Pays : FR Périodicité : Mensuel OJD : 157304 Date : Fevrier <strong>2021</strong> Page <strong>de</strong> l'article : p.6-9 Journaliste : William Coop- Phane Page 1/4 Mieux vivre Libérezvous <strong>de</strong>s étiquettes f Dans le vin comme ailleurs, les tendances et les mo<strong>de</strong>s se multiplient, jusqu’à la <strong>de</strong>rnière • en date, les crus vegan. Leur point commun : elles sont portées par <strong>de</strong>s vignerons qui veulent sortir <strong>de</strong>s sentiers battus. Découverte. Enquête: William Coop-Phane Tous droits réservés à l'éditeur VIGNERONS 1552050600505
Pays : FR Périodicité : Mensuel OJD : 157304 Date : Fevrier <strong>2021</strong> Page <strong>de</strong> l'article : p.6-9 Journaliste : William Coop- Phane Page 2/4 ini les petits blancs, les gros rouges et les rosés glacés. Aujourd’hui, les vins s’affranchissent <strong>de</strong>s clichés. Il en existe désormais pour tous les goûts, toutes les couleurs, tous les prix et toutes les convictions. Difficile par fois <strong>de</strong> s’y retrouver. L’impression <strong>de</strong> confusion est accentuée par une double tendance. D’un côté, <strong>de</strong>s vins qui sortent volontairement <strong>du</strong> carcan <strong>de</strong> l’appellation pour se présenter comme simples « vins <strong>de</strong> France », essentiellement parce que le vigneron souhaite tra vailler librement <strong>de</strong>s cépages non autorisés dans son aire géographique. De l’autre, <strong>de</strong>s crus qui jouent <strong>de</strong> plus en plus l’étiquette pour correspondre à l’air <strong>du</strong> temps. A l’instar <strong>de</strong>s « vins métho<strong>de</strong> nature » et <strong>de</strong>s crus vegan qui se cherchent une légitimité à grand renfort <strong>de</strong> logos et <strong>de</strong> labels. Ces <strong>de</strong>rniers ne sont, pour l’heure, reconnus que par les associations qui les promeuvent. Dans tous les cas, l’Institut national <strong>de</strong> l’origine et <strong>de</strong> la qualité (Inao) doit faire face <strong>de</strong> plus en plus sou vent à <strong>de</strong>s viticulteurs soucieux <strong>de</strong> bien travailler la vigne, quitte à ne pas suivre <strong>de</strong>s règles considérées comme trop conventionnelles, voire archaïques. Pour les consommateurs, ce sont <strong>de</strong>s occasions <strong>de</strong> s’ouvrir à <strong>de</strong> nouvelles découvertes œnologiques. géographique peuvent également être issus à partir <strong>de</strong> plusieurs millésimes différents. Ce qui ne leur interdit pas <strong>de</strong> mentionner les cépages et/ou un millésime. Difficile d’y voir clair donc. Oublions les rouges qui tachent et profitons <strong>de</strong>s pépites composées par <strong>de</strong>s vignerons rebelles et exigeants qui choisissent <strong>de</strong> pro <strong>du</strong>ire leur vin en VDF dans le respect d’une viticulture <strong>de</strong> qualité. On les découvre autant avec Stéphane Bernau<strong>de</strong>au ou Louis-Benjamin Dagueneau, en bord <strong>de</strong> Loire, que dans la vallée <strong>du</strong> Rhône, chez Jean-Michel Stéphan avec sa cuvée Vin sans Origine ou Jean-Michel Gerin et sa Champine en 100% syrah. • Notre avis. Le pire peut côtoyer le meilleur. Sans i<strong>de</strong>ntification locale officielle, les vins <strong>de</strong> France n’ap portent pas <strong>de</strong> garantie quant à leur qualité <strong>de</strong> pro<strong>du</strong>c tion. La solution? Discuter avec le vigneron dans son domaine ou lors d’un salon, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r conseil à son caviste, déguster et se forger son propre jugement. • Notre sélection. Domaine