Si vous avez été jusqu’au bout de votre réunification et de votre possibilité d’agir, que vosréactions sont devenues des actions conscientes, délibérées, vous mesurerez <strong>la</strong> limite de vospossibilités, vous verrez à quel point le fardeau de l’existence demeure lourd, combien leschaînes de causes et d’effets générales à l’intérieur desquelles vous êtes insérés sont puissanteset grandira enfin en vous le véritable désir d’être libres, au sens ultime <strong>du</strong> mot libre. Lacapacité d’agir vous fera voir en toute c<strong>la</strong>rté, en toute certitude, <strong>la</strong> réalité de votre nonliberté.Jusque-là, vous aurez une illusion de liberté et le mot libération, qui est le mot clé del’hindouisme, ne prendra pas tout son sens pour vous. Or, le facteur décisif sur le cheminvers cette libération, c’est <strong>la</strong> nécessité impérative d’être libre. Tous ceux qui s’engagent sur unchemin de yoga, de bouddhisme ou de vedanta seront d’accord avec le but manifestementproposé par l’hindouisme qui est <strong>la</strong> libération, moksha ou mukti, d’accord sincèrement, d’accordde bonne foi mais, en vérité, pas <strong>du</strong> tout d’accord d’une manière profonde et essentielle.Tout être humain engagé sur le chemin dira que son but est <strong>la</strong> libération mais ce n’est pasvrai. Pendant des années, le but n’est pas <strong>la</strong> libération. Le but est <strong>la</strong> satisfaction des demandeset des désirs, le maintien de l’ego dans une condition plus heureuse et peut-être plus glorieuse,fût-ce sur un p<strong>la</strong>n subtil. Et <strong>la</strong> libération ne peut venir que comme fruit d’une intenseet totale demande. C’est ce<strong>la</strong> qu’on oublie. Les efforts sont importants, <strong>la</strong> direction d’un gourouest importante aussi mais, le plus important est <strong>la</strong> nécessité de libération. S’il n’y a pasplus d’êtres « libérés », c’est parce qu’il n’y a plus d’êtres en qui ce besoin de libération estimmense, intense, plus fort que tout. Et ce qui fera naître et grandir ce désir de libération,c’est d’atteindre cette première capacité d’agir parce que, vraiment, à ce moment-là, vousmesurerez l’impasse : <strong>du</strong> point de vue de l’ego, c’est sans issue. Je ne peux pas aller plus loindans ma compréhension, je ne peux pas aller plus loin dans ma réunification, je ne peux pasaller plus loin dans ma maîtrise de moi, je ne peux pas aller plus loin dans l’érosion <strong>du</strong> mental,des vasanas et des samskaras, je ne peux pas aller plus loin dans ma possibilité de vivredans le monde et non plus dans mon monde. Dans l’ultime limite <strong>du</strong> moi ou de l’ego, réside<strong>la</strong> possibilité de le transcender. Vous êtes au pied d’un mur infranchissable. À ce moment-làseulement vous pouvez lâcher et atteindre le stade ultime, celui dans lequel l’ego a disparu,où les actions ne sont plus que des réponses objectives à <strong>la</strong> situation d’instant en instant, lestade de <strong>la</strong> spontanéité.Je vais maintenant entrer plus avant dans les détails concrets. C’est un thème importantmais difficile à traiter, et peut-être certains d’entre vous ne se sentiront-ils pas immédiatementconcernés. Je me souviens qu’à telle ou telle époque, il m’arrivait de sentir que quelquechose m’échappait dans ce que j’entendais mais ce<strong>la</strong> me touchait quand même parce que jepressentais qu’il y avait certainement là une vérité et j’étais content de savoir que cette véritéexistait et qu’un jour, bientôt, plus tard, j’arriverais à en faire ma propre expérience. Et puiscertaines vérités sont difficiles à transmettre parce que ou bien on les rend incompréhensiblesou, si on essaie de les rendre accessibles, elles paraissent au contraire trop simples etvous passez à côté de leur importance.Réfléchissez à cette expression qu’on rencontre dans les livres consacrés au bouddhisme,à l’hindouisme ou au taoïsme, celle de « non-action » ou de « non-agir ». Le sage n’agit pas.Que signifie ce terme de « non-action » appliqué à des personnes qui manifestement agis-p98
