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Les mares temporaires méditerranéennes Volume 1

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2. Biodiversité et enjeux de conservationSi quelques espèces peuvent se reproduire dans les eaux vives(Salamandres, Euproctes), la plupart recherchent des eaux calmes,généralement isolées du réseau hydrographique. <strong>Les</strong> <strong>mares</strong> <strong>temporaires</strong>constituent, en conséquence, des lieux de reproduction privilégiés,dans la mesure où elles sont généralement isolées et peuoccupées par les prédateurs (poissons, serpents aquatiques, oiseaux).Ces milieux sont également favorables sur le plan thermique etriches en phyto et zooplancton consommés par les larves. Contrairementaux eaux vives, les <strong>mares</strong> offrent par ailleurs une végétationaquatique abondante, propice au dépôt des pontes. Pour toutesces raisons, la plupart des espèces ne se reproduisent en régionméditerranéenne que dans les <strong>mares</strong>, et plus souvent encore, dansles seules <strong>mares</strong> <strong>temporaires</strong>. Ces milieux sont donc primordiauxpour la survie de ce groupe. <strong>Les</strong> cycles reproducteurs montrent àquel point cette adaptation est poussée, notamment le synchronismede la ponte avec les périodes de mise en eau qui sont trèsirrégulières en région méditerranéenne (Chapitre 3d).<strong>Les</strong> enjeux de conservation sont encore mal connus, notammentau sud et à l’est de la Méditerranée. <strong>Les</strong> synthèses thématiquesou nationales sont encore rares, si l’on excepte quelques travauxrécents 19, 121, 302, 355 . <strong>Les</strong> tentatives d’approches plus globales sontsouvent restreintes aux seuls pays européens 85, 91, 192, 225 et il n’existepas de plans d’actions méditerranéens pour les amphibiens commeil y en a pour la conservation des plantes 108 ou des zones humides 13 .Sur la base des documents disponibles, il est donc difficile d’identifierles enjeux sur un plan géographique, hormis pour une régionou un pays bien particulier.<strong>Les</strong> menaces qui pèsent sur les <strong>mares</strong> <strong>temporaires</strong> sont nombreuses(voir plus bas et Chapitre 4). Dans ce contexte, les amphibiensreprésentent d’excellents bio-indicateurs. En effet, ils sont sensiblesaux perturbations physiques du milieu (raréfaction des sitesde reproduction) comme aux perturbations de nature chimique(polluants, fertilisants, etc.) ou biologiques (piétinements par desanimaux, introduction d’espèces, etc.). De plus, ils apportent desindications sur le milieu terrestre environnant le site de reproduction.<strong>Les</strong> atteintes portées à l’une ou l’autre des composantes dusystème se traduisent assez rapidement par des pertes au niveaudes espèces ou des populations.Nos connaissances sur la biologie des espèces méditerranéennesrestent encore limitées. De nombreuses questions restent en suspend,par exemple, sur les facteurs déclenchant la reproduction ousur la vie terrestre des animaux (distance de dispersion, nature desabris utilisés, milieu recherché, etc.). D’importantes questions seposent également par rapport à la viabilité des populations : quelleest la distance nécessaire entre sous-populations pour maintenirune espèce sur un territoire donné ? Quels sont les échanges entre<strong>mares</strong> ? Quels sont les effectifs minimums efficaces* pour une populationisolée ? <strong>Les</strong> expériences de conservation ou de restaurationsont également peu nombreuses si l’on excepte le travail effectuésur Triturus cristatus dans le cadre du projet LIFE “Mares Temporaires”(Encadrés 26 et 50) ou les expériences menées aux Baléaressur Alytes muletensis 332 .Quelles sont les <strong>mares</strong> <strong>temporaires</strong>utilisées par les amphibiens ?<strong>Les</strong> lacs de barrage, les grands cours d’eau et les lagunes saumâtressont peu ou pas occupés par les amphibiens. Hormis ceuxci,les amphibiens mettent à profit des sites très divers : étangslittoraux riches en macrophytes, “pannes” d’arrière-dune, dayas,<strong>mares</strong> abreuvoirs, dépressions naturelles sur sol rocheux, oueds enTriturus marmoratus juvénile dans une mare à Isoetes setacea et Marsileastrigosa (Réserve naturelle de Roque-Haute, Hérault, France)voie d’assèchement, bassins artificiels, carrières abandonnées, etc.Le caractère temporaire constitue un facteur clé (Chapitre 3d) pourbeaucoup d’amphibiens méditerranéens. Sur les 71 espèces recenséesà l’ouest du Bassin, 14 sont ainsi quasi inféodées aux <strong>mares</strong><strong>temporaires</strong> et 25 y trouvent leur milieu préférentiel pour mener àbien leur reproduction (53 % du total des espèces, Tab. 5). La plupartdes espèces se reproduisant dans les <strong>mares</strong> <strong>temporaires</strong> apprécientun habitat ouvert ou peu arboré. La présence de troupeauxleur est donc le plus souvent favorable.Richesse et diversité des peuplementsLe Bassin méditerranéen a été reconnu comme un “point clé” debiodiversité à l’échelle mondiale 38, 279, 314 , mais sa richesse batrachologique*reste modeste en raison des conditions climatiques peufavorables à ce groupe zoologique. Avec 78 espèces, cette fauneoccupe une position moyenne sur le plan de la richesse spécifique,à égalité avec le sud-ouest des Etats-Unis. Par rapport aux régionstropicales, cette richesse se caractérise, à égalité d’espèces par unplus grand nombre de genres et de familles. Son optimum derichesse se place vers 50° de latitude nord 156 , c’est-à-dire en dehorsde la zone méditerranéenne (nord de la France et sud de l’Allemagne).Dans le Bassin méditerranéen, la richesse spécifique enamphibiens décroît d’ouest en est, en relation avec le gradientd’aridité : 71 espèces à l’ouest contre 14 à l’est 78 . <strong>Les</strong> pays les plusriches en espèces se situent au nord-ouest du Bassin : Espagne etItalie péninsulaire avec 25 espèces, France et Portugal avec 18 espèces,puis dans les Balkans (11 à 16 espèces) et enfin au Maghreb(7 à 11 espèces) (Tab. 5). <strong>Les</strong> îles sont plus pauvres en espèces(maximum 8 espèces en Sardaigne, minimum 1 aux Baléares si l’onexclut les espèces introduites). Pour les seules espèces liées aux<strong>mares</strong> <strong>temporaires</strong>, l’optimum de richesse se situe dans la régionJakob C.27

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