Perception(s) numérique(s) - Shin Kim

48. SAUVAGEOT Anne, L’épreuve des
sens, Puf, Paris, 2003, p.236
ARCADIOU Stelios (Stelarc),
La description de Movatar,
le site officiel www.stelarc.org
page consultée le 03.11.2015
“ If the avatar is imbued with an artificial
intelligence, becoming increasingly
autonomous and unpredictable, then
it would become more an AL (Artificial
Life) entity performing with a human
body in physical space.”
son sens. La sociologue Anne Sauvageot émet ainsi l’hypothèse
selon laquelle la hiérarchie entre l’être humain et la
machine est inversée. Dans l’épreuve des sens publié en 2003,
elle écrit : « non plus le privilège accordé à un corps qu’il
s’agissait de doter de prothèses mais un corps jugé obsolète
dont le relais doit être assuré par l’intelligence de la machine,
un corps qui, par inversion, devient la prothèse de l’ordinateur
devenu sujet. » 48 Selon elle, le projet Movatar de Stelarc
datant de 2000 est déjà une manifestation de cette inversion
du rapport être humain-machine. Si un « avatar » est le corps
virtuel généré en trois dimensions dans l’espace numérique,
animé par les mouvements de l’individu, Movatar est celui
imprégné d’une intelligence artificielle. L’artiste donne à la
machine le privilège d’analyser l’élégance et la perfection des
mouvements humains.
Aujourd’hui dans l’industrie des films en 3D, on utilise
les mouvements de vrais acteurs pour créer les animations.
Les marqueurs sur le corps sont filmés par la caméra, analysés
par l’ordinateur pour animer le corps virtuel en parallèle.
Contrairement à ce type de simple «machinisation» du corps
physique, l’oeuvre nous montre comment le corps peut être
robitisé par nous-même. Stelarc affirme que Movatar peut
devenir progressivement autonome et imprévisible avec sa
collecte de data : « L’individu est ici devenu la prothèse vivante
d’une identité intelligente complètement virtuelle. » 49
Stelarc, Movatar, 2000, Performance,
Casula Power House art center, Sydney
_
www.stelarc.org
62 63