sent, que nous voyons répondre à des questions et diriger des monastères ? La « non-action »est une action qui ne déclenche pas <strong>la</strong> « réaction de force égale et opposée ».Ce qui est appelé « non-action » ou « non-agir » est bien une action mais c’est une actionparticulière, entreprise d’une façon absolument désintéressée, sans attachement au résultat etqui ne devient donc possible que si le mental et l’ego ont disparu. « Sans attachement au résultat» ; je ne dis pas sans avoir en vue un certain résultat, sinon pourquoi agir ? Il y a bienun sens à ces actions, ce ne sont pas les actes d’un débile ou d’un fou – encore que le fou aitune logique à lui, à l’intérieur de son délire. Ce sont, nous sommes d’accord, des actes quiauront probablement pour effet certains résultats, en tout cas qui sont orientés vers certainsrésultats. Quand le sage répond à des questions, le résultat atten<strong>du</strong> est bien une certaine aidedonnée au visiteur ; quand le sage anime <strong>la</strong> construction d’un monastère, le résultat atten<strong>du</strong>est bien l’existence des bâtiments et <strong>la</strong> présence de moines dans le monastère. Mais il n’y aaucune émotion d’aucune sorte et aucun but personnel à <strong>la</strong> base de ces actions, elles n’insèrentpas celui qui les accomplit dans des chaînes d’actions et de réactions alors que les actesordinaires déterminent toujours des réactions auxquelles vous vous identifiez.Il nous est difficile, dans notre <strong>la</strong>ngage à nous, de ne pas appeler « action » ces actions <strong>du</strong>sage, même si les Orientaux emploient le mot de « non-action ». Le vocabu<strong>la</strong>ire est pauvre àcet égard. Nous pouvons dire : actes désintéressés, actes spontanés, actes libres <strong>du</strong> fruit del’action, actes sans motivation personnelle, actes sans participation d’un ego. Au contraire,dans les circonstances ordinaires, les actions sont toujours accomplies avec une motivationpersonnelle. L’ego est impliqué, l’ego encore soumis à <strong>la</strong> contradiction essentielle entre cequi lui paraît favorable et ce qui lui paraît défavorable, rassurant et inquiétant, ce qu’il aimeet ce qu’il n’aime pas. Chaque action de ce genre vous insère dans des chaînes d’actions et deréactions – toujours.Maintenant, un autre point si vous voulez comprendre ce genre d’enseignement. C’estque le mot « action » implique dans le <strong>la</strong>ngage hindou, non seulement, par exemple, le faitde prendre une pioche et de piocher dans <strong>la</strong> terre, mais également les pensées. Toute manifestationest considérée comme une action. Les pensées sont des actions mentales, les gestes<strong>du</strong> corps sont des actions physiques. Chaque expression est une action, même si elle advientà l’intérieur de nous. Et voyez bien que les pensées sont toujours marquées par <strong>la</strong> <strong>du</strong>alité ; ouce sont des pensées heureuses ou ce sont des pensées malheureuses ; ou ce sont des idéesroses ou ce sont des idées noires. Peut-être pas très roses ou pas très noires – mais, si vousêtes réellement vigi<strong>la</strong>nts, si vous apprenez à sentir ce qui est à l’arrière-p<strong>la</strong>n d’une pensée,vous pouvez toujours vous demander : heureux, malheureux ? positif, négatif ? favorable,défavorable ? Pensez à n’importe quoi, et demandez-vous : j’aime ou je n’aime pas ? Si vousêtes attentifs, vous saurez entendre <strong>la</strong> réponse.Chaque pensée ordinaire, donc chaque action ordinaire, est marquée par cette <strong>du</strong>alité et,sauf chez celui qu’on appelle le sage, elle est accomplie dans cette perspective qui tend vers lefavorable et veut éviter le défavorable. Vous pouvez choisir n’importe quel exemple d’action,action grande, action petite, action mûrement délibérée ou action machinale ; tout acte ordinaireest un élément de ce qu’on appelle « karma » – même si c’est une pensée, un souhait,un rêve, un désir. Nous avons déjà créé une chaîne d’actions et de réactions.p99
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En 1964, je me plaignais une fois d
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Pour en savoir plusL e centre anim