dre ce problème de l’action, en réfléchissant, en lisant, en posant des questions, en expérimentant,en tâtonnant même, car c’est en se trompant qu’on apprend, en mettant en pratiquece que vous avez compris pour le confirmer. La mise en pratique amène les questionsjustes, vous obtenez des réponses, vous mettez encore en pratique, <strong>la</strong> mise en pratiqueconfirme ou éc<strong>la</strong>ire votre expérience, cette expérience é<strong>la</strong>rgie vous permet une nouvelle miseen pratique, et vous progressez.Vous découvrirez que vos existences se déroulent mécaniquement, comme les techniquesbouddhiques le montrent si éloquemment. Et vous vous acharnerez à pouvoir « agir » : jeveux que mes actions soient des actions et non pas des réactions, c’est-à-dire ne soient plusimpulsives, « compulsives », s’imposant à moi sans que j’y puisse rien, des actions partiellesdans lesquelles une partie de moi agit au mépris complet des autres parties et au mépriscomplet de l’ensemble de <strong>la</strong> situation. Une part de moi, une part de <strong>la</strong> situation, commentpourrions-nous nommer le résultat une « action » ? Une vasana, un samskara mis en contactavec des « conditions et circonstances » prend une décision, écrit une lettre, donne un coupde téléphone, sourit, pleure, refuse, menace, supplie, achète, vend. Comment pouvons-nousappeler ce<strong>la</strong> des actions ?« To do, there must be a doer », je dois être un agissant. Que je sois là, moi, vigi<strong>la</strong>nt, et pasune émotion, et pas une impulsion, et pas une réaction. Que je sois là, moi, de plus en pluscomplet, intégral, rassemblé, entièrement présent, pour apprécier <strong>la</strong> situation et agir. Et quej’agisse avec <strong>la</strong> vision d’une situation totale. Pas seulement un élément : « je suis tombéamoureux de cette femme », mais <strong>la</strong> vision totale de l’existence de cette femme, de <strong>la</strong> mienneet de tout ce qui peut composer ma vie à chaque instant.À cet égard, vous êtes manifestement sur le p<strong>la</strong>n de l’effort mais c’est un effort dans lequell’ego apprend à sortir un peu de son monde pour s’harmoniser avec le monde réel. C’estdonc un effort d’une nature particulière. Ce n’est pas seulement un effort pour satisfaire unedemande intense de l’ego telle que « je veux devenir agrégé de médecine ou professeur defaculté », mais effort d’un ordre différent : « Je veux répondre de façon juste aux circonstances» et répondre de façon juste aux circonstances veut dire répondre de façon non plus partiellemais totale. Que ce soit de plus en plus <strong>la</strong> totalité de moi qui réponde à <strong>la</strong> totalité de <strong>la</strong>situation et non pas une petite part de moi qui réponde à une petite part de <strong>la</strong> situation.Vous vous acharnerez à être des agissants, et une grande part de l’enseignement qui vous estdonné va dans cette direction. Et pourtant, cet immense effort est destiné à être un jour dépasséou transcendé.Pendant dix ans de mon existence, ma conception de <strong>la</strong> vie spirituelle a été fondée surl’effort. Je pratiquais avec beaucoup de conviction et je peux dire, avec le recul, beaucoup desérieux, ce qui nous était offert et proposé dans les « Groupes Gurdjieff ». L’enseignementde Gurdjieff reposait sur deux piliers : les « efforts conscients » et <strong>la</strong> « souffrance volontaire». J’ai découvert que, dans <strong>la</strong> littérature gurdjievienne en ang<strong>la</strong>is, l’expression souffrancevolontaire était tra<strong>du</strong>ite par « intentionnal suffering » et ces mots « souffrance intentionnelle »ont été beaucoup plus éloquents pour moi que « souffrance volontaire ». Souffrance intentionnelle,c’est-à-dire souffrance qui puisse con<strong>du</strong>ire quelque part, et pas souffrance purementdouloureuse : je sais pourquoi j’accepte certaines souffrances et parfois je vais au-p92
