Perception(s) numérique(s) - Shin Kim

133. Google I/O 2015 developer conference,
SanFrancisco, le 29 May 2015
Le principe est le même pour la réalité augmentée.
Certaines interactions suggérées par l’écran (investir les
extrémités, incliner, secouer, glisser, etc.) ne sont plus valables
dans cette autre réalité qui n’a plus de contraintes d’espace.
Les designers doivent donc créer un nouveau langage adapté ;
il s’agit d’un travail subtil sur la gestuelle. Nous avons déjà
exploré les nouvelles possibilités induites par la gestuelle
dans ce mémoire. Certaines technologies de captation comme
Kinect et Leap Motion permettent déjà un premier degré d’interaction
entre l’objet et les mains, mais cette interaction est
limitée à un cadre physique spécifique. Par exemple, je peux
manipuler un objet 3D avec le mouvement de mes mains grâce
à Leap Motion, mais uniquement devant le capteur dédié. Au
contraire, dans la réalité augmentée, la gestuelle doit avoir un
effet sur tous les éléments perçus par l’utilisateur. Ce ne sont
pas uniquement des objets numériques, mais aussi ceux de la
réalité analogique qui deviendront de plus en plus interactifs.
Google a ouvert la voie avec son projet Soli. Les chercheurs du
laboratoire ATAP (Google’s Advanced Technology and Projects
group) ont dévoilé, lors de la conférence Google I/O 2015 134 ,
une puce radar minuscule qui peut se loger dans les différents
objets et les rendre connectés. D’après la vidéo diffusée en
mai 2015, le projet repose aussi sur la recherche de typologies
de mouvements des doigts qui permettent de communiquer
avec la puce. (figure:ATAP Soli) Ce projet laisse présager un
futur où la gestuelle sera de plus en plus importante et oblige
à repenser les habitudes pratiques qu’on avait avec nos écrans.
Dans certaines vidéos avec des effets spéciaux graphiques, la
réalité augmentée semble effacer la complexité de l’objet. La
vidéo de présentation de Hololens en est un exemple : tout le
monde peut potentiellement être créateur d’objet puisqu’il
n’est plus nécessaire d’avoir des connaissances techniques
pour manipuler et modifier un volume.
Cependant, même si nous entrons dans une ère peuplée
d’objets interactifs, il existe toujours une complexité importante
derrière une image qui semble simple. Pour distinguer
les différents objets à sélectionner, ainsi que les différentes
fonctions à activer, le langage des gestes que nous avons
aujourd’hui avec nos écrans ne sera pas suffisant. Imaginons
une simple situation, la consultation d’un catalogue de
meubles. Le catalogue sort de son cadre physique (papier
ou écran) et peut se visualiser sur la totalité de la zone de
perception. L’environnement recouvert d’une multitude
d’objets nous demande donc un ensemble de gestes subtils et
précis. Par exemple, quel geste pourrait réduire la taille d’un
meuble sans réduire celle de l’affichage du catalogue? Dans ce
contexte, la création ainsi que la classification et la hiérarchisation
des commandes possibles dans l’espace en trois dimensions
formeront un discipline indispensables. Voilà sans doute
une tâche possible pour les designers qui deviendraient alors
« prescripteurs de perception d’usage ».
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