pensez : « Ah, ça y est, je dois lutter... il y a des associations d’idées qui me viennent et voilà,elles passent » ; encore heureux si vous ne vous <strong>la</strong>issez pas happer. Même dans vos tentativesde méditation, de silence intérieur, de réalisation de l’infini ou de l’absolu, <strong>la</strong> pensée continueà fonctionner pour donner son commentaire, pour apprécier, pour vouloir.Vous pouvez cerner et centrer l’effort qui vous est demandé. Est-ce que quelque chosem’est possible, oui ou non ? Comment échapper complètement à ce type de pensée ? Vousverrez ensuite comment vous pouvez revenir à l’usage de <strong>la</strong> « buddhi » pour parler avec lesuns et les autres. Les sages les plus unanimement reconnus comme sages, nous le voyonsbien, se comportent normalement dans le monde et ne sont pas en « nirvikalpa samadhi » <strong>du</strong>matin au soir.Pourquoi est-ce que cette pensée pense ? Puis-je lui échapper ? Et nous en arriverionspresque à dire : « Je ne pense plus, donc Je suis. » Le contraire de <strong>la</strong> formule de Descartes.Cette pensée est comme un commentaire. Je ne sais pas si vous vous souvenez de ces filmsdocumentaires démodés – on en voit moins aujourd’hui – dans lesquels il fal<strong>la</strong>it que le commentateurparle le plus possible, simplement parce que l’auteur <strong>du</strong> texte et le comédien quile lisait étaient payés au nombre de lignes. Vous aviez des magnifiques vues des p<strong>la</strong>ges de <strong>la</strong>Manche ou de Bretagne à marée basse ; il aurait suffi <strong>du</strong> silence ou d’un bruit de ressac enarrière-p<strong>la</strong>n ou, peut-être, un bruit de vent dans les arbres. Et le commentateur pontifie :« Tandis que <strong>la</strong> mer s’est retirée... » – je le vois bien !... « découvrant d’immenses éten<strong>du</strong>es desable encore humide » – je me doute bien que ce n’est pas <strong>du</strong> sable sec comme celui <strong>du</strong> Sahara! Il n’arrête pas de parler. « Et voici maintenant que l’océan déchaîné se jette à l’assautdes rochers... » – j’ai bien vu qu’au lieu d’une p<strong>la</strong>ge de sable, on me montre maintenant lesrochers de l’extrémité <strong>du</strong> Finistère ! Le commentateur n’ar-rê-tait pas de parler ! Voilà bienl’exemple de cette pensée dont les maîtres védantiques nous disent qu’il faut absolumentnous affranchir.Et si j’essaie de ne plus penser ? Juste d’être, mais d’une Conscience absolument pure,pure, qui ne contienne rien d’étranger, absolument libre. Inévitablement <strong>la</strong> pensée vient faireson commentaire et m’accompagne : « Et voici qu’un grand silence s’établit à l’intérieur demoi... » Je me passerais bien de ce commentaire-là. « Et voici qu’un calme nouveau apparaîtdans mon cœur... » Je me passerais bien de cette pensée-là. « Et voici que je suis un peu fatigué,ce<strong>la</strong> gêne ma méditation. » Encore un autre type de pensée !Considérez <strong>la</strong> pensée comme une certaine manière de prendre conscience des phénomènes.La libération, l’état de Conscience suprême, en fait, n’est pas incompatible avec les phénomènes.Vous pourriez être parfaitement, totalement libres même s’il y a encore des sensationsde ma<strong>la</strong>ise, même s’il y a encore une pensée qui passe, même s’il y a encore tout ce quivous fait dire que vous n’êtes pas libérés. C’est encore une pensée de constater : « Ah, ça yest, ce n’est pas pour aujourd’hui ; ça y est, je ne me sens pas bien – donc, c’est contraire à <strong>la</strong>libération ! Ces pensées-là ne devraient pas venir si j’étais dans l’état suprême. » C’est ce<strong>la</strong>qui vous empêche d’être libérés : de penser que ces pensées ne devraient pas venir, de penserque ces sensations ne devraient pas venir, de penser que ces émotions ne devraient pas venir,de penser quoi que ce soit au sujet de <strong>la</strong> libération. Si vous pouviez vous abstenir <strong>du</strong> moindrecommentaire, si vous pouviez ne plus faire de différence entre libération et non-libération,p168
