plus profondément sur ce que vous êtes dans cette vie-ci. Quand vous dites « je » aujourd’hui,ce « je » n’exprime que l’identification de <strong>la</strong> conscience à des formes et à des limitations.Quand vous dites « je » (ne parlons pas d’un moment où vous seriez en samadhi etoù, <strong>du</strong> coup, vous ne diriez plus rien <strong>du</strong> tout), « je » inclut toutes ces identifications à <strong>la</strong> fois :moi, homme ou femme, jeune ou âgé, et vous savez que vous avez vingt ans, trente ans, cinquanteans, vous savez que vous êtes ma<strong>la</strong>de ou que vous êtes en bonne santé, vous savez quevous avez réussi bril<strong>la</strong>mment vos études ou que vous les avez péniblement poursuivies jusqu’à<strong>la</strong> troisième, vous savez que votre situation sociale est prestigieuse ou insignifiante, vous savezque vos moyens financiers sont importants ou ré<strong>du</strong>its. Quand vous dites « je », vous inclueztous ces éléments : vous incluez le corps physique, vous incluez le corps subtil, vousincluez le passé de cette existence. Ce « je » porte un certain nom que nous gardons notre vieentière, au moins pour l’état civil, même si nous prenons un pseudonyme, et ce nom estdonné à une entité particulière qui se manifeste d’abord par le corps physique. Après tout,quand un bébé naît, <strong>la</strong> première chose qu’on voit apparaître au monde, c’est une tête, c’est-àdireun morceau <strong>du</strong> corps physique. Si c’est le sens que vous donnez au mot « je », il est biencertain que c’est une absurdité de dire : « Moi, j’ai été chef peau-rouge, esc<strong>la</strong>ve noir chez lesArabes, officier dans l’armée allemande. » Certainement pas. Du simple fait que le corpsphysique ne pouvait pas être le même, le « je » ne pouvait pas être identiquement le même.Tout raisonnement est faux qui part de ce point de vue. Il est bien évident que le « grandpublic » part de ce point de vue, sans réfléchir à ce qu’il y a d’immédiatement impossible à ceque vous, Martine A<strong>la</strong>ri, ou vous, Michel Bernand, vous ayez été quoi que ce soit d’autreque Martine A<strong>la</strong>ri ou Michel Bernand. C’est impossible. Alors, qu’est-ce que je ? Ce<strong>la</strong> vousoblige tout de suite à vous poser <strong>la</strong> question plus profondément. Comment osez-vous poserdes questions sur <strong>la</strong> réincarnation alors que pour commencer vous ne connaissez strictementrien à cette incarnation ?Maintenant, prenons <strong>la</strong> question par l’autre bout. Pressentez, au moins intellectuellement,qu’il puisse exister un centre, un fondement de <strong>la</strong> Conscience qui échappe à touteforme et à toute mesure, que vous l’appeliez le vide, shunyam, le plein, purnam, nature-de-Bouddha, bouddhéité ou atman, une Conscience telle que <strong>la</strong> <strong>la</strong>issent entendre les Upanishads,entièrement dépouillée de tout ce qui peut <strong>la</strong> qualifier, de tout ce qu’on a appelé, suivantle <strong>la</strong>ngage qu’on utilise en français, prédicat, attribut, définition, conditionnement adventice.Cette Conscience, l’atman, n’a pas d’histoire, elle ne change pas, elle ne vieillit pas.À l’intérieur de cette Conscience peut apparaître une division mais cette Conscience ellemêmen’est pas divisible sinon elle ne serait plus infinie. C’est ce que vous pouvez tenter deconcevoir de plus pur. Essayez d’éprouver « je suis », « j’existe » (aham asmi), d’abord de <strong>la</strong>façon <strong>la</strong> plus simple : seulement « je suis », avant de rajouter « je suis un homme » ou « jesuis une femme », avant de rajouter « je suis jeune » ou « je suis vieux », avant de rajouter « jesuis gai » ou « je suis triste ». Vous pouvez tenter de concevoir ce que serait ce « Je Suis », passeulement avec <strong>la</strong> tête mais avec le cœur, dans <strong>la</strong> conscience de soi, dépouillée, complètementdépouillée de tout ce qui <strong>la</strong> limite. Et ce qui <strong>la</strong> limite, ce sont des restrictions qui sontsurajoutées, des revêtements. Enlevez, enlevez, enlevez. Peut-être, au moins intellectuellement,pourrez-vous entrevoir ce que peut être le <strong>Soi</strong> ultime, l’atman.p46