devant – y compris même les souffrances <strong>du</strong>es à <strong>la</strong> chaleur, à <strong>la</strong> soif, aux moustiques et auxeffets secondaires de <strong>la</strong> <strong>recherche</strong> qui a été <strong>la</strong> mienne en Asie. Vous savez bien que, dansbeaucoup de traditions, des hommes qui ne sont pas des masochistes et des gourous qui nesont pas des sadiques ont utilisé ces souffrances momentanées pour aller au-delà de <strong>la</strong> souffrance.Maître Eckhart a écrit quelque part : « La souffrance est le coursier le plus rapidevers le Royaume des Cieux. » Cette parole pourrait être mise dans <strong>la</strong> bouche de <strong>la</strong> plupartdes sages : une souffrance consciente, bien utilisée. Et j’accomplissais des efforts, égalementconscients, pour « faire ».Puis, en 1959, je découvre le vedanta des gourous et des swâmis qui n’ont que cette expressionà <strong>la</strong> bouche : « free from the I-am-the-doer illusion », « libre de l’illusion que je suisl’agissant, l’auteur des actions ». La sagesse est présentée comme l’abandon de cette illusionet le renoncement absolu à faire. Cette apparente contradiction a été une motivation trèsforte pour animer ma <strong>recherche</strong> pendant des années. La synthèse, je n’ai pu <strong>la</strong> réaliser quegrâce à Swâmiji.En vérité, si vous voulez accéder directement à ce qu’on a appelé le non-faire, le nonagirou <strong>la</strong> spontanéité, vous n’y arriverez pas. S’il y a une exception sur cent millions par siècle,nous n’avons pas à en tenir compte. L’expérience montre que <strong>la</strong> première partie <strong>du</strong> cheminconsiste à faire des efforts. Je peux reprendre une fois encore aujourd’hui les deux parolesde Mâ Anandamayi elle-même que j’ai si souvent citées : « les efforts soutenus aboutissentun jour à l’état au-delà de l’effort », ou : « ce qui a été gagné par un effort soutenu estfinalement transcendé et alors vient <strong>la</strong> spontanéité ». Et vous allez essayer de faire : « À partirde maintenant, je veux être capable d’agir consciemment, pour répondre de façon juste à<strong>la</strong> situation et ne plus être une marionnette, comme disait Swâmiji. Je veux être un doer, jeveux être un agissant. » La vigi<strong>la</strong>nce est indispensable. Dès que <strong>la</strong> vigi<strong>la</strong>nce s’éteint, vous redevenezune marionnette. Quand <strong>la</strong> vigi<strong>la</strong>nce se maintient, vous avez une chance de vousrapprocher de ce qu’on peut véritablement appeler une action. Conscient de ce qui se passeau-dehors, conscient de ce qui se passe en vous, conscient de <strong>la</strong> façon dont en vous ça réagità ce qui se passe au-dehors, conscient de <strong>la</strong> manière dont vous projetez votre monde intérieursur l’extérieur. Vous le voyez. Et ce qui voit est libre, que vous l’appeliez témoin ouspectateur, ce qui est capable de voir sans émotion qu’il y a émotion, de voir sans jugement.Vous commencerez à être des agissants. Swâmiji avait donné au mot sanscrit karta, qui paraîtavoir un sens très défavorable dans le <strong>la</strong>ngage courant <strong>du</strong> vedanta actuel, un sens aucontraire favorable ; vous n’êtes même pas un karta, un agissant, comment voulez-vous passerau-delà ?Ces efforts commenceront à donner des résultats. Ce<strong>la</strong> vous demandera beaucoupd’acharnement, de connaissance de soi, de vision, de présence à soi-même, de lutte contrevotre impulsivité, vos émotions, votre aveuglement, et une lutte habile, intelligente, qui tientplutôt <strong>du</strong> judo que <strong>du</strong> catch, jusqu’à ce que vous arriviez à une unification qui commence àvous satisfaire et à une capacité à retarder vos réactions, à ne pas être comme un enfant impatient.Si vous allez vraiment jusqu’à l’extrême limite de vos possibilités dans cette direction del’action consciente, vous découvrirez – il s’agit d’une expérience que vous êtes appelés à faireet que les mots ne peuvent en aucun cas remp<strong>la</strong>cer – que c’est une entreprise pratiquementdésespérée. Au moment où vous commencerez à réussir, vous vous rendrez compte que <strong>la</strong>vraie réponse doit être d’un autre ordre. Mais ce<strong>la</strong> viendra seulement lorsque vous serez93
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UNLa réponse absolueI l y a des mo
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cette question. La totalité de vou
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« J’ai un corps subtil et je peu
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En 1964, je me plaignais une fois d
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Pour en savoir plusL e centre anim