff. Puissiez-vousle plus vite possible être mûrs pour ce lâcher-prise, pour déposer le fardeau, pourêtre, au-delà <strong>du</strong> faire, dans <strong>la</strong> spontanéité.Ce lâcher-prise ne s’accomplira pas sans une préparation plus ou moins longue. Etquand le but a été à peu près c<strong>la</strong>irement entrevu, quand vous gardez quelque part, à l’arrièrep<strong>la</strong>n,le souvenir de cet enseignement de l’au-delà de faire, <strong>la</strong> réalité <strong>du</strong> chemin vous ramèneà <strong>la</strong> nécessité de faire, de devenir un agissant. Ne dites même pas « me ramène à cette premièreétape ». Il n’y aura pas de seconde étape. On peut pointer vers l’au-delà <strong>du</strong> faire et le96
non-agir mais il n’y a aucun effort possible dans cette direction. Quel effort est possible dans<strong>la</strong> direction <strong>du</strong> non-effort ? L’unique étape consiste à aller jusqu’au bout de <strong>la</strong> tentative pouragir : to do, avec tout ce que ce<strong>la</strong> implique, manonasha, vedanta vijnana, chitta shuddhi, vasanakshaya,toute <strong>la</strong> méthode, toute <strong>la</strong> technique, appliquée au cas particulier de chacun, jusqu’àce que vous soyez libres.Le chemin est essentiellement cette tentative fantastique pour devenir un doer, capabled’agir. Une modalité particulière, qui peut être nécessaire et bénéfique, consiste à tenter etréussir une plongée directe dans <strong>la</strong> profondeur de l’inconscient. Mais cette plongée n’est pasindispensable sous cette forme directe au long de toutes les voies véridiques et, de toute façon,ce n’est qu’une condition préa<strong>la</strong>ble, préliminaire. Pour pouvoir devenir vraiment unagissant, il faut avoir accompli cette purification de l’inconscient et cette érosion des samskaraset des vasanas. Mais ce<strong>la</strong> ne suffit pas pour vous con<strong>du</strong>ire à <strong>la</strong> libération sous <strong>la</strong> forme dece lâcher-prise. Déposez le bagage que vous avez sur <strong>la</strong> tête, déposez-le à tout jamais et <strong>la</strong>issezle chariot vous con<strong>du</strong>ire. Ce dépassement <strong>du</strong> « faire » indivi<strong>du</strong>el n’est possible que quandl’ego a été jusqu’au bout de lui-même. Alors il peut se transcender lui-même. J’ai atteint l’ultimelimite qui m’est possible. Maintenant, je sais. À ce moment-là, ce mot « drop », abandonnerl’ego, non seulement prend un sens mais devient évident. Et le miracle s’accomplira.J’ai essayé de vous donner un certain nombre d’éléments qui doivent être compris demanière synthétique pour que vous commenciez à savoir où vous allez et à voir se dessinerplus c<strong>la</strong>irement votre chemin. N’oubliez pas qu’à l’intérieur d’un cadre général, chaque chemins’accomplit non plus dans le général mais dans le particulier. Chacun doit mettre enpratique. J’ai cité Ramana Maharshi aujourd’hui. Quelqu’un lui a un jour demandé avec insistanceun mot qui puisse résumer son enseignement et le Maharshi a répon<strong>du</strong> : « practice »,pratiquez. Réponse à <strong>la</strong>quelle je me suis souvent et longtemps accroché moi-même.Il se peut que, pendant un certain temps, vous ne voyiez pas c<strong>la</strong>irement <strong>la</strong> différence entreles réactions et les actions, que vous ayez l’impression que vous agissez et qu’il est trèsinjuste de vous dire que vos actions ne sont que des réactions. Eh bien, je peux vous donnerun critère extrêmement simple pour apprécier : le but de l’existence, c’est le bonheur. Toutesles actions ou préten<strong>du</strong>es actions sont accomplies dans le but d’échapper à <strong>la</strong> souffrance etd’atteindre le bonheur. Certains voient leur bonheur dans ce que nous appelons des accomplissementségoïstes et d’autres le voient dans ce que nous appelons des comportements altruistes,phi<strong>la</strong>nthropiques ou désintéressés. Mais le but est toujours le bonheur. Le proverbedit fort justement : « un saint triste est un triste saint ». Un homme qui aurait cru passer savie dans le non-égoïsme mais qui vieillirait triste aurait échoué. C’est avec ce critère que vouspouvez apprécier si votre vie a été faite d’actions ou de réactions. Si votre vie a été faited’actions, vous êtes arrivés au bonheur ; si votre vie a été faite de réactions, vous n’êtes pasarrivés au bonheur. Ce<strong>la</strong> paraît choquant à entendre, et pourtant vous pouvez y réfléchirpendant des années, observer, voir, et vous découvrirez que c’est <strong>la</strong> vérité. C’est le critère leplus simple, à <strong>la</strong> portée de chacun. Mais il ne faut pas sortir de cette vérité, sans ce<strong>la</strong> le mentalvous prouvera de nouveau que vos actions sont des actions libres et conscientes. Oui ounon, avez-vous atteint le bonheur ?p97
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SEPTLa méditationJ e vais aborder
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« J’ai un corps subtil et je peu
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En 1964, je me plaignais une fois d
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Pour en savoir plusL e centre anim