vous seriez à l’instant même libérés. Et si cette différence ne revenait jamais plus, eh biencette libération ne serait plus jamais voilée ou recouverte.Considérez <strong>la</strong> libération comme un état – ou plutôt une absence d’état, ou un état audelàde tous les états – qui est ou n’est pas recouvert. C’est tout. Comme le ciel bleu. Aujourd’huinous ne voyons pas le ciel bleu, les ombres ne sont pas marquées, le soleil est entièrementcaché par les nuages, pourtant nous savons bien que, derrière les nuages, le ciel bleuest là. Les nuages s’écartent un instant, nous voyons le ciel ; les nuages reviennent, nous ne levoyons plus. Mais le ciel bleu est toujours là. Ce qu’on appelle communément un « état deconscience supérieur » ou même un des différents états de « samadhi » reconnus et c<strong>la</strong>sséspar l’Inde, c’est un moment où les nuages se sont un peu dissipés et où nous avons découvertun peu de ciel bleu – et puis les nuages reviennent et le ciel bleu disparaît.Ou bien les nuages reviennent mais le ciel bleu ne disparaît plus parce que nous sommessitués à dix mille mètres d’altitude, c’est-à-dire que les nuages sont en dessous de nous, etnon plus entre nous et le ciel bleu. Voilà <strong>la</strong> libération : être situé <strong>du</strong> côté <strong>du</strong> ciel et regarderpasser les nuages qui ne vous voilent plus ni le ciel, ni <strong>la</strong> lumière <strong>du</strong> soleil. Et ces nuages, cesont uniquement des pensées. Les souffrances sont des pensées, c’est-à-dire des formes devotre conscience. Revenez toujours à ceci. Ces nuages, ce sont uniquement des pensées.Vous n’êtes prisonniers de rien d’autre que de vos pensées. Vous n’avez à vous libérer derien d’autre que de vos pensées. Voilà <strong>la</strong> vérité. Et vous n’avez pas d’autre problème que celuide vos pensées. Vous n’avez aucun problème, ni avec votre santé, ni avec votre métier, niavec votre patron, ni avec vos enfants, ni avec votre femme, ni avec votre voisin, ni avec votrepropriétaire, ni avec le maire de votre commune. Vous n’avez qu’un seul problème : un problèmeentre vous et vos pensées. Voilà le vrai <strong>la</strong>ngage qui peut être tenu à des candidats àl’éveil ou à <strong>la</strong> sagesse, et voilà le seul <strong>la</strong>ngage que tiennent certains gourous. Mais ce n’est pasle seul que tenait Swâmiji et ce n’est pas le seul que nous tenons au Bost.Le point de départ peut être bien simple : « Comment se fait-il que je sois affecté quandon me critique ? » Qui est affecté ? Cette identification à l’ego. Et, si vous allez plus loin,plus profond, vous voyez toujours l’identification à l’ego. Finalement, qu’est-ce qui est libéréet qu’est-ce qui n’est pas libéré ? Cette identification à l’ego et ces pensées qui sont toutesfondées sur une pensée, <strong>la</strong> pensée : « je suis “moi” ou “je suis Arnaud Des-jardin” », <strong>la</strong> penséefondamentale. Mais bien sûr, ce que j’affirme, appliquez-le à vous-mêmes.Voyez, regardez en vous-mêmes. Un passage bien connu de <strong>la</strong> Katha Upanishad dit :« L’homme ayant été créé avec des portes ouvertes sur l’extérieur – c’est-à-dire nos cinq sens–, se tourne vers l’extérieur. Et le sage cherchant <strong>la</strong> Vie éternelle se tourne vers l’intérieur etréalise l’atman. » Vous avez l’impression que vous avez à résoudre des problèmes extérieurs.Vous sentez votre femme comme extérieure à vous et vous avez un problème conjugal ousexuel à résoudre. Vous sentez l’entreprise où vous travaillez comme extérieure à vous et vousavez un ou plusieurs problèmes à résoudre concernant votre activité professionnelle. Mais cequi est vraiment important à résoudre, c’est à l’intérieur de vous ; c’est une affaire entre vouset vous et non pas entre vous et votre employeur ou vous et votre femme.Ce sont les deux approches différentes. L’approche ordinaire ne tient compte que del’extérieur ; « j’ai un problème à résoudre avec mon fils, avec mon voisin, avec ma santé ».Non ! Du point de vue de <strong>la</strong> sagesse suprême ce n’est pas ainsi qu’il faut s’exprimer. J’ai unproblème à résoudre avec ma propre conscience, ma façon de prendre conscience et ma façonde me situer par rapport aux pensées qui apparaissent et qui disparaissent, ma pensée de169
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SommaireIntroduction ..............
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cette question. La totalité de vou
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