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Les mares temporaires méditerranéennes Volume 1

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3. Fonctionnement et dynamique de l’écosystème et des populationsInstabilité du milieu physique et exigences des espècespour leur cycle annuelL’hydropériode* est d’une grande importance pour la reproductionet la persistance des espèces dans le temps. Elle conditionne largementle succès de la reproduction et, par là, quelles espèces sontprésentes sur un site donné. Au sein des communautés batrachologiques*méditerranéennes, les espèces sont plus ou moins flexiblesquant à la date et à la durée de mise en eau (Encadré 20). Certainesespèces utilisent les <strong>mares</strong> dès la mise en eau, en automne, pours’alimenter (Triton marbré, Triton crêté) ou s’y reproduire (Pélobatecultripède), d’autres à la sortie de l’hiver seulement (Crapaud commun,Grenouille agile) et d’autres, enfin, à la fin du printemps (Rainette,grenouilles vertes). A ces trois catégories, on peut ajouterles espèces opportunistes comme le Pélodyte ou le Discoglosse, quise reproduisent dès qu’il pleut, hormis en plein hiver et au cœur del’été.La grande variabilité entre années des dates de mise en eau des<strong>mares</strong> endoréiques* méditerranéennes peut provoquer l’absence dereproduction une année donnée pour les espèces automnales oude fin d’hiver (Encadré 21 et Tab. 1, Chapitre 2a). Le succès de reproductionpeut donc varier selon les années, ce qui diffère assez nettementdes situations observées hors région méditerranéenne oùEncadré 22. Durée et plasticité du développement larvaireEn région méditerranéenne, la durée du développement larvaireconditionne largement le succès reproductif. On y rencontre desespèces à cycle larvaire long (tritons, Pélobate, alytes), des espècesà cycle court (Crapaud calamite, discoglosses) et des espècesintermédiaires (Pélodyte ponctué, Rainette méridionale, grenouillesvertes). Comme le temps de mise en eau est fonction dela pluviométrie, l’assèchement du site de reproduction peut seproduire plus tôt une année de faibles précipitations, ce quientraîne un échec de la reproduction chez les espèces à cycle longou à reproduction tardive. En réponse à ces aléas, les amphibienssont capables, dans une certaine mesure (norme de réactionpropre à chaque espèce), d’adapter leur durée de développementlarvaire à la durée de mise en eau 110 . <strong>Les</strong> années favorables, desjeunes de grande taille seront produits et les années défavorables,des jeunes de plus petite taille. L’abaissement du niveau de l’eaua également pour effet d’accroître la température de l’eau, cequi permet aux larves d’accélérer leur développement. Tous cesmécanismes concourent à une bonne adaptation des amphibiensau caractère aléatoire du climat méditerranéen.Jakob C.Encadré 21. Variabilité pluviométrique (1997-2000) etreproduction des amphibiens dans les <strong>mares</strong> de Roque-Haute (Hérault, France).En 1999, une mise en eau tardive des 198 <strong>mares</strong> de la RéserveNaturelle de Roque-Haute (en mai au lieu d’octobre/novembre)a provoqué, dans la communauté d’amphibiens, une situationquasi inversée par rapport aux autres années 198 . <strong>Les</strong> espèces quicolonisaient le plus de <strong>mares</strong> en 1997, 1998 et 2000, n’ont paspu se reproduire cette année-là. A l’inverse, les espèces qui occupaientd’habitude un petit nombre de <strong>mares</strong>, ont pu se reproduireplus largement (Tab.12). <strong>Les</strong> espèces précoces comme le Tritonmarbré et le Triton palmé, ainsi que l’espèce tardive, la Grenouilleverte, n’ont pas pu ajuster leur date de ponte à une mise en eautardive. En revanche, les espèces flexibles comme le Crapaudcalamite ont eu, cette année-là, un succès de reproduction bienmeilleur.Jakob C.la reproduction des amphibiens est le plus souvent annuelle.En général, ceci ne met pas en danger la survie de la population àlong terme du fait de la longue durée de vie de la plupart desespèces.La durée de mise en eau peut également varier entre années avecun impact important sur le succès reproductif des espèces(Encadré 22). Une espèce bien adaptée aux <strong>mares</strong> méditerranéennespourra finir ou accélérer son développement jusqu’à lamétamorphose pour échapper à un assèchement précoce, tandisqu’une espèce à cycle larvaire long ne pourra pas pondre ou seracondamnée à l’échec cette année-là. Enfin, les remises en eauoccasionnelles ont une grande importance pour les espèces peucompétitives comme le Crapaud calamite, qui recherche surtoutles <strong>mares</strong> dépourvues de prédateurs invertébrés et d’autresespèces d’amphibiens.Tableau 12. Nombre de <strong>mares</strong> peuplées par des larves de tritonset des têtards entre 1997 et 2000 sur le site de la RéserveNaturelle de Roque-Haute.annéeNom scientifique Nom commun 1997 1998 1999 2000Bufo calamita Crapaud calamite 2 0 24 2Hyla meridionalis Rainette méridionale 42 29 39 35Pelobates cultripes Pélobate 16 1 4 0Pelodytes punctatus Pélodyte ponctué 23 17 10 0Rana perezi Grenouille de Perez 9 10 0 1Triturus helveticus Triton palmé 40 39 0 27Triturus marmoratus Triton marbré 37 33 0 34Une ponte desséchée de Pelodytes punctatus dans une mare précocementasséchéeCheylan M.49

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