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Les mares temporaires méditerranéennes Volume 1

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4. Menaces sur les <strong>mares</strong> <strong>temporaires</strong> méditerranéennesImpact des espèces envahissantesLa colonisation des <strong>mares</strong> par des plantes exotiques compétitives,souvent rudérales, peut engendrer une concurrence avec les espècescaractéristiques des <strong>mares</strong> <strong>temporaires</strong>. Poirion & Barbero 303signalent ainsi la colonisation de nombreuses <strong>mares</strong> et cupules del’Esterel, et du massif de Biot (Var) par une plante sud-africainetrès dynamique : Freesia alba. Dans les Maures encore, Paspalumdilatatum, Panicum capillare et Euphorbia prostrata, les deux premièress’étant a priori surtout propagées le long du réseau routier,colonisent les zones d’accumulation sédimentaire en fond desruisseaux et des <strong>mares</strong> (Médail, com. pers.). Ces espèces participentà la fermeture du milieu et doivent donc être surveillées même si,compte tenu de leur développement surtout estival ou automnal,leur impact sur les autres espèces des <strong>mares</strong> <strong>temporaires</strong> reste probablementfaible. En Corse, c’est une autre espèce sud-africaine,Cotula coronopifolia qui affecte sérieusement la plupart des zoneshumides de basse altitude 280 , notamment la mare temporaire de laTour d’Olmeto (Paradis, com. pers.).La mise en eau permanente des <strong>mares</strong> <strong>temporaires</strong> et l’installationde retenues sur les ruisseaux <strong>temporaires</strong> sont généralement suiviesde l’introduction de poissons, souvent exotiques, qui constituentune menace majeure pour les amphibiens 4, 51, 98, 154, 258, 272 .Par exemple en Provence, l’étang de Saint-Rémy dans les Alpillesaccueillait dans les années 1960 plusieurs espèces patrimonialespour la région (Triturus helveticus, Alytes obstetricans, Pelobatescultripes, Pelodytes punctatus) qui ont aujourd’hui totalement disparuesdu fait de l’introduction de poissons (Peyre, com. pers.).Semblable constat a été fait dans la région cantabrique, la Provincede La Coruña (Espagne), en Algérie et dans le Languedoc oùEncadré 38. Damasonium alisma et le labourDevictor 112 a comparé les banques de graines de Damasoniumalisma dans des <strong>mares</strong> situées dans des zones en jachère aveccelles de <strong>mares</strong> situées dans des zones cultivées. Malgré unedensité de plantes 3 à 5 fois plus élevée dans les zones cultivéesque dans les zones en jachère, le nombre moyen de graines, dansla banque du sol, était équivalent dans les deux zones (environ300 graines en moyenne par prélèvement de 250g). Dans leszones en jachère, les graines étaient trouvées essentiellementen surface alors qu’elles avaient une distribution plus homogènedans le profil du sol dans les zones cultivées. <strong>Les</strong> taux de germinationdes graines, dans la zone en jachère, étaient de 70 % et45 % respectivement pour les horizons superficiels et profonds,et dans la zone cultivée de 40 et 80 % pour les horizons superficielset profonds.Le labour peut expliquer cette répartition contrastée. Dans lapartie cultivée, les graines produites l’été, à pouvoir germinatifélevé, sont enterrées par le labour d’automne et les grainesretrouvées en surface sont d’âges variables avec un taux de germinationplus faible. Dans la zone en jachère, les graines restenten surface et germent au printemps suivant.Le labour présente donc des effets antagonistes sur la banquede graines de Damasonium : positif par l’ouverture du milieu, ilfavorise l’expression de cette espèce héliophile et négatif parcequ’il enfouit les graines qui perdent progressivement leur pouvoirgerminatif.d’après Devictor 112le nombre d’amphibiens dans les sites avec poissons est très inférieurà celui observé dans les sites sans poisson. <strong>Les</strong> gambusies (Gambusiaaffinis), introduits en France, en Espagne et en Algérie dansles années 1970 pour lutter contre les moustiques 96, 136, 340 , sontrégulièrement trouvés dans les <strong>mares</strong> <strong>temporaires</strong> où ils ont unimpact négatif sur certaines espèces de zooplancton (Daphniaspp). Dans des marais <strong>temporaires</strong> de Camargue, l’entrée accidentelled’épinoches (Gasterosteus aculeatus) par les canaux d’irrigation,a provoqué, dans le zooplancton, l’extinction progressive desespèces les plus grandes et les plus visibles (colorées) qui sontcaractéristiques de ces milieux 304 .L’explosion des populations d’écrevisses de Louisiane (Procambarusclarkii) a des effets négatifs directs sur la végétation des<strong>mares</strong> <strong>temporaires</strong> et indirects sur les espèces animales colonisantces milieux en diminuant leurs ressources alimentaires et en altérantleurs zones refuges (voir, par exemple, dans le Parc Nationalde Doñana 179 ). Dans la Réserve Naturelle de Paul do Boquilobo(Portugal), 13 espèces d’amphibiens pouvaient être observées jusqu’audébut des années 1990 100, 319 . Onze ans après implantation del’écrevisse de Louisiane, seules 4 espèces ont été retrouvées, avec deseffectifs nettement inférieurs à ceux observés lors du premier inventaireen 1993. Seul Bufo calamita, inféodé aux flaques très éphémères,non colonisées par l’écrevisse, a vu ses effectifs croître localement.L’impact des écrevisses de Louisiane est parfois augmenté par l’introductionde poissons exotiques avec des effets considérables sur lespeuplements d’amphibiens comme dans la Province de La Coruña 154(Espagne) et dans le Parc de l’Alentejo au sud-ouest du Portugal 29 .En général, ces prédateurs s’attaquent aux œufs et aux larves desespèces d’amphibiens les plus sensibles. Quelques espèces montrentcependant des résistances à ces prédateurs, soit par la toxicité deleurs larves (Bufo bufo), soit par des comportements d’évitement(Rana sp., certains Urodèles). Par ailleurs, la plupart des batraciensidentifient la présence de poissons grâce à une reconnaissancechimique 191 , ce qui leur permet d’éviter les sites colonisés par ceuxci.Cet évitement aboutit cependant à une perte des sites de reproductionqui accélère le déclin des espèces.Envahissement de la mare de Padulu (Corse) par Dittrichia viscosaPozzo di Borgo M. L.69

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