vous, au sens habituel <strong>du</strong> mot « vous », vous ne le franchirez pas. Vous, au sens ordinaire <strong>du</strong>mot « vous », vous disparaissez. Et parce que vous avez disparu, cette révé<strong>la</strong>tion règne à jamais.C’est <strong>la</strong> réalisation. À ce seuil, vous devenez de plus en plus silencieux, de plus en plussilencieux, jusqu’à ce que vous soyez absolument effacés. C’est une extinction. Voilà pourquoile mot « nirvana » a été si souvent tra<strong>du</strong>it par « extinction ». Et cette extinction, c’est <strong>la</strong>vie éternelle. Ce n’est pas <strong>la</strong> mort ou le néant, c’est l’éc<strong>la</strong>tement, l’irruption de <strong>la</strong> vie éternelle.Mais ce que j’ai voulu vous dire aujourd’hui, c’est : vous, au sens ordinaire <strong>du</strong> mot« vous », vous ne pouvez pas aller jusqu’au bout de <strong>la</strong> méditation, jusqu’au bout <strong>du</strong> silenceintérieur. Vous allez rester là pour constater que vous n’êtes pas libéré. Silence... Demanderd’être libéré, c’est encore une demande. Ne demandez même plus d’être libéré. Bien sûr, nevous <strong>la</strong>issez pas emporter par les pensées ordinaires. « Méditer », ce<strong>la</strong> ne veut pas dire être denouveau identifié à ses pensées ou vagabonder, se demander : « Qu’est-ce que je vais fairedemain ? Il faut que j’écrive cette lettre ; j’ai oublié. » Non, restez vigi<strong>la</strong>nts, présents à vousmêmes,pleinement conscients, mais de plus en plus effacés, de plus en plus silencieux. Cessezde vous identifier à celui qui n’est pas libéré et qui veut l’être.Et, une fois encore, je vous dirai que ce silence est directement lié au « oui ». « Je ne suispas libéré ; ici, maintenant, je ne suis pas libéré. » Oui. « Ici, maintenant, je n’ai pas réalisél’atman. » Oui. Et non pas : « Il faut que je réalise l’atman. » Vous n’êtes plus ici et maintenant,vous êtes ten<strong>du</strong>s vers quelque chose, vous réc<strong>la</strong>mez autre chose que ce qui est. Ici,maintenant, quoi qu’il arrive, je dis : « oui ». Et c’est ce « oui » qui est le suicide de l’ego, ledivin suicide de l’ego, le sublime suicide de l’ego. C’est dans l’absolu de ce « oui » que le« nirvana » se révèle.Si vous pouviez être parfaitement non-libérés, vous seriez libérés à l’instant même...Ce que je viens de dire sur <strong>la</strong> pensée fondamentale et le silence intérieur concerne directement<strong>la</strong> « méditation », <strong>la</strong> méditation en fonction <strong>du</strong> chemin que nous suivons ici, qui n’estpas le bouddhisme zen ni le bouddhisme tibétain ni le yoga hindou de Patanjali.Ce mot « méditation » est d’autant plus célèbre qu’il correspond à une activité devenuebien inhabituelle aujourd’hui et il recouvre tant de sens, tant d’acceptions, qu’il est aussi bienun piège qu’une aide. J’ai consacré quinze ans de ma vie à filmer des musulmans, des hindous,des bouddhistes tibétains en méditation et à essayer de comprendre ce qui se passait àl’intérieur de ces hommes que je voyais immobiles comme des statues et qui, manifestement,n’étaient pas en train de rêvasser. Avec ces deux termes, je crois avoir défini ce que le publicentend par « méditation » : quelqu’un absolument immobile, que ce soit les yeux fermés, lesyeux mi-clos, ou les yeux ouverts droit devant lui, et dont on sent qu’il est actif intérieurement,qu’il ne se contente pas de rêver. Mais qu’est-ce qui se passe vraiment ?Je ne vous ferai pas une causerie académique sur <strong>la</strong> méditation selon le bouddhisme tibétainou <strong>la</strong> méditation selon l’hindouisme, bien loin de là. Je veux simplement partager avecvous certains éléments de compréhension en fonction de notre chemin.Le premier malenten<strong>du</strong> vient de ce que cette fameuse méditation est généralement pratiquéeen Orient par des hommes ou des femmes qui ne mènent pas <strong>du</strong> tout <strong>la</strong> même vieque vous. L’obstacle essentiel à <strong>la</strong> méditation, connu de tous à <strong>la</strong> surface de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>nète, cep174
sont les pensées, les distractions, les associations d’idées, qui nous empêchent de faire silence,de nous effacer intérieurement – nous en tant qu’ego –, pour qu’une autre réalité serévèle <strong>du</strong> fait même de ce silence. L’incapacité de <strong>la</strong> conscience de soi limitée à disparaître,l’impossibilité de faire silence, se manifestent sous <strong>la</strong> forme toute simple des idées qui noustraversent, idées heureuses ou idées malheureuses, idées noires ou idées roses. Les tentativesde méditation des Occidentaux (et de beaucoup d’hindous aussi, il faut bien le dire) consistentsurtout en une lutte presque désespérée contre ces distractions et ces associationsd’idées.Partant de là, différentes techniques ont été é<strong>la</strong>borées, transmises à travers les siècles, ausein des différentes traditions et, dans ces traditions, au sein des différentes écoles : yoga,vedanta, tantra, différentes formes de bouddhisme, etc. Si, par votre karma, c’était votre destinde vous consacrer uniquement à <strong>la</strong> vie spirituelle, c’est-à-dire que vous soyez moine dansun monastère