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Perception(s) numérique(s) - Shin Kim

Master Degree Thesis from ENSCI Publication : March 2016 Author : Shin hyung KIM

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Publication : March 2016
Author : Shin hyung KIM

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c. La transformation de notre perception du mouvement<br />

TeslaTouch:<br />

Electrovibration for Touch Surfaces<br />

_<br />

Étude réalisé par Olivier Bau, Ivan<br />

Poupyrev, Ali Israr (Disney Research)<br />

et Chris Harrison (Carnegie Mellon<br />

University), 2010<br />

www.disneyresearch.com/publication/teslatouch-electrovibration-for-touch-surfaces<br />

73. BERTHOZ Alain, le sens du mouvement,<br />

Édition Odile Jacob, Paris, 1997,<br />

p.263.<br />

améliore la perception de la texture. Bien que cette transmission<br />

de la sensation tactile ne soit qu’une imitation de<br />

la texture réelle, elle est suffisante pour que l’utilisateur<br />

puisse reconnaitre les principales caractéristiques physiques<br />

de l’objet. Elle n’est qu’une confirmation de ce qu’il a déjà vu.<br />

Par exemple dans le cas de l’écorce de l’arbre dessiné, l’utilisateur<br />

observe rapidement les lignes sinueuses du relief,<br />

puis il confirme cette sinuosité en la touchant <strong>numérique</strong>ment.<br />

S’il touche un objet inconnu à travers un écran,<br />

il ne perçoit pas directement sa texture, mais il la lit en<br />

quelque sorte. La sensation transmise par l’outil <strong>numérique</strong><br />

crée un nouveau langage que l’utilisateur interprète grâce<br />

à son expérience ; elle lui permet de le traduire en textures<br />

connues. Alain Berthoz analyse l’illusion comme la clé de<br />

cette projection. Il affirme que « les illusions perceptives sont<br />

en réalité des solutions trouvées par le cerveau lorsque les<br />

informations sensorielles sont ambiguës. » 74 Notre cerveau a<br />

donc la capacité de générer de nouvelles hypothèses à partir<br />

des informations transmises par l’outil <strong>numérique</strong> qui transforment<br />

notre manière de percevoir le toucher.<br />

La muséologie est un domaine intéressant en terme d’expérience<br />

de l’objet. Les dispositifs <strong>numérique</strong>s sont aujourd’hui<br />

de plus en plus présents dans les musées, ils deviennent un<br />

guide visuel et sonore pour faciliter la visite. Bien que ces<br />

derniers délivrent parfois de nouvelles expériences comme la<br />

visualisation 3D des œuvres 2D, ils ne peuvent pas rendre une<br />

exposition <strong>numérique</strong> ; ils ne sont que des couches transposées<br />

sur la réalité matérielle du musée. La manière dont les objets<br />

sont disposés dans l’espace physique fait partie intégrante de<br />

l’exposition. Jean Davallon, chercheur en muséologie, définit<br />

l’exposition comme « un dispositif résultant d’un agencement<br />

des choses dans un espace avec l’intention de rendre celles-ci<br />

accessibles à des sujets sociaux. » 75 Si la notion d’espace est<br />

au cœur d’une exposition dite « analogique », que devient-elle<br />

dans une exposition « <strong>numérique</strong> » ?<br />

Dans la partie précédente, nous avons vu comment le<br />

volume et la texture peuvent être des repères pour étudier<br />

l’évolution de notre perception par le <strong>numérique</strong>. Le<br />

volume est directement lié au sens de la vue et la texture au<br />

sens du toucher mais aussi celui de la vue ; l’oeil et la main<br />

sont les organes les plus sollicités dans l’appréhension d’un<br />

objet. Pour aborder la question d’espace, il faut s’en référer<br />

au sixième sens du corps, celui qu’Alain Berthoz appelle « le<br />

sens du mouvement ». 76 Selon lui, ce ne sont pas seulement les<br />

cinq sens qui participent à la sensation physique, mais aussi<br />

les capteurs qui se situent partout dans le corps (muscles,<br />

articulations, etc.) et qui communiquent en parallèle avec<br />

le cerveau. À chaque instant, le cerveau est un simulateur<br />

d’action qui utilise la mémoire pour prédire les conséquences<br />

d’un mouvement. Mais dans l’environnement <strong>numérique</strong>,<br />

totalement immatériel, comment notre cerveau peut-il transposer<br />

les expériences qu’il a emmagasinées ? Ce qu’il connaît<br />

d’un objet, ce sont ses caractéristiques physiques (forme,<br />

couleur, texture, etc.), mais qu’en est-il de l’environnement de<br />

l’objet ? La transformation de notre rapport au mouvement<br />

dans l’espace <strong>numérique</strong> semble importante.<br />

74. DAVALLON Jean, L’exposition à l’œuvre,<br />

Harmattan, Paris, 2000, p.11.<br />

75. BERTHOZ Alain, le sens du mouvement,<br />

op.cit. D’après Berthoz, chacun<br />

des sens à lui seul ne peut pas mesurer<br />

le mouvement, c’est la coopération de<br />

tous ces sens qui constitue le sixième<br />

sens : le sens du mouvement. « La<br />

perception utilise des référentiels labiles<br />

et multiples adaptés à l’action en cours<br />

; elle est prédictive : enfer, les captures<br />

mesurent des dérivées, mais aussi le<br />

cerveau contient une bibliothèque de<br />

formes, et peut-être de mouvements »<br />

p.125.<br />

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