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Questions de droit dans le domaine de la gestion de fortune<br />
Quelques récents arrêts du Tribunal fédéral<br />
■ Carlo Lombardini<br />
Le Tribunal fédéral a, dans les deux<br />
dernières années, rendu quelques<br />
arrêts importants dans le domaine de<br />
la gestion de fortune. Il semble opportun<br />
d’évoquer brièvement ces arrêts et les enseignements<br />
que l’on peut en tirer. Ceux-ci<br />
ont trait à la diligence dont doit faire preuve<br />
le gérant, les preuves d’un changement radical<br />
de stratégie de gestion, l’obligation du<br />
client de surveiller l’activité du gérant, l’obligation<br />
du gérant de renseigner le client sur<br />
les risques encourus dans la gestion envisagée<br />
et diverses questions relatives au calcul<br />
du préjudice subi par le client. 1)<br />
D’une position rigoureuse<br />
envers les gérants de fortune ...<br />
Dans un arrêt du 3 décembre 2004 (4C.18/<br />
2004), le Tribunal fédéral devait juger d’un<br />
cas souvent rencontré en pratique. Une personne<br />
physique détenait ses avoirs par l’inter-<br />
■ Carlo Lombardini est avocat au barreau de<br />
Genève depuis 1984 et associé de l’Etude Poncet,<br />
Turrettini, Amaudruz & Neyroud depuis 1990. Il<br />
exerce son activité dans le domaine du droit bancaire<br />
en représentant et en conseillant des banques,<br />
des négociants en valeurs mobilières et des gérants<br />
de fortune. Il est membre du Tribunal d’honneur de<br />
l’Association Suisse des Gérants de Fortune (ASG). Il<br />
est l’auteur de divers articles dans le domaine du<br />
droit bancaire ainsi que de trois livres.<br />
médiaire d’une fondation du Liechtenstein.<br />
Un mandat de gestion était octroyé à une société<br />
de gestion de fortune; jusqu’en 1999, le<br />
patrimoine de la fondation était principalement<br />
investi en obligations. A partir de mai<br />
1999, suite à des rencontres entre le bénéficiaire<br />
de la fondation et la société de gestion,<br />
des achats d’actions de plus en plus importants<br />
avaient lieu. Certains de ces achats (à<br />
concurrence de 500 000 francs suisses) étaient<br />
financés par un crédit. Les actions représentaient<br />
une part très importante du portefeuille<br />
dont la valeur s’effondrait entre 1999 et 2001<br />
passant de 1,3 millions de marks allemands<br />
(l’arrêt se réfère encore aux marks) à 227 652<br />
marks. La fondation agissait en dommages intérêts<br />
devant les tribunaux zurichois qui accueillaient<br />
son action. La banque recourait au<br />
Tribunal fédéral qui confirmait la condamnation<br />
de la société.<br />
Le Tribunal fédéral confirmait d’abord que<br />
la diligence du gérant de fortune doit être mesurée<br />
de façon objective. En d’autres termes,<br />
le gérant est responsable de façon générale<br />
des conséquences de son activité et non pas<br />
uniquement en cas de grave violation de son<br />
devoir de diligence (considérant 1.1). Le tribunal<br />
relevait ensuite que, dans les investissements<br />
effectués en actions, le principe de la<br />
répartition des risques n’avait pas été respecté;<br />
les titres achetés étaient surtout des actions<br />
de start-up actives dans le secteur de<br />
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