Perception(s) numérique(s) - Shin Kim
Master Degree Thesis from ENSCI Publication : March 2016 Author : Shin hyung KIM
Master Degree Thesis from ENSCI
Publication : March 2016
Author : Shin hyung KIM
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128. Extrait de l’article paru sur The<br />
Economist, May 9th-15th 2015, Artificial<br />
Intelligence, p.20<br />
129. Ibid, p.20<br />
130. Deepmind est une Google Deep-<br />
Mind est une entreprise britannique<br />
spécialisée dans l’intelligence artificielle,<br />
rachetée par Google en 2014<br />
131. Sedol Lee est Sedol est l’un des<br />
meilleurs joueurs coréens, classé 9d<br />
(le niveau le plus élevé au go)<br />
132. Le go est un jeu de plateau originaire<br />
de Chine, connu pour sa grande<br />
richesse combinatoire et sa profondeur<br />
stratégique.<br />
On peut légitimement se poser la question du rôle<br />
du designer dans cette réalité où tout sera numérisé et<br />
automatisé. Même s’il existe des mouvements importants<br />
qui s’inquiètent du remplacement partiel ou intégral de<br />
l’intelligence humaine par la machine, ne s’agit-il pas d’une<br />
évolution naturelle de l’humanité ? N’y aura-t-il pas, toujours,<br />
une place pour l’intelligence humaine et de nouvelles tâches<br />
qui nécessiteront la créativité et la propension à formuler des<br />
solutions des designers ? Rodney Brooks, un des pionniers de<br />
l’intelligence artificielle et dirigeant de l’entreprise Rethink<br />
Robotics, donne l’exemple d’un classificateur d’images qui<br />
fonctionne selon le principe de l’apprentissage automatique. Il<br />
affirme que « ce dernier peut être incroyablement précis mais<br />
qu’il n’a aucun but, aucune motivation et surtout qu’il n’est<br />
pas plus conscient de sa propre existence qu’un tableur Excel<br />
» 129 . Un autre pionnier de l’intelligence artificielle, Edsger<br />
Dijkstra, s’oppose également à l’idée d’une invasion de<br />
l’humanité et dit que « le fait de se demander si l’ordinateur<br />
peut penser est un peu comme se demander si les sous-marins<br />
peuvent nager » 130 .<br />
Quand Minsky a utilisé pour la première fois le mot<br />
‘‘intelligence artificielle’’ à la conférence de Dartmouth en<br />
1956, personne n’a pu imaginer les concepts comme Machine<br />
Learning ou Deep Learning d’aujourd’hui. Ou encore, la victoire<br />
d’AlphaGo, l’intelligence artificielle de Google 131 , contre<br />
Sedol Lee 132 , l’un des meilleurs joueurs mondiaux, au jeu de<br />
Go 133 a marqué une grande surprise même pour les spécialistes<br />
neuroscientifiques. Les limites de la performance <strong>numérique</strong><br />
que soulignent de nombreux chercheurs sont plutôt des<br />
intuitions que des analyses scientifiques, c’est peut-être une<br />
réflexion d’un espoir humain.<br />
Depuis les débuts de l’automobile, un environnement<br />
adapté à ce nouveau moyen de transport s’est progressivement<br />
créé. Il s’agit en grande partie d’infrastructures matérielles<br />
comme les autoroutes, les stations d’essence ou les feux de<br />
signalisation ; et d’accessoires comme l’air bag, l’essuieglace<br />
ou le toit ouvrant. Cet environnement comprend aussi<br />
des éléments immatériels, comme l’ensemble des règles<br />
de conduite ou le code de la route. La voiture étant une<br />
machine, le conducteur est capable de rentrer dans la réalité<br />
de la conduite en respectant ces lois. La conduite automatique<br />
produira aussi certainement à l’avenir un environnement de<br />
nouveaux objets. Avec l’émergence de l’intelligence artificielle,<br />
pourrait il exister une certaine forme d’interaction<br />
homme-machine, un ensemble de règles à suivre, que seuls les<br />
êtres humains sont capables d’imaginer ?<br />
Aujourd’hui, l’utilisateur d’Internet sait qu’il existe sur<br />
une page web un endroit où appuyer pour revenir en arrière<br />
(en haut à gauche) ou un autre pour fermer (en haut à droite).<br />
Sur un smartphone, il faut laisser le doigt appuyé sur l’icône<br />
pour pouvoir la déplacer ailleurs. Chaque utilisateur a sa<br />
propre expérience mais suit un ensemble de règles qui lui sont<br />
imposées par les constructeurs de cette réalité <strong>numérique</strong>.<br />
On pourrait appeler cela des « prescriptions de perception ».<br />
C’est la raison pour laquelle il existe une certaine incohérence<br />
d’usage entre les systèmes d’exploitation des différents<br />
fabricants. Si chaque environnement propose une expérience<br />
cohérente des différentes applications, cela crée une architecture<br />
de règles qu’on appelle des bonnes pratiques pour<br />
l’IHM (Interface Homme-Machine ou en anglais, Human<br />
Interface Guidelines, HIG). Ce sont les lignes directrices que<br />
doivent suivre les développeurs pour produire de nouveaux<br />
logiciels. (figure : Apple Human interface Guidelines) Grâce<br />
à ces habitudes, à ces usages que les utilisateurs se sont appropriés,<br />
le mode d’emploi n’est plus nécessaire.<br />
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