l’instant, puis ma pensée de l’instant suivant, puis ma pensée de l’instant d’après, et pourl’éternité. La <strong>du</strong>rée concerne le film de cinéma que vous projetez. La séquence de <strong>la</strong> poursuite<strong>du</strong>re six minutes dix-huit secondes, <strong>la</strong> séquence de <strong>la</strong> chambre <strong>du</strong>re huit minutes, lefilm complet <strong>du</strong>re une heure quarante et une minutes (et, croyez-moi, les minutages desfilms sont relevés à une seconde près pour que les effets musicaux tombent rigoureusementsur les images). Mais l’écran lui-même – <strong>du</strong> moins pour les besoins de notre comparaison –est installé dans l’éternité. Une seconde, plus une seconde, plus une seconde, ce<strong>la</strong> ne changerien pour l’écran. Le film est situé dans <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée, l’écran échappe à <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée.Pour l’instant, il n’est pas question de négliger les problèmes concrets. Si vous avez unenfant ma<strong>la</strong>de, soignez-le. Swâmiji disait : « You have to tackle it » (« vous avez à vous en occuper») ; si vous avez un enfant indiscipliné, mauvais élève, renvoyé trois fois dans l’annéede trois collèges différents, il n’est pas juste de vous en désintéresser sous prétexte que vouscherchez uniquement l’éveil intérieur. Si vous voyiez à quel point Ramdas, Karmapa, KangyurRinpoché, Mâ Anandamayi, Ramana Maharshi, m’ont dit ceux qui ont vécu auprès delui, à quel point tous les sages peuvent être attentifs, minutieux, exigeants pour les problèmesconcrets, vous seriez convaincus qu’il n’y a pas une seule forme de <strong>la</strong> sagesse consistant,comme Mi<strong>la</strong>repa, à méditer dans une grotte pendant des années, loin de tout. Et encore,Mi<strong>la</strong>repa n’a pas consacré son existence entière à cette méditation solitaire. « You have to tackleit », vous avez à faire face à votre dharma. Nous sommes tout à fait d’accord. Et ce<strong>la</strong> aussi,c’est d’instant en instant : le téléphone sonne, je réponds. Quelle est <strong>la</strong> voix qui est aubout <strong>du</strong> fil ? Je m’adapte.Je ne prêche pas soudainement l’abandon de tous les dharmas. Mais j’insiste sur une attitudeintérieure. Sinon, nous ne pouvons plus nous réc<strong>la</strong>mer <strong>du</strong> vedanta, nous ne pouvonsplus dire que Swâmiji était un gourou. Nous devons dire que Swâmiji était un conseillerconjugal, un sexologue ou un homme de bon sens. Mais nous n’avons plus le droit d’employerl’expression « adhyatma yoga », « yoga vers le <strong>Soi</strong> », qui est <strong>la</strong> désignation traditionnellede <strong>la</strong> ligne dans <strong>la</strong>quelle s’insérait Swâmi Prajnânpad.Je suppose donc que l’accomplissement de vos différents dharmas vous <strong>la</strong>isse momentanémentun répit et que vous prenez un instant pour rester silencieux, un instant pour méditer,pour tourner votre attention vers l’intérieur et chercher à découvrir le <strong>Soi</strong>. Ce que vousdécouvrirez d’abord, c’est <strong>la</strong> pensée – quelle que soit <strong>la</strong> forme de cette pensée. Et je vous dis :faites bien attention et quelque chose vous est possible. Vous allez découvrir ce qui vous faitconstater que vous n’avez pas atteint l’infini, que vous n’avez pas atteint l’illimité, que vousn’avez pas atteint le <strong>Soi</strong> – c’est certain. Mais comment allez-vous vous situer par rapport àcette découverte, par rapport à ces prises de conscience limitées, <strong>du</strong>alistes, qui vont vous décevoir? Je voudrais <strong>la</strong> réalisation de l’infini et je prends d’abord contact avec ma finitude (sij’ose employer ce mot). Je voudrais <strong>la</strong> réalisation de l’illimité et je prends d’abord contactavec mes limites. Surtout, je voudrais une réalisation dans <strong>la</strong>quelle l’ego, le « moi » indivi<strong>du</strong>alisé– qui est bien <strong>la</strong> cause de toutes les souffrances – serait transcendé. Mais vous voyezbien que ce désir de transcendance lui-même ne peut être qu’une pensée <strong>du</strong> « moi ». Et c’est là où lemental fabrique lui-même son impasse.p170
