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Perception(s) numérique(s) - Shin Kim

Master Degree Thesis from ENSCI Publication : March 2016 Author : Shin hyung KIM

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Publication : March 2016
Author : Shin hyung KIM

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124. Un scanner 3D mesure le positionnement<br />

d’un objet dans un système<br />

de coordonnées (un nuage de<br />

points) de la surface pour ensuite en extrapoler<br />

la forme à partir de leur répartition.<br />

Il est aujourd’hui couramment<br />

utilisé dans l’industrie du bâtiment.<br />

Cette tendance à imaginer des scénarios dystopiques est<br />

certainement liée au contexte économique actuel, même si<br />

cette corrélation n’est pas forcément ce qu’on retient de l’histoire<br />

de Bing et Abi. Dans un monde dominé par les lois du<br />

capitalisme où les gens sont en permanence à la recherche<br />

d’un meilleur rapport qualité/prix, il est vraisemblable<br />

qu’un objet analogique ait un jour plus de valeur qu’un objet<br />

<strong>numérique</strong>. Commençons par la réalité des écrans. Avec le livre<br />

<strong>numérique</strong> par exemple, il est déjà moins couteux d’acheter<br />

un droit d’accès à un livre qu’un livre en papier. De même<br />

que le livre papier résiste à l’avènement du livre électronique<br />

malgré la baisse du prix des tablettes <strong>numérique</strong>s, il y aura<br />

toujours des personnes pour préférer la réalité analogique.<br />

Mais si le livre <strong>numérique</strong> continue à s’améliorer en qualité et<br />

propose le même contenu qu’un livre papier avec un prix plus<br />

compétitif, les imprimeries ne pourront pas persister. D’ailleurs<br />

le livre peut se transformer en différents objets comme<br />

le cadre de photo ou le calendrier : en termes économiques, le<br />

<strong>numérique</strong> est de plus en plus incontournable . Si les contenus<br />

<strong>numérique</strong>s remplacent les objets analogiques à moindre coût<br />

la matérialité n’est-elle pas, dans l’avenir, un nouveau signe<br />

extérieur de richesse ?<br />

Avec l’imprimante 3D, la technique <strong>numérique</strong> a déjà<br />

entrainé une révolution économique en proposant une<br />

manière de matérialiser un objet à partir de fichiers.<br />

L’impression supprime tous les procédés de fabrication<br />

propres à chaque objet, reconstitue parfaitement les aspects<br />

physiques d’un objet analogique. Couplée avec la technologie<br />

du scan <strong>numérique</strong> 125 , l’imprimante 3D n’est pas seulement un<br />

outil qui donne de la matière à l’objet <strong>numérique</strong>ment conçu,<br />

mais aussi un outil qui copie un objet matériel existant. Par<br />

exemple, on trouve depuis peu des boutiques où l’on peut faire<br />

des portraits en forme de figurines 3D. Après avoir scanné<br />

le visage du client, l’ordinateur le reconstruit pour ensuite<br />

l’imprimer en plastique. Bien qu’on soit encore loin d’une<br />

reproduction parfaite, ce principe de copie laisse envisager<br />

de nouveaux scénarios pour la production des objets industriels.<br />

Avec un système de reproduction à domicile, le magasin<br />

devient un lieu d’exposition plutôt qu’un lieu d’achat. Je<br />

pourrai reproduire en plusieurs exemplaires un vase qui me<br />

plaît, vu dans un magasin. Il s’agit bien d’une nouvelle architecture<br />

économique des objets industriels, auxquels tout<br />

le monde pourra avoir accès en possédant simplement une<br />

machine de moins en moins coûteuse.<br />

Il en va de même pour la réalité augmentée. Si l’on<br />

imagine une multiplication des dispositifs portatifs, chacun<br />

aura la possibilité d’entrer dans une autre forme de réalité à<br />

tout moment, et c’est là aussi une nouvelle structure économique<br />

qui se met en place, différente de celle existante avec<br />

les écrans plats. L’expérience rendue possible par l’objet reproduira<br />

ce qui existe dans la réalité analogique, mais à un prix<br />

beaucoup moins élevé. Prenons l’exemple du e-commerce. Les<br />

gens auront plus de facilité à acheter un produit qu’ils ont<br />

pu essayer avant ; je peux placer un canapé virtuel dans mon<br />

salon pour voir s’il se marie bien avec mon tapis. D’ailleurs, s’il<br />

s’agit d’objets qui font essentiellement appel à la vue, l’achat<br />

correspondra simplement à l’accès à la perception. J’imagine<br />

par exemple une boutique <strong>numérique</strong> où j’achète un nouveau<br />

décor pour tapisser les murs de ma chambre. Je paye un<br />

certain montant pour conserver cette atmosphère dans<br />

la chambre pendant une durée définie. Ces objets décoratifs<br />

appartiennent à une réalité augmentée où je choisis de vivre.<br />

Si les utilisateurs profitent de tous les objets du monde en<br />

illimité et les partagent de manière perpétuelle, cette situation<br />

inédite nécessitera une structure économique nouvelle pour<br />

empêcher la dévaluation des objets. Le marché actuel des<br />

sources sonores est une piste possible. La diffusion illégale de<br />

musique sur Internet a causé la disparition progressive des<br />

disques et des CD, mais un nouveau type de marché est<br />

apparu sous le nom de « streaming musical ». 126 Les objets<br />

visuels suivront vraisemblablement un jour le même chemin ;<br />

les designers seront alors sans doute amenés à réfléchir à de<br />

nouveaux modes d’achat de ces objets numérisés.<br />

125. Le service de streaming musical<br />

permet de pouvoir écouter de la musique<br />

en illimité, directement en ligne,<br />

avec un abonnement payant.<br />

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