Perception(s) numérique(s) - Shin Kim
Master Degree Thesis from ENSCI Publication : March 2016 Author : Shin hyung KIM
Master Degree Thesis from ENSCI
Publication : March 2016
Author : Shin hyung KIM
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Partie I<br />
2. Les nouvelles formes de représentation de l’objet<br />
permises par le <strong>numérique</strong><br />
18. VIAL Stéphane, L’être et l’écran,<br />
Paris, Puf, 2013, p.97<br />
Le <strong>numérique</strong> est une technique qui fait évoluer notre<br />
perception de manière radicale. Stéphane Vial parle de<br />
« révolution phénoménologique », dans le sens où cette<br />
innovation affecte notre interprétation de la réalité :<br />
« percevoir la réalité à l’ère mécanique ou à l’ère <strong>numérique</strong>,<br />
c’est foncièrement différent. Parce que la technique et le réel<br />
ont toujours fait cause commune, les technologies <strong>numérique</strong>s<br />
nous le relèvent enfin. » 18<br />
Contrairement à ce que nous avons vu précédemment,<br />
les représentations permises par le <strong>numérique</strong> sont d’abord<br />
marquées par leur immatérialité. En effet, c’est l’ordinateur<br />
qui calcule de manière invisible les formes de la représentation<br />
et nous permet de les percevoir. Même si depuis le<br />
XIXe siècle, la photographie nous permet de figer en image<br />
l’instant vécu, le <strong>numérique</strong> ajoute une autre dimension à<br />
la représentation de l’objet.<br />
a. Le <strong>numérique</strong> comme miroir de la réalité analogique<br />
Depuis la généralisation des smartphones et autres<br />
terminaux, nous avons tendance à oublier comment fonctionnaient<br />
les outils de reproduction d’images à l’ère du tout<br />
analogique. Par exemple, les jeunes générations connaissent<br />
rarement les procédés de la photographie argentique, et encore<br />
moins ceux du cinéma à l’époque où l’on projetait à partir de<br />
pellicules. Avec le <strong>numérique</strong>, on assiste à la disparition de<br />
l’écart entre la représentation et la perception : l’objet est<br />
représenté en même temps qu’il est perçu. Prenons l’exemple<br />
basique de la photo faite sur un smartphone : l’écran nous<br />
montre déjà le résultat possible de notre prise de vue alors que<br />
nous sommes encore en train de régler l›angle de vue ou la<br />
distance. Cette expérience que nous faisons presque quotidiennement<br />
nous fait percevoir l’objet à travers l’écran : il est<br />
encore objet et déjà sujet représenté. L’écran n’est ici qu’un<br />
filtre transparent, une manière de voir la réalité.<br />
Au delà de cette transmission ponctuelle de l’objet en<br />
données <strong>numérique</strong>s, l’objet peut désormais se transmettre<br />
par Internet, ce qui fait que l’expérience de l’objet via le<br />
<strong>numérique</strong> devient partageable en temps réel et à distance. Un<br />
designer de produit peut par exemple partager facilement son<br />
avis sur la forme d’un produit, grâce à une webcam. Plusieurs<br />
personnes peuvent ainsi faire l’expérience du même objet, en<br />
même temps, mais à distance. Si les premiers films des Frères<br />
Lumière ont véritablement révolutionné notre approche<br />
de l’objet en mouvement, cette spécificité du <strong>numérique</strong> de<br />
transmettre en temps réel la représentation de l’objet est une<br />
nouvelle révolution. Dans un entretien réalisé en 2010 sur le<br />
thème Ce que la programmation fait à l’art, l’artiste plasticien<br />
français Antoine Schmitt souligne la perspective temporelle<br />
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