Perception(s) numérique(s) - Shin Kim

23. MANOVICH Lev, Le langage des nouveaux
médias, 2010, op.cit., p.137.
Un autre exemple consiste en la visite virtuelle d’un musée
via une interface Web. On perçoit les éléments visuels, sonores,
tactiles et atmosphériques qui constituent l’essentiel de la
découverte, mais cette expérience numérique ne remplace pas
l’expérience vécue sur place parce qu’elle suit une trajectoire
dictée par un programme. Les éléments sont disposés, exposés
avec un scénario déjà défini du visiteur. Ce phénomène n’est
pas sans rappeler les peintres de la Renaissance qui gardaient
inlassablement le même point de vue à l’intérieur d’une église,
un point de vue toujours perpendiculaire à la structure architecturale,
pour valoriser le Christ ainsi que le chœur qui se
trouvent au centre.
Ainsi, même si le numérique nous permet de construire une
expérience animée, cette expérience est limitée à la perspective
avec laquelle elle a été créée ; le numérique ne permet donc
qu’une expérience incomplète. Lev Manovich souligne
l’aspect parfois réducteur parmi certaines contraintes du
numérique : « la numérisation implique inévitablement une
perte d’information. Contrairement à une représentation
analogique, une représentation encodée numériquement
contient une quantité fixe d’informations. » 23 La présentation
numérique n’offre jamais la même expérience que celle vécue
dans la réalité analogique
b. L’apport du numérique : L’interaction avec l’objet
Au delà des expériences numériques où la perspective et la
trajectoire de l’objet sont déterminées par la machine, il existe
aujourd’hui des objets dits « interactifs », c’est-à-dire qu’il
existe une action réciproque entre l’objet et l’utilisateur. On
parle souvent de « l’interface homme machine » (IHM), qui
est interactive par définition. Le contenu numérique se transforme,
évolue en fonction de notre action grâce à un algorithme.
L’interaction est possible parce que la technique numérique
est capable de présenter l’objet en même temps qu’elle prend
en compte l’action de l’utilisateur. Le numérique lui offre
la possibilité de choisir parmi plusieurs scénarios d’expérience
déjà programmés. Comme dit Levi Manovich, « il peut
choisir dans le processus d’interaction quels éléments afficher
ou quels chemins suivre, créant ainsi une œuvre unique. Il
en devient ainsi le coauteur. » 24 L’exemple le plus répandu est
sans doute Google Street View.
24. Ibid, p.141
Le paysage de Machu Picchu via le site
Google Street-view, page consultée le
10.01.2016
_
www.google.com/maps/streetview/#machu-picchu
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