En 1964, je me p<strong>la</strong>ignais une fois de plus, comme à d’innombrables swâmis hindous quim’avaient donné des réponses diverses, je me p<strong>la</strong>ignais à un yogi tibétain très âgé, Abo Rinpoché,de ces associations d’idées. Et il me décrit un certain exercice que mon compagnonSonam Kazi tra<strong>du</strong>it en ang<strong>la</strong>is : « let them come, let them go » ; « <strong>la</strong>issez-les venir, <strong>la</strong>issez-less’en aller ». C’était simple. J’avais tenté différentes concentrations : concentration sur le hara,entre les sourcils, sur le flux et le reflux de <strong>la</strong> respiration, sur l’énergie qui circule dans <strong>la</strong> colonnevertébrale. J’avais obtenu des résultats partiels mais rien de vraiment concluant. « Letthem corne, let them go. » Et Abo Rinpoché me donne un enseignement tibétain que j’ai réenten<strong>du</strong>deux ans après de <strong>la</strong> bouche de Dudjom Rinpoché : « Prenez conscience <strong>du</strong> videcomme de <strong>la</strong> réalité, et l’image d’un ciel bleu totalement vide, infini, immense, illimité. Cevide est là en vous. C’est votre véritable réalité, le réel ou le non-manifesté. Et, à l’intérieur<strong>du</strong> vide, voyez passer – comme vous verriez passer des nuages ou des oiseaux dans le ciel –des pensées avec leur émotion, sans perdre <strong>la</strong> conscience <strong>du</strong> vide. »Quelque temps après, je me trouvais pour <strong>la</strong> première fois auprès de Swâmiji. Je lui aiparlé de cet exercice. Il a précisé le « let them come, let them go » : « <strong>la</strong>issez-les venir, <strong>la</strong>issez-lespartir » par : « let them come, they will go » ; « <strong>la</strong>issez-les venir, elles s’en iront ». Ce qui vientest destiné à s’en aller.Une image m’était venue dès ce moment-là à l’esprit. De moi-même je faisais un exercice,dont j’ai su ensuite qu’il se pratiquait chez les Tibétains, consistant à être en contemp<strong>la</strong>tiondevant le ciel bleu pour que notre conscience, facilement et aisément, prenne <strong>la</strong>forme de ce sans-forme au lieu de prendre <strong>la</strong> forme particulière d’un objet concret ou imaginé.Je pratiquais cet exercice à l’ashram de Swâmiji. Et voici qu’un oiseau inhabituel pournous passe dans le ciel, un oiseau comme on n’en voit pas en Europe, exotique, multicolore :bleu, doré. Je ne sais pas comment il s’appelle mais ceux qui ont connu l’ashram de Swâmijiau Bengale ont le souvenir de ces oiseaux qui nous émerveil<strong>la</strong>ient. D’un coup mon attentiona été concentrée sur cet oiseau inatten<strong>du</strong>, surprenant, très beau ; le phénomène d’attraction ajoué. L’attention était vaste, elle al<strong>la</strong>it d’un point de l’horizon à l’autre. Et d’un coup, commeles « zooms », les focales variables en cinéma, qui partent d’un ensemble et qui concentrentsur un détail – toute mon attention a été concentrée sur l’oiseau. J’ai per<strong>du</strong> conscience demoi-même, conscience de l’infini, par <strong>la</strong> fascination d’une forme. Immédiatement, je me suisren<strong>du</strong> compte de ce qui s’était passé. Je me suis demandé s’il était possible de voir l’oiseausans perdre <strong>la</strong> conscience <strong>du</strong> ciel bleu, de voir le limité sans perdre <strong>la</strong> conscience de l’illimité,de voir le mesurable sans perdre <strong>la</strong> conscience de l’infini. Et une pensée m’est venue, celled’un autre oiseau répan<strong>du</strong> en Inde, le vautour qui, esthétiquement, n’a rien de beau pournous et je me souvins d’un vol de vautours – l’autre pôle !...Je connaissais à peine l’enseignement de Swâmiji mais je connaissais des vérités qui nesont pas seulement celles de Swâmiji : les « paires d’opposés », l’attraction et <strong>la</strong> répulsion.C’est le pain quotidien de l’Inde des ashrams. Voilà cet oiseau merveilleux et, à l’opposé, il ya le vautour : les deux images de l’attraction et de <strong>la</strong> répulsion. Pourrais-je voir passer dans leciel un oiseau de féerie, de paradis, sans que mon attention soit emportée par l’attraction etvoir passer dans le ciel un vautour avec des bouts de charognes sanguinolents au bec et le coudéplumé, sans que mon attention se concentre sur le vautour sous <strong>la</strong> forme de <strong>la</strong> répulsion etp184
