Lessico - Administration
Lessico - Administration
Lessico - Administration
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
d’objectivation – l’objectivation résultant ici<br />
de l’application des règles de la bonne foi –<br />
dans un contexte donné: l’objet du contrat.<br />
Ainsi, dans l’examen de la faute, le comportement<br />
attendu du professionnel ou du spécialiste<br />
sera jugé plus sévèrement que celui<br />
de l’amateur ou du généraliste.<br />
Une constatation s’impose: le comportement<br />
diligent du mandataire est aussi bien au<br />
cœur de l’objet du mandat que de la notion<br />
de faute.<br />
Exclusion de responsabilité:<br />
le système légal<br />
L’article 99 alinéa 1 CO pose le principe selon<br />
lequel celui qui a violé une obligation<br />
contractuelle répond de toute faute, peu importe<br />
le type – intention ou négligence – et le<br />
degré – légère ou grave – de la faute. Les<br />
exceptions à ce principe sont nombreuses.<br />
Elles résultent soit directement de la loi 30) , soit<br />
de dérogations conventionnelles. Ces dernières<br />
sont licites, en application du principe<br />
de la liberté contractuelle (article 19 alinéa 1<br />
CO), pour autant qu’elles respectent les normes<br />
légales impératives (article 19 alinéa 2<br />
CO). Parmi celles-ci figurent notamment les<br />
articles 100 et 101 alinéa 2 et 3 CO.<br />
A teneur de l’article 100 alinéa 1 CO est<br />
nulle toute exclusion de responsabilité pour<br />
dol ou faute grave du débiteur personnellement<br />
ou d’un organe s’il s’agit d’une personne<br />
morale. L’alinéa 2 de cette même disposition<br />
permet au juge de tenir pour nulle<br />
une clause qui exclurait la faute légère du débiteur<br />
ou de l’un de ses organes, pour autant<br />
que la responsabilité résulte de «l’exercice<br />
d’une industrie concédée par l’autorité». Le<br />
Tribunal fédéral considère que l’exploitation<br />
d’une banque, dès lors qu’elle est soumise à<br />
l’obtention d’une autorisation délivrée par la<br />
Commission fédérale des banques (autorisation<br />
de police) doit être assimilée à l’exercice<br />
d’une industrie concédée par l’autorité. 31) Ce<br />
raisonnement devrait s’appliquer à l’activité<br />
de négociant, dont l’exercice est soumis au<br />
même type d’autorisation et de surveillance<br />
que l’activité bancaire. 32) La jurisprudence n’a,<br />
à ce jour, pas eu l’occasion de le confirmer.<br />
En dérogation au principe posé à l’alinéa<br />
précédent, l’alinéa 2 de l’article 101 CO permet<br />
au débiteur de se libérer par avance de<br />
sa responsabilité dérivant du fait de ses auxiliaires,<br />
que ceux-ci aient commis une faute<br />
grave ou légère. Cependant, si la responsabilité<br />
découle de «l’exercice d’une industrie<br />
concédée par l’autorité», seule l’exclusion de<br />
responsabilité pour faute légère de l’auxiliaire<br />
est licite.<br />
Ainsi, le mandat de gestion de fortune<br />
exercé par une banque – ou un négociant<br />
ne pourra valablement exclure que la responsabilité<br />
pour faute légère d’un auxiliaire. En<br />
cas de faute légère d’un organe de la banque,<br />
une pareille exclusion pourrait être tenue<br />
pour nulle par le juge.<br />
Si le mandat est confié à un gérant indépendant,<br />
il pourra – pour autant qu’il ne soit<br />
pas négociant 33) – exclure sa responsabilité<br />
pour sa faute légère ou pour la faute légère<br />
de l’un de ses organes. Il pourra également<br />
exclure sa responsabilité pour toute faute de<br />
ses auxiliaires.<br />
30) Cf. not. art. 248 al. 1 CO; art. 538 al. 1 CO.<br />
31) ATF 112 II 450/JdT 1987 I 91.<br />
32) Dans le même sens CR-CO L. Thévenoz, N. 27 ad art. 100 CO, qui conditionne l’application de 100 al. 2<br />
CO à l’impossibilité pour les clients de négocier la teneur des clauses exclusives de responsabilité.<br />
Le droit et la gestion de fortune 167