tibétain ou swâmi dans un ashram hindou, <strong>la</strong> situation serait différente. C’est<strong>la</strong> première chose que je vous demande d’entendre. Ne rêvez pas tout de suite d’une formede méditation qui ne vous est pas possible.Si vous étiez prédisposés à ce<strong>la</strong>, vos vasanas, vos samskaras, votre karma vous auraientcon<strong>du</strong>its à ne sentir que peu d’intérêt pour le monde et les différents accomplissements profanes.Vous pourriez alors tenter une certaine approche de <strong>la</strong> méditation et utiliser un certainnombre de techniques qui sont décrites dans des livres mais qui ne vous sont guère utiles telsque vous êtes. Du fait que vous seriez coupés des préoccupations et des craintes habituelles,que tout votre intérêt et toute votre énergie seraient tournés vers cette <strong>recherche</strong>, vous pourriezvous engager dans une lutte parfois héroïque contre ces associations d’idées, et méditerplusieurs heures tous les jours, comme je l’ai vu faire. Méditation qui prend des formes trèsvariées : conscience <strong>du</strong> corps, conscience de <strong>la</strong> respiration, répétition d’une formule, visualisationd’une divinité hindoue ou tibétaine, concentration sur un chakra. Dans ce cas-là, ils’agit d’une entreprise à <strong>la</strong>quelle on se consacre totalement ; tout le reste de l’existence estordonné autour de cette ascèse. Non seulement le reste de l’existence matériellement, c’està-direl’emploi <strong>du</strong> temps, mais le reste de l’existence psychologiquement, c’est-à-dire que lescraintes et les préoccupations habituelles ont disparu.Mais l’Européen qui est le fruit de notre société porte dans son inconscient tout unbouillonnement qui s’exprime à <strong>la</strong> surface par ces pensées et ces distractions et son existencenourrit cette tendance à <strong>la</strong> dispersion – « oh, il faut que je fasse ceci ; oh, j’ai oublié de fairece<strong>la</strong> ; oh, qu’est-ce qui va se passer dans quinze jours ? » L’Européen a tant de soucis, tantd’intérêts professionnels, artistiques, moraux, sociaux, sexuels, sentimentaux, financiers, qu’ilest nettement défavorisé pour essayer d’aborder ces techniques de méditation décrites dansles livres sur le yoga hindou, sur le yoga tibétain ou d’autres ouvrages très respectables eneux-mêmes et bien documentés. Je dois vous dire que je fais partie de ceux qui se sont escrimésà méditer pendant des années avec des résultats finalement bien décevants. Par moments,certaines méditations étaient « réussies », <strong>la</strong>issaient un beau souvenir, un grand souvenirmême, et m’encourageaient à poursuivre. Le plus souvent, méditer c’était lutter contremoi-même et, alors que <strong>la</strong> méditation devrait nous <strong>la</strong>isser reposés et déten<strong>du</strong>s, quand j’abandonnaisau bout de trois quarts d’heure, c’était contracté, ten<strong>du</strong>, et nullement en paix. Oubien il fal<strong>la</strong>it que les conditions soient particulièrement favorables, c’est-à-dire un séjourdans un monastère ou dans un ashram, mais je n’étais pas destiné à passer toute ma vie dansles ashrams en oubliant le reste.175
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SommaireIntroduction ..............
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UNLa réponse absolueI l y a des mo
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je me souviens d’avoir un jour em
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de vous-même et de la vie qui vous
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« grandes paroles » (mahavakya) m
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Vraiment, comment la célèbre paro
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cette question. La totalité de vou
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m’adresse d’autant plus directe
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aussi une succession un peu plus é
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eux, comme la lîla de Dieu, et le
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ien bénie - dans laquelle le sens
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TROISAtma darshanJ e vais dire ce s
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C’est la vraie question qui doit
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core en eux des attachements et de
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concilie les opposés. Mais ceci, c
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En tenant ce langage, parce que nou
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que les témoignages des mystiques
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inhibé, si on ne se retient pas et
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possible de cerner de manière indu
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Bost ne le croient. Parce que le fa
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Si vous réussissez à l’entendre
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créateur. Vous jouez le rôle de V
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CINQDe l’enfant au sageJ e voudra
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