Perception(s) numérique(s) - Shin Kim

5. Dynamic Random Access Memory
est un type de la mémoire informatique
dans laquelle un ordinateur place les
données lors de leur traitement.
Aujourd’hui, les ordinateurs
sont souvent équipés de 4 à 16 giga
octets, soit 250 fois de 64méga octets.
6. Le e-sport déjà considéré comme
une discipline sportive. En 2014,
quarante milles spectateurs sont réunis
dans le Seoul World Cup Stadium pour
assister à la finale du championnat
League of Legends.
Avec un développement militaro-industriel intensif qui a mis
de grands conglomérats au pouvoir, l’industrialisation et la
modernisation du pays s’est faite à marche forcée. Les multinationales
coréennes connues aujourd’hui comme Samsung
ou LG sont issues de ces grands conglomérats. Ces fabricants
de produits électroniques, soutenus par l’État, mettent le pays
sur la voie du développement numérique. Ce choix s’explique
par les faiblesses géographiques du pays, comme l’absence
de ressources naturelles et le blocage de la voie terrestre
par le Nord. Elles obligent le gouvernement à investir dans
une industrie dépendante de l’exportation et notamment
dans l’industrie des semi-conducteurs qui s’accélère dans
les années 1980-1990. Ainsi, le premier DRAM de soixantequatre
mégaoctets 5 , fabriqué par Samsung en 1992, devient un
symbole du développement de la Corée du Sud. D’autre part,
les évènements historiques semblent avoir transformé peu à
peu la mentalité des Coréens, qui sont aujourd’hui connus
pour leur aptitude à s’adapter à un nouvel environnement.
L’évolution des modes de vie s’est faite à la vitesse du développement
économique du pays ; les Coréens non seulement
se sont vite habitués, mais ont même un véritable penchant
pour les nouveautés techniques. Outre les infrastructures
publiques, l’essor de l’industrie des jeux vidéo 6 ou la vitesse
de connexion moyenne d’Internet 7 sont de bons indices de
l’adhésion générale des Coréens à la culture du numérique.
le numérique est bien réelle, l’objet, lui, est absent. Tel est
l’objectif de ce mémoire : questionner la nature de cette représentation
immatérielle des objets et étudier certains phénomènes
de perception apparus avec la technique du numérique.
Je commencerai par analyser les techniques antérieures de
la civilisation qui avaient déjà transformé en quelques sortes
notre perception des objets. L’apparition du numérique et
son influence dans le quotidien d’aujourd’hui seront ensuite
considérées selon différents points de vue. Je me base sur mes
enseignements des cas concrets tirés de la vie de tous les jours.
La dernière partie sera consacrée à imaginer les évolutions
possibles de notre monde de plus en plus numérique ; il s’agira
ici d’explorer, selon trois hypothèses, les modifications de
notre perception des objets ainsi que le rôle que pourrait jouer
un designer dans l’accompagnement de ces évolutions. Mes
axes de recherche convoquent diverses disciplines comme la
science cognitive, la phénoménologie, la philosophie de la
technologie, l’art médiatique 8 , etc. Ce ne sont pas seulement
les thèses des grands théoriciens qui donnent la structure à ce
mémoire, mais les idées font souvent appel aux textes récents
sous forme d’articles et de discours de conférence, et aussi des
histoires fictives sous forme de romans ou de films.
8. New Media Art. Le groupe de
recherche en arts médiatiques à l’UQAM
(Université du Québec à Montréal)
traduit le mot pour la première fois et le
définit comme la «forme d’art utilisant
l’électronique, l’informatique et les
nouveaux moyens de communication».
7. La vitesse de connexion moyenne
monte jusqu’à une moyenne de
23,6Mbps, soit le double du Japon,
classé en deuxième dans le monde.
_
The Akamai State of the Internet
report, http://www.akamai.com/
***
L’histoire de la Corée du Sud est un bon exemple de
transition rapide d’une société archaïque à une société
numérique. J’ai pu constater de grands écarts d’adaptation aux
outils numériques selon les pays. C’est cette relation entre le
numérique et le comportement des individus qui m’intéresse.
Le terme « numérique » lui-même ne renvoie plus forcément à
la notion de réseau. Si l’attention des médias se concentre sur
les mutations culturelles liées à la communication à distance,
on se pose peu la question du premier impact du numérique,
le plus basique peut-être : ses effets sur notre perception du
monde. Au-delà d’une technologie efficace et innovante, le
numérique est un agent fondamental d’une transformation de
notre perception, parce qu’il propose une nouvelle forme de
représentation des objets. Sa caractéristique première est bien
de véhiculer l’immatérialité : si la perception d’un objet via
12 13