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Les mares temporaires méditerranéennes Volume 1

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<strong>Les</strong> <strong>mares</strong> <strong>temporaires</strong> méditerranéennesentre populations et donc leur survie à long terme (Chapitre 3d).Dans certains cas, la destructuration du paysage peut conduire àl’extinction totale de toutes les espèces. C’est le cas, par exemple,du delta de l’Ebre, en Espagne où, suite à une artificialisationextrême du paysage, tous les amphibiens ont aujourd’hui disparu,jusqu’aux espèces les plus résistantes comme la Grenouille dePerez (Santos, com. pers.). En contraste, le delta de la Camarguen’a perdu aucune de ses espèces originelles grâce à la préservationd’espaces naturels encore importants.Perturbations de l’hydrologieEn région méditerranéenne, la santé publique a justifié le drainage oule comblement des <strong>mares</strong>, “foyers à maladie” redoutés par l’homme.Ainsi des <strong>mares</strong> ont été asséchées au Maroc 263 et à Malte 182 pourlutter contre le moustique (Anopheles labranchiaei), vecteur dupaludisme.<strong>Les</strong> zones humides <strong>temporaires</strong> sont aussi comblées ou drainéespour augmenter les surfaces arables. L’intensification de l’agricultureest la principale cause de disparition des <strong>mares</strong> en Espagneentre 1955 et 1980 (Medina, com. pers.) et dans les costièresnîmoises (France) dans la même période 310 .<strong>Les</strong> pompages dans la nappe phréatique pour l’agriculture et pourl’approvisionnement en eau potable des zones urbaines, par exempledans le Parc National de Donãna au sud-ouest de l’Espagne 357 , àMalte 182 ou dans le nord-est de l’Algérie 105 , aboutissent à l’assèchementprécoce de ces milieux et mettent donc en péril leurs communautésd’espèces animales et végétales caractéristiques.Encadré 35. La route, une barrière infranchissableLa construction d’infrastructures linéaires (routes, autoroutes,TGV, etc.) entraîne inévitablement la destruction de nombreusesforêts, prairies et zones humides.<strong>Les</strong> routes provoquent une forte mortalité des amphibiens. Ellea été évaluée entre 34 et 61 % lors de la traversée d’une routeayant un trafic de 3 200 véhicules par jour et de 89 à 98 % surune autoroute (trafic supérieur à 20 000 véhicules par jour) 184 .Après une nuit d’orage, 456 tritons palmés, 314 rainettes méridionales,2 crapauds calamites et 2 grenouilles rieuses ont ététrouvés écrasés sur 60 m d’une route à faible trafic, située prèsde Montpellier 79 . Une vaste enquête lancée en Catalogne à partirde 2001 devrait permettre de chiffrer cette mortalité sur l’ensembled’une région 239 .Infranchissables pour bon nombre d’espèces d’amphibiens 36, 231 ,ces barrières réduisent ou suppriment les possibilités d’échangesentre les populations situées de part et d’autre des voies 353 . Cetisolement rend les populations plus vulnérables au risque d’extinctionque ce soit pour des causes génétiques, démographiquesou d’accidents environnementaux aléatoires 412 . Au cours desquinze dernières années, 2 des 4 populations de pélobates cultripèdesconnues dans le département du Var se sont ainsiéteintes sans espoir de recolonisation compte tenu des distancesqui séparent ces sites des populations les plus proches.En Allemagne, des populations de grenouilles rousses (Ranatemporaria) ont montré un appauvrissement génétique suite àla création d’une autoroute 320 .Gauthier P. & M. CheylanBanalisation de la végétation de la mare de Grammont (Hérault, France)suite à sa mise en eau permanenteL’extraction de matériaux minéraux pour la construction entraîneune augmentation de la durée d’inondation et de la turbidité des<strong>mares</strong> au Maroc qui s’accompagne de leur appauvrissement enespèces rares 325 . La création de réservoirs pour l’irrigation ou ladéfense contre les incendies (DFCI), par surcreusement ou endiguement,provoque une mise en eau permanente des milieux <strong>temporaires</strong>.Plusieurs <strong>mares</strong> qui abritaient des crustacés rares (Branchipuscortesi) ont ainsi été surcreusées au Portugal et ont perdu leur caractèreécologique temporaire 244 . La mare de Saint-Estève dans lesPyrénées-Orientales et la mare de Grammont près de Montpellieront aussi été transformées en <strong>mares</strong> permanentes suite à des modificationshydrologiques de leur bassin versant 11, 230, 284 . Ces changementshydrologiques conduisent à la diminution de la richessefloristique, notamment des Bryophytes (Hugonnot & Hébrard, com.pers.), à la disparition des espèces rares et à leur remplacement parune flore aquatique plus expansionniste à base d’hélophytes* (Typhalatifolia, Scirpus maritimus, etc.). Cependant une augmentation dela durée d’inondation des <strong>mares</strong> peut s’avérer favorable à la fauneaquatique (amphibiens, insectes, crustacés) en lui permettant d’acheverson cycle de reproduction.Perturbations par le feuLe feu constitue une perturbation majeure en région méditerranéenne.Ses impacts sont peu étudiés mais probablement multiples :directs sur la faune, la flore et les stocks semenciers et indirects surl’hydrologie, la sédimentation et les espèces exotiques, par exemple.Dans le cas des <strong>mares</strong> et ruisseaux <strong>temporaires</strong>, l’incendie a des effetspositifs dans le sens où la destruction des ligneux et l’ouverture dupaysage favorisent les espèces méditerranéennes. Il a égalementdes effets négatifs sur les populations et sur le milieu (comblementpar les cendres et les limons, etc.) pouvant affecter l’ensemble desespèces.La biomasse végétale, la date du feu et l’humidité du sol sont desfacteurs susceptibles de faire varier largement la température d’unfeu et ses conséquences sur les espèces et leurs organes de résistance.<strong>Les</strong> plantes vivaces possédant des rhizomes ou bulbes souterrainsrésistent bien au passage du feu. Ainsi l’Armoise de Molinierne semble pas affectée par le brûlis hivernal de ses tiges sèches.De même, les grands joncs ou les scirpes produisent de nouvellesfeuilles dans les quelques semaines qui suivent un incendie.Tan Ham L.64

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