Vous pensez à <strong>la</strong> libération ; vous pensez que vous n’êtes pas libéré. Vous pensez quevous n’êtes pas en contact avec l’infini. Et vous vous crispez vous-même, et vous vous maintenezvous-même dans une <strong>du</strong>alité de votre fabrication entre libération et non-libération,infini et fini, limité et Illimité. Ne pensez pas. Ne pensez même pas à <strong>la</strong> libération ! C’est unsilence, le contraire d’une demande, le contraire d’une affirmation. La vraie méditation estl’absence de tout désir d’être libéré. Tant qu’il y a le moindre désir <strong>du</strong> <strong>Soi</strong>, le moindre désird’être libéré, ce<strong>la</strong> reste une affirmation personnelle, une affirmation située dans le temps :« je ne suis pas, juste maintenant, libéré mais peut-être que dans un moment je vais l’être ».Et c’est per<strong>du</strong> ! Par là même, vous vous réinsérez dans <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée, par là même vous vous réinsérezdans <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité, par là même vous vous réinsérez dans <strong>la</strong> limitation.Votre seule tentative doit être celle <strong>du</strong> silence le plus absolu qui puisse être, de <strong>la</strong> nondemande<strong>la</strong> plus absolue qui puisse être, <strong>du</strong> non-désir le plus absolu qui puisse être. Pasquestion de désirer Dieu, pas question de désirer <strong>la</strong> sagesse, pas question de désirer l’atman,pas question de désirer <strong>la</strong> libération. Silence absolu... Et ce silence ne peut venir que de l’acceptation.Si vous pouviez être « un » à cent pour cent avec le fait de n’être pas libéré, vousseriez libéré à l’instant même. Je ne dis pas ce<strong>la</strong> pour employer une jolie formule védantiquemais parce que ce fut ma tardive découverte. Seulement, il faut être mûr pour cette découverte.Sinon pourquoi aurions-nous parlé des vasanas, des samskaras, de l’érosion des désirs,<strong>du</strong> conscient et de l’inconscient ? Il faut être mûr pour cette découverte et les autres aspects<strong>du</strong> chemin vous préparent peu à peu à cette attitude immensément simple : ne plus vouloir,ne plus demander, ne plus désirer.Pendant longtemps, votre vie sera fondée sur ces trois paroles célèbres <strong>du</strong> Christ :« Cherchez, et vous trouverez ; frappez, et l’on vous ouvrira ; demandez, et l’on vous donnera.»Ne tenez pas compte des exceptions qui confirment <strong>la</strong> règle, des éveils spontanés quiapparaissent tout d’un coup chez un être particulièrement mûr : il y en a quelques-uns parsiècle pour l’ensemble de l’humanité mais ce n’est pas là-dessus que vous pouvez vous appuyer.En ce qui vous concerne vous, « cherchez et vous trouverez, demandez et l’on vousdonnera, frappez et l’on vous ouvrira ». Demandez à <strong>la</strong> profondeur de vous-même ; frappez à<strong>la</strong> porte de votre propre subconscient. Et les mystères de votre être se révéleront à vous. Il estcertain que celui qui ne fait aucun effort d’aucune sorte dans le sens de l’éveil ne s’éveillerapas.Un jour, vous serez mûr, vous serez au seuil. Et ce qui devient vrai, c’est : Ne demandezpas, et à l’instant même tout vous sera donné ; ne cherchez pas, et enfin vous trouverez ; nefrappez plus, et vous verrez que <strong>la</strong> porte n’a jamais été fermée. J’ai enten<strong>du</strong> une fois, à proposde ce genre d’approche – parce qu’on réussit à penser beaucoup à propos de <strong>la</strong> non-pensée !– j’ai enten<strong>du</strong> une fois une question et une réponse. La question était : « Mais pourquoi estceque les maîtres parlent, puisqu’en fait toute parole reste dans le p<strong>la</strong>n de <strong>la</strong> pensée ? Pourquoine pas uniquement demeurer silencieux ? » – Et le swâmi avait répon<strong>du</strong> : « Les maîtres(comme s’il n’y avait d’ailleurs qu’un seul type de maîtres) ne font rien d’autre qu’affirmer <strong>la</strong>libération et l’atman. À force de l’affirmer, de temps en temps, quelqu’un finit par croire quece doit être vrai. Et à partir de là, le rôle <strong>du</strong> maître est terminé. » Le disciple peut tout découvrirpar lui-même s’il est convaincu qu’il est l’atman mais qu’il se confond avec ses formesde conscience ordinaire.À force d’entendre affirmer cette unique vérité, cette vérité suprême, on finit par se <strong>la</strong>isserimprégner, on finit par être touché. Elle trouve un écho en nous parce qu’elle est vraie.171
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SommaireIntroduction ..............
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UNLa réponse absolueI l y a des mo
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je me souviens d’avoir un jour em
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« grandes paroles » (mahavakya) m
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C’est la vraie question qui doit
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que les témoignages des mystiques
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QUATRERéaction, action, spontanéi
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CINQDe l’enfant au sageJ e voudra
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