Perception(s) numérique(s) - Shin Kim

. La transformation de notre perception de la texture
70. IHDE Don, Postphenomenology and
Technoscience: The Peking University
Lectures, SUNY Press, 2009, p.43
« Instrument panels remain referencial
but perceptually they display dial,
guages or other readable technologies
into the human-world relationship.
And while, referencially, one read
through the artifact, bodily perceptually
it is what is read. I formalize this relation
as hermaneutic relation ».
71. IHDE Don, Technology and the
lifeworld : From Garden to Earth, op.cit.,
p.86.
La deuxième relation individu/technologie définie par
Don Ihde est la relation herméneutique, que la perception
de la texture d’un objet illustre bien. « Les tableaux de bord
restent une référence - un instrument - pour se repérer, mais,
du point de vue de leur perception, ils affichent des cadrans,
des jauges, ou d’autres technologies lisibles dans la relation
homme-monde. En parcourant l’artefact, la lecture est « ce
qui est lu », sur le plan perceptif, corporel. Je formalise cette
relation comme une relation herméneutique. » 71 Dans le cas
d’un objet technique, l’interaction peut prendre la forme
d’une lecture plutôt que d’une perception. Ihde utilise
l’exemple du thermomètre sur lequel on lit la température :
« la relation herméneutique est caractérisée par une liaison
‘‘semi-opaque’’ entre la technologie (le thermomètre) et le
référent (la température). » 72
Nous avons vu dans la première partie avec l’exemple du
double portrait Les ambassadeurs de Hans Holbein comment
notre vue est sollicitée pour identifier d’autres caractéristiques
physiques de l’objet, notamment la texture et la résistance.
La technique de la peinture à l’huile a permis de représenter
de manière plus réaliste la texture des objets. Le fait
que l’on puisse déterminer la texture d’un objet uniquement
avec notre vue est déjà une forme de relation herméneutique.
Aujourd’hui, la technique numérique et la haute
résolution des images qu’elle permet nous invite à une
expérience plus élaborée de la texture. Elle nous permet
même de retrouver de vraies sensations tactiles sans contact
physique avec l’objet : cette nouvelle expérience marque un
second degré de la relation herméneutique.
Revel est un projet développé par le Disney Research Lab à
partir d’une nouvelle technologie qui modifie la perception
tactile du monde physique. 73 Un petit dispositif attaché à
l’objet émet de faibles signaux électriques qui transmettent
une sensation tactile artificielle à l’utilisateur. Elle permet
par exemple de pouvoir sentir la texture d’un arbre dessiné
sur un tableau, ou même de « toucher » un objet exposé dans
une vitrine. Ces signaux sont de pures créations numériques,
des compositions mathématiques qui essaient de mimer la
sensation tactile analogique.
Un autre exemple issu du même laboratoire est la Tesla-
Touch (2010). Cette interface visuelle permet de ressentir
une variation de la sensation tactile directement sur l’écran.
Un système de vibrations électrostatiques permet de sentir
les différentes surfaces présentées sur l’écran. Ici, la personne
voit et touche en même temps un objet représenté numériquement
: la correspondance entre les deux organes sensoriels
REVEL: A Tactile Feedback Technology
for Augmented Reality
www.disneyresearch.com/project/revelprogramming-the-sense-of-touch/
72. Projet “REVEL” est réalisé par Olivier
Bau et Ivan Poupyrev (Disney Research
Pittsburgh) en 2012
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