« Je suis. » Et déjà vous sentez : « je suis en forme aujourd’hui » ou « je ne suis pas enforme ». À l’intérieur de ce « je suis en forme » ou « je ne suis pas en forme », il y a seulement« Je suis ». « Je suis. » Rien d’autre. C’est l’atman. Mais alors, si cet atman n’a aucunehistoire, aucune forme, aucune limite, comment cet atman peut-il avoir des existences successivespuisque, justement, ce qui le caractérise, c’est d’être absolument libre de tout ce quifait une existence ? Vous pouvez bien, sur un écran de cinéma, projeter des films successifs,projeter successivement un film représentant <strong>la</strong> Révolution française, un film représentant <strong>la</strong>guerre de 1<strong>91</strong>4, un film représentant <strong>la</strong> guerre de 1940, mais l’écran, lui, reste si identiquementle même qu’on ne peut pas dire qu’il soit en quoi que ce soit affecté par ces films différents.Alors en quoi l’atman, lui, pourrait-il se réincarner, puisqu’en fait, on ne peut mêmepas dire qu’il s’incarne ? Il est tellement pur, tellement immuable, tellement identique à luimême,tellement sans aucune histoire, sans passé, sans futur, sans modification, sans changement,éternel, que ce n’est pas l’atman non plus qui peut vraiment se réincarner, puisquel’atman sait : « Je ne suis pas Martine A<strong>la</strong>ri », « je ne suis pas Michel Bernand ». Commentce même atman qui, dans cette vie, n’est pas Michel Bernand, aurait-il pu être, dans une vieprécédente, le maréchal Ney, un soufi persan ou un simple jardinier de Versailles ? Sûrementpas.Alors ? Qu’est-ce que cette continuité ? Quel lien mystérieux, incompréhensible y a-t-ilentre cet atman, ce brahman, cet ultime, cette Conscience éternelle, infinie – et ce mondephénoménal ? Cette question, elle se posait aux hindous et aux bouddhistes il y a 2 500 ans,elle se posait il y a 1 000 ans, et elle se pose aujourd’hui. À l’intérieur de chacune des incarnations,cette même question se pose, et <strong>la</strong> réponse qui a été découverte il y a 4 000 ans esttoujours va<strong>la</strong>ble aujourd’hui. Certains pourront dire que Bergson est démodé, certains doiventdéjà dire que Sartre est dépassé, mais personne qui s’intéresse tant soit peu à <strong>la</strong> métaphysique,au yoga, à <strong>la</strong> connaissance de soi ne peut dire que les Upanishads sont dépassées,pas plus que Socrate n’est dépassé ou que ne l’est Lao Tseu.N’oubliez pas que le chemin proposé par Swâmiji s’appelle en Inde adhyatma yoga, yogavers l’atman, yoga vers le <strong>Soi</strong>. Le mot atman est le mot fondamental de tout l’enseignementde Swâmiji. Entre parenthèses et, pour ceux d’entre vous qui voudraient é<strong>la</strong>rgir leur horizonen lisant divers ouvrages, je vous en prie, ne perdez pas <strong>la</strong> foi en constatant à votre tour que,pour parler comme les manuels d’histoire des religions, le vedanta affirme l’atman et leBouddha nie l’atman. Le mot atman signifiant « soi », étant le pronom personnel, peut êtrepris dans des sens aussi différents que le mot « moi » en français. Si vous prenez le mot soiau sens d’ego, ce n’est pas seulement le Bouddha qui le nie, c’est aussi le vedanta. Si vousprenez le mot <strong>Soi</strong>, avec un S majuscule, au sens ultime, un <strong>Soi</strong> qui n’est plus <strong>du</strong> tout MartineA<strong>la</strong>ri ou Michel Bernand, qui est le non-né, non-fait, non-devenu, non-composé, leBouddha ne l’a jamais nié. Ce qu’il a nié, c’est une certaine utilisation <strong>du</strong> mot atman, piègetoujours ten<strong>du</strong> à l’homme de confondre le <strong>Soi</strong> impersonnel avec le soi indivi<strong>du</strong>alisé, auquelcas tout l’édifice de <strong>la</strong> métaphysique s’écroule. Si je peux dire à <strong>la</strong> fois : « Moi, Arnaud Desjardins,je suis brahman », c’est fini. « Aham brahmasmi, Shivoham, Shivoham, je suis Shiva. »Non, non, non, Arnaud Desjardins n’est certainement pas Shiva. Ce qui est Shiva, c’est l’essenced’Arnaud Desjardins ou de Jean-Philippe Dalbion ou de Gisèle Farget et de chacunde vous. Au lieu d’enrichir votre ignorance en affirmant : « Non seulement je suis MichelBernand mais j’ai été officier autrichien à <strong>la</strong> bataille d’Austerlitz, j’ai été SS dans l’armée allemande,j’ai été poète romantique français », puissiez-vous, au contraire, découvrir non pas47
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J’accepte la transformation, j’
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Pour en savoir plusL e centre anim