<strong>Les</strong> <strong>mares</strong> <strong>temporaires</strong> méditerranéennesEn fonction du contexte géologique et géomorphologique, unegrande diversité de fonctionnements hydrologiques se rencontrent(Fig. 6). Pour identifier à quel grand type de fonctionnement hydrologiqueune mare donnée se rattache, il faut caractériser et quantifierles différents processus hydroclimatiques intervenant dans cefonctionnement. C’est une entreprise difficile, chaque cas étant particuliernon seulement à cause des paramètres physiques caractérisantla mare et son environnement, mais aussi à cause des problèmespratiques et des contraintes budgétaires auxquels le gestionnaireest confronté. Le matériel d’hydrométrie est cher et le prix derevient des études hydrologiques et hydrogéologiques est toujoursrelativement élevé, donc trop souvent difficile à financer.La nature des données, très variée, concerne les points suivants.Contexte géographiqueIl faudra faire une description fiable et actualisable des caractéristiquesphysiques et géographiques du système étudié. On peutciter de manière non exhaustive : la topographie, la géologie, lapédologie et l’occupation du sol. Souvent, dans le contexte particulierdes zones humides, la connaissance de certaines caractéristiquesdu système socio-économique peut s’avérer indispensable :pratiques agricoles concernant la gestion de l’eau, inventaire etmodes de gestion des infrastructures hydrauliques.Fonctionnement hydro-climatiqueLa problématique de base de l’hydrologie au sens large, c’est-à-direincluant l’hydrogéologie, consistant à connaître la répartition et àFigure 6. Typologie du fonctionnement hydrologique des <strong>mares</strong> <strong>temporaires</strong>cours d’eauRuissellement de surface dominantDébordement de ruisselets sur socle rocheuxBassin hydrogéologique différentdu bassin versant topographiqueMicro dépressions sur socle rocheuxRéservoir de surface dans un système karstiqueLimite bassin versant topographiqueRuissellementAlimentation depuis la nappeInfiltration vers la nappeSubstrat perméableSocle imperméableMarneRoche calcaireRoche dure imperméable38
3. Fonctionnement et dynamique de l’écosystème et des populationsquantifier les termes du bilan hydrologique, il faut collecter le plusde données et les plus précises possibles sur la climatologie.Il est nécessaire de connaître :• la répartition temporelle des pluies du fait de son incidence surla mise en eau du milieu aquatique étudié et des conséquencesimportantes pour le fonctionnement biologique,• les facteurs climatiques déterminant le pouvoir évaporant del’atmosphère que sont le déficit hygrométrique*, la températurede l’air, l’énergie solaire rayonnée (ou la durée d’insolation) et lavitesse du vent. L’évaporation de l’eau libre et la transpiration dela végétation augmentent avec le pouvoir évaporant de l’atmosphère.L’évaporation de l’eau libre est d’autant plus importante que l’inertiethermique de la masse d’eau est faible (<strong>mares</strong> en phase d’assèchement).La transpiration végétale dépend en plus du degré d’humiditédu substrat, de l’espèce et de son stade de développement.Eaux souterraines<strong>Les</strong> eaux souterraines occupent les vides des roches poreuses. Ellescomprennent l’eau capillaire de la zone d’aération du sol qui est leréservoir dans lequel puise la végétation et, plus en profondeur, lesnappes aquifères. L’interface entre la zone saturée et la zoneinsaturée est la surface piézométrique. En milieu perméable ousemi-perméable, les eaux de surface et les eaux souterraines sontinterconnectées et entretiennent des échanges. En fonction de l’importancedes apports par infiltration des pluies et des pertes parévapotranspiration du sol, la position de la surface piézométriquepar rapport au fond des <strong>mares</strong> varie. Si elle se situe sous le fond, lamare aura tendance à alimenter la nappe. Si elle se situe au dessusde la cote de l’eau libre, la nappe aura tendance à alimenter la marejusqu’à équilibre des niveaux. Pour des niveaux intermédiaires entreles cotes du fond et de l’eau de la mare, celle-ci alimentera la nappepeu ou prou en fonction de la perméabilité des terrains.<strong>Les</strong> eaux souterraines ne se voient pas. Pour étudier leur dynamique,il faut mettre en œuvre des procédés et un appareillage demesure souvent sophistiqués et chers, à la seule portée de spécialistes.Heureusement, la bonne gestion d’une mare temporairene nécessite pas d’entrer nécessairement dans l’intimité des relationsentre les eaux souterraines et les eaux de surface. Il suffit leplus souvent de faire le “bilan de santé” de celles-ci en suivantrégulièrement l’évolution de paramètres facilement mesurables(cycle de l’eau, physico-chimie).Connaître l’influence des eaux souterraines est toutefois indispensabledans certains cas, notamment dans la perspective d’unaménagement du plan d’eau, ou pour évaluer les conséquencesd’activités humaines sur le bassin versant. Dans ce cas, il est vivementconseillé de faire appel à un bureau d’études ou à un laboratoireuniversitaire spécialisés.Une première approche pourra être réalisée par des moyens relativementsimples et permettra de mieux évaluer la nécessité delancer des recherches plus approfondies. Un réseau de piézomètres(Chapitre 6b) renseignera sur la dynamique des eaux souterraines.Cependant, leur installation peut s’avérer difficile du fait de lanature du terrain et des risques de déprédation. Dans certainscas, les seules variations du niveau et (ou) de la conductivitéélectrique des eaux de surface révéleront de façon flagrante,l’intervention des eaux souterraines dans le cycle de l’eau d’unemare (Encadré 12).Facteurs importants pour la biologiePour la compréhension des phénomènes biologiques dans les <strong>mares</strong>,un grand nombre de variables sont susceptibles d’être importantes.Elles doivent être hiérarchisées en fonction des situations locales.• Lorsque la topographie est connue, le volume d’eau est caractérisépar la mesure régulière du niveau et renseigne donc sur lesdates de mise en eau et d’assèchement (durée de submersion) quisont des facteurs prépondérants pour les organismes vivants.•L’état hydrique des sédiments progressivement émergés est unfacteur qui conditionne la survie et le développement des individusaprès l’assèchement (faune et flore).• La composition chimique de l’eau est toujours un facteur importantpour la faune ou la flore. Outre les caractéristiques physicochimiquesclassiques (température, pH, oxygène dissous, conductivitéélectrique), la composition ionique de l’eau peut conditionner laprésence ou l’abondance de certaines espèces. A cet égard, la lithologiedu bassin versant et du fond de la mare (granite, schiste, calcaire,etc.) est un bon indicateur qui devra être confirmé par uneanalyse de la balance ionique confiée à un laboratoire spécialisé.39