<strong>du</strong> refus ? Je me suis exercé à essayer de rester vraiment conscient de cette immensité <strong>du</strong> cielet à voir les oiseaux divers <strong>la</strong> traverser sans que mon attention soit entièrement emportée,centrée dans l’oiseau ; être conscient à <strong>la</strong> fois de l’immuable, c’est-à-dire le ciel, et <strong>du</strong> changeant,c’est-à-dire les oiseaux qui vont et viennent.Il en est de même à l’intérieur de vous dans cette tentative de méditation. Vous sentez envous l’immensité qui dépasse les limites de votre corps, qui dépasse toutes limites, l’immensitéde <strong>la</strong> Conscience pure, l’immensité vide de <strong>la</strong> Conscience d’être, à l’intérieur de <strong>la</strong>quellenaît chaque pensée. La sensation, l’idée, l’émotion, tout ce<strong>la</strong> apparaît à l’intérieur de cetteConscience immense, infinie, comparable en vous au ciel bleu vide. Vous prenez consciencede votre corps et vous voyez que cette sensation <strong>du</strong> corps apparaît à l’intérieur de ce vide.Essayez d’être conscients des deux en même temps. La conscience, <strong>la</strong> vôtre, à tous, à chacun,est tellement plus vaste que le corps. Votre corps physique est petit mais votre conscienced’être est infinie. Et <strong>la</strong> conscience que vous pouvez avoir de votre corps, c’est simplement <strong>la</strong>conscience d’une forme comme n’importe quelle autre conscience d’une forme qui, pendantun moment, apparaît à l’intérieur de ce vide. Vous ne perdez pas <strong>la</strong> conscience de l’infini. Jevous promets que c’est possible, parce que vous ne refusez pas cette conscience des formessuccessives et vous ne <strong>la</strong> sentez plus comme l’obstacle.Une pensée vient, heureuse. Je <strong>la</strong> <strong>la</strong>isse passer, comme l’oiseau de paradis. Je <strong>la</strong> vois maisje ne suis pas entièrement fasciné. Une pensée vient, pénible. Je <strong>la</strong> <strong>la</strong>isse passer. Et imaginezun ciel dans lequel se croiseraient en tous sens des oiseaux multicolores merveilleux et toutessortes d’oiseaux effrayants, menaçants, répugnants, que vous verriez tournoyer sur fond d’infini,à l’intérieur de cette coupole <strong>du</strong> ciel. Toute image doit être dépassée mais cette imageconcrète est une aide. Ce vide est en vous. Vous ne le maintiendrez pas sans oiseaux et sansnuages. Par contre, vous pouvez en rester conscients tout en voyant passer un oiseau. Et vousrestez calmes, déten<strong>du</strong>s. Voici une pensée heureuse, voici une pensée malheureuse, mais votreattention ne s’est pas mise au point et concentrée dans cette pensée. Vous ne pouvez pasdemeurer, avant d’être un grand yogi, plus de quelques minutes sans pensées. Vous pouvezrester des minutes et des heures sans être complètement emportés – comme un témoin, quiles voit venir, qui les voit partir.Et vous devez bien entendre que ces pensées ont toujours une certaine valeur émotionnelle; parfois une valeur émotionnelle qui est importante pour votre inconscient et qui n’estpas immédiatement importante pour le conscient ; ce<strong>la</strong> suffit pour que vous vous <strong>la</strong>issiezemporter. Sachez à l’avance qu’il y aura des pensées heureuses et des pensées pénibles –mauvais souvenirs, appréhensions pour l’avenir, nécessités que vous voudriez oublier maisdont vous savez qu’elles vont se présenter dans deux ou trois jours, telles qu’un rendez-vousdifficile ou une démarche délicate à accomplir. Sachez-le. Et ne <strong>la</strong>issez pas se lever en vousle refus <strong>du</strong> côté pénible de certaines pensées, sinon vous êtes immédiatement happé et per<strong>du</strong>.Ayez ce regard neutre. Quand on dit des associations d’idées – « <strong>la</strong>issez-les venir, <strong>la</strong>issezlespartir », il vous paraît que c’est seulement mental ou intellectuel et vous oubliez qu’il y aun facteur émotionnel très important. Toute pensée est po<strong>la</strong>risée, soit plutôt <strong>du</strong> côté agréable,soit plutôt <strong>du</strong> côté pénible, fût-ce à peine. Et c’est ce<strong>la</strong> qui fait qu’on se <strong>la</strong>isse prendreimmédiatement parce qu’on oublie d’être vigi<strong>la</strong>nt en face de ce côté émotionnel. Je l’accepted’avance. Il va monter une image, une idée, avec les charges émotionnelles pénibles ? Je <strong>la</strong><strong>la</strong>isserai monter et disparaître. Tentez-le ! Il n’y a aucune raison que vous n’y réussissiez pas.185
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SommaireIntroduction ..............
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Si vous réussissez à l’entendre
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