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Réjane Sénac : « Déconstruire la complémentarité des sexes »celles qui se plaignent de « l’injuste inégalité qu’ymet l’homme », il répond que « cette inégalitén’est point une institution humaine, ou du moinselle n’est point l’ouvrage du préjugé, mais de laraison » car « il n’y a nulle parité entre les deuxsexes quant à la conséquence du sexe. Le mâlen’est mâle qu’en certains instants, la femelle estfemelle toute sa vie, ou du moins toute sajeunesse ».Revendiquer l’égalité de tous les individusquels que soient leur sexe et leur orientationsexuelle c’est déconstruire la complémentaritédes sexes et donc reconstruire de nouveauxfondements républicains.Comment s’en sortir ?Il s’agit d’examiner la manière dont lesindividus bricolent une cohérence entre leur vécudes différences entre les sexes – qu’ils les jugentlégitimes ou illégitimes (et les qualifient alorsd’« inégalités ») – et le principe d’égalitérépublicaine et démocratique. Ma recherche sur laperception des inégalités femmes-hommes faitémerger deux conceptions de « l’ordre sexué » ausens de ce qui fait autorité, norme et hiérarchiedans la définition de ce qu’est être une femme etce qu’est être un homme. La première combinaison,qualifiée d’« harmonie naturelle », reposesur le postulat selon lequel la société tendnaturellement vers la justice et le bonheurlorsqu’elle respecte l’ordre naturel conférant auxhommes et aux femmes des fonctions et desplaces différentes au sens de « complémentaires», de la procréation à la productionsociale et politique. Elle est fondée sur l’idée quela différence entre les sexes est incompatible avecl’égalité entendue comme « mêmeté ». Laseconde combinaison, qualifiée de « droit àl’égalité », pense les différences dans l’égalitéentendue comme un principe politique et noncomme le fait d’être similaire. Dans ce modèle,l’ordre social et politique est premier, et non pasun prétendu ordre naturel qui n’est que notremanière de lire, de construire ou de comprendrela nature. Il s’agit donc de déconstruire la complémentaritédes sexes pour transformer en profondeurla société.Et dans l’éducation ?Les textes sur l’éducation non sexiste et lalutte contre l’homophobie portent-ils une formede tolérance à la différence et son respect ou unedéconstruction des stéréotypes ? La lecture destextes tels que la convention interministériellepour l’égalité entre les filles et les garçons, lesfemmes et les hommes dans le système éducatifrécemment signée pour la période <strong>2013</strong>-2018incarne une cohabitation de ces deux logiques. Sesobjectifs sont ainsi définis comme le fait de« créer les conditions pour que l’École porte à tousles niveaux le message de l’Égalité entre les filleset les garçons et participe à modifier la divisionsexuée des rôles dans la société. » À l’instar despratiques pédagogiques des pays nordiques, donts’inspire en particulier la crèche Bourdarias deSaint-Ouen, la déconstruction des assignationssexuées, voire sexistes, repose sur l’organisationd’atelier d’expression des émotions, mais aussi dela force par le bricolage… autant pour les garçonsque pour les filles. L’école comme agent desocialisation et de citoyenneté se doit donc d’êtreexemplaire. Des réflexes apparemment anodins oubienveillants tels que :« il faut autant de garçonsque de filles dans une classe » soulignent ladistance qu’il reste encore à parcourir pour quel’enseignement ne soit plus fondé sur le postulatde la complémentarité des sexes.Pourquoi à votre avis ?Sans doute parce que l’école est une instancede socialisation centrale, mais qui s’inscrit dans unsystème comprenant un entremêlement d’acteurset de normes (familiale, politique, économique,médiatique…). Dans une logique d’investissementsocial, la gestion pacifiée des différences dans leregistre de la tolérance est plus simple etconsensuelle. Elle n’est alors pas transformatrice,mais juste correctrice, voire conservatrice. Sur cesujet, la confiance en l’avenir doit donc êtrelucide et aiguisée.24

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