Le genre, « ennemiprincipal » de l’égalitéL’ÉTUDE DU GENRE ?PAS SEULEMENT EN GRAMMAIRE !Qu’appelle-t-on les études sur le genre (ou gender studies) ?Elles ne constituent ni une idéologie, ni une cause, mais undomaine de recherche pluridisciplinaire autour de l’idée que, sile sexe est biologique, le genre est une construction culturelle. Engros, le chromosome Y n’est pas incompatible avec les tâchesménagères, et le destin des femmes n’est pas exclusivementd’être mères, par exemple ! Elles définissent le genre comme unsystème hiérarchique de normes de sexe qui, prenant appui sur lacroyance en « LA différence des sexes », légitime les inégalités enles naturalisant. Ce système organise la société, impacte lesconduites des filles et des garçons, des femmes et des hommes,en les incitant à voir -et même à produire- des différencesprétendument « naturelles » qui fondent, légitiment, etfinalement masquent les inégalités de sexe. Les études sur legenre décrivent et déconstruisent ce rapport de pouvoir, cetteasymétrie, entre les hommes et les femmes, entre le masculin etle féminin.Nous empruntons le titre de cechapitre à Cendrine Marro. Ilexiste cependant plusieursdéfinitions du genre : certainesfont ainsi une distinction entrele sexe qui serait biologique etle genre qui en serait latraduction sociale. Cette définitionprésente bien souventl’inconvénient de minorer laquestion des inégalités entreles sexes. C’est pour cela quenous ne l’utilisons pas. Ellepeut toutefois apparaître danscertains textes que nous citonsen annexe.Ainsi, les stéréotypes ancrés dans la société patriarcale nous déterminent selon des normes dont noussommes plus ou moins conscient-es. Ce cadre peut se révéler très étroit, générant sexisme et homophobie,et assignant les individus à des rôles dans lesquels ils et elles ne se reconnaissent pas forcément.Quelques repères 2Le point commun de ces études est de prendre pour objet les rapports sociaux entre les sexes. Une richetradition de recherche s’est développée depuis les années 1970 dans le sillage et à proximité du mouvementféministe.Décliner strictement le mot genre au singulier permet d’insister sur cette perspective relationnelle : LEgenre désigne le système qui produit une bipartition hiérarchisée entre les hommes et les femmes (et entreles valeurs et représentations qui leur sont associées), et LES sexes renvoient aux groupes et catégoriesproduites par ce système.Les études sur le genre placent au cœur de leur approche une posture constructiviste c’est-à-dire quianalyse les différences hommes/femmes (inégalités, hiérarchies, domination masculine…) comme desconstructions sociales et culturelles, et non comme découlant des différences de nature, dans le sillage du2 D’après :http://www.laviedesidees.fr/Genre-etat-des-lieux.html – Laure Béréni ;http://www.scienceshumaines.com/les-gender-studies-pour-les-nuls_fr_27748.html – Sandrine Teixido.16
Le genre, « ennemi principal » de l’égalitémot célèbre de Simone de Beauvoir selon lequel « on ne naît pas femme, on le devient » (il faudrait ajouter« ni homme »). Ces études se sont historiquement heurtées, et se heurtent toujours, à de puissants discoursessentialistes qui rapportent les différences perçues et la hiérarchie entre les hommes et les femmes à unsubstrat biologique, à un invariant « naturel ».Les hommes et les femmes, le féminin et le masculin sont le produit d’un rapport social, et on ne peutétudier un groupe de sexe sans le rapporter à l’autre. Il existe entre eux un rapport de pouvoir, uneasymétrie, une hiérarchie.Le genre n’est pas seulement un rapport de domination des hommes sur les femmes : il est aussi un ordrenormatif qui sanctionne les transgressions (par exemple les hommes dits « efféminés », les femmes dites« masculines », les personnes transgenres, etc.).De plus, les rapports de sexes sont toujours imbriqués dans d’autres rapports de pouvoir (racisme,hétéro-sexisme, rapports de classes, etc.), ce qui rend l’analyse du genre très complexe.En anthropologie, c’est à Margaret Mead que revient une première réflexion sur les rôles sexuels dans lesannées 19<strong>30</strong>. Dès 1972, en s’appuyant sur l’articulation entre la nature et la culture développée parl’anthropologue français Claude Lévi-Strauss, la sociologue britannique Anne Oakley renvoie le sexe aubiologique et le genre au culturel.En France, les expressions « rapports de sexe » ou « rapports sociaux de sexe » ont longtemps étépréférées à la notion de genre. La sociologue Christine Delphy, féministe matérialiste, centre sa réflexion surl’oppression comme construction sociale. Elle s’oppose à une vision différentialiste et identitaire qui voit lesfemmes comme un groupe homogène.À partir de 1993, les débats sur la parité incitent les travaux sur le genre à prendre en compte le champpolitique.Le sociologue Pierre Bourdieu (La domination masculine, 1998) s’est attaché tout au long de son œuvre àdécrire les rapports de domination dans la société et la violence symbolique qui en découle. Selon lui, lesfemmes ont intégré plus ou moins consciemment des modes de pensée et des comportements (des« habitus », ou rôles de sexe) et participent ainsi à leur propre domination.Dans Masculin/féminin. La pensée de la différence (1996), Françoise Héritier constate le caractèreuniversel de la domination masculine. Dans un second volume (2002), elle en déduit les conditions d’unvéritable changement qui, selon elle, prend racine dans la maîtrise par les femmes de leur fécondité grâce àla contraception.Le terme « queer » désigne aujourd’hui une théorie qui remet en cause toute norme de sexe. Pourdéjouer les identités, les queers s’emploient à brouiller toutes les classifications : sexualité hétéro- ouhomosexuelle, gays, lesbiennes, transgenre, masculin-féminin… Pour Judith Butler, l’identité de « genre »peut être sans cesse réinventée par les acteurs eux-mêmes. Elle n’est plus une essence mais uneperformance, elle est floue, bizarre et inclassable…Les « gender studies » nous enseignent aussi que l’hétérosexualité, loin de découler du sexe biologiqueou de l’identité sexuée, n’est pas la forme « naturelle » de la sexualité, mais sa forme dominante, au sensoù le système social la produit, la légitime, et stigmatise et infériorise socialement celles et ceux qui s’enécartent. Selon la sociologue Laure Béréni, « dire que l’homosexualité n’est pas une anomalie ou unepathologie, rompre avec la hiérarchie naturalisée entre hétérosexualité et homosexualité, voilà qui a desconséquences politiques directes. C’est, notamment, fournir une caution scientifique à la remise en causedes discriminations persistantes infligées en France aux couples de même sexe dans l’accès au mariagejusqu’en <strong>2013</strong>, à la filiation et à la procréation médicalement assistée…17
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