Jean-Michel Gerin, La Champine, vin <strong>de</strong> France (Rhône), rouge, 2<strong>01</strong>8, 11 € (photo 1) ; domaine Pierre Cros, Les Mal-Aimés, vin <strong>de</strong> France (Languedoc), rouge, 2<strong>01</strong>9, 14 € (photo 2); domaine Richard Leroy, Les Noëls <strong>de</strong> Montbenault, vin <strong>de</strong> France (Loire), blanc, 2<strong>01</strong>7, 65 € ; Combernand, La Cluse <strong>de</strong>s Peintres, Les Grangeons <strong>de</strong> l’Albarine, vin <strong>de</strong> France (Savoie), 2<strong>01</strong>8,19,60 €. Vins hors appellation, les affranchis Au moment où les notions <strong>de</strong> terroir, d’origine et <strong>de</strong> traçabilité <strong>de</strong>viennent <strong>de</strong>s critères déterminants pour les pro<strong>du</strong>cteurs et les consommateurs, il se développe chez certains viticulteurs un contre-courant porté par la volonté <strong>de</strong> se libérer <strong>de</strong>s cahiers <strong>de</strong>s charges et <strong>de</strong>s contraintes réglementaires liés aux appellations. Une démarche qui se tra<strong>du</strong>it sur les étiquettes par la déno mination « vin <strong>de</strong> France » (VDF), qui remplace <strong>de</strong>puis 2009 celle <strong>de</strong> « vin <strong>de</strong> table », entachée d’une réputation <strong>de</strong> piquette. Cette catégorie exclut les vins d’appellation d’origine protégée (AOP, anciennement AOC) et d’indi cation géographique protégée (IGP, les anciens vins <strong>de</strong> pays). Autrement dit, les VDF regroupent les vins assem blés indifféremment <strong>de</strong> leur provenance régionale, donc <strong>de</strong> leur terroir et <strong>de</strong>s encépagements autorisés. Car cultiver un cépage qui ne figure pas dans le ca talogue <strong>de</strong> l’aire géographique délimitée écarte d’em blée le vin <strong>de</strong> l’AOP ou <strong>de</strong> l’IGP concernée. A l’instar d’un Eloi Dürrbach en Provence, dont la pro<strong>du</strong>ction <strong>de</strong> son domaine <strong>de</strong> Trévallon, élaborée en cabernet-sauvignon pour partie, sort <strong>de</strong> l’appellation baux-<strong>de</strong>-provence. De la même manière, si la parcelle n’est pas plantée dans un terroir classé AOP ou IGP, la mention « vin <strong>de</strong> France » est automatiquement apposée. Ces vins sans indication Vins jaunes, la typicité d’un terroir C’est un tout petit terroir aux confins <strong>du</strong> Doubs et <strong>de</strong> la Bourgogne. Ici, les vignobles en terrasses et en plat s’éten<strong>de</strong>nt sur moins <strong>de</strong> 80 kilomètres <strong>de</strong> long, d’arêtes en vallées, face aux paradoxes <strong>du</strong> climat, entre le soleil continental qui tape fort l’été, les froids glaciaux <strong>de</strong> la montagne et les nombreuses pluies qui en font les vignes les plus arrosées <strong>de</strong> France. Réputé pour ses saveurs particulières, le vin jaune est élaboré à partir d’un seul cépage local, le savagnin. A ne pas confondre avec le vin <strong>de</strong> paille qui, lui, est liquoreux. Le vin jaune est ven dangé tard dans l’année, autour <strong>de</strong> la Toussaint, avec <strong>de</strong>s grains surmûris. Le raisin est alors pressé et son jus mis en fûts <strong>de</strong> chêne pendant six ans et trois mois. Il est ensuite embouteillé le premier week-end <strong>de</strong> février dans <strong>de</strong>s clavelins, <strong>de</strong>s flacons <strong>de</strong> 62 centilitres dont la forme très spécifique a été conçue au XVIIIe siècle. Son élevage très long permet au liqui<strong>de</strong> <strong>de</strong> s’évaporer en partie et cette « part <strong>de</strong>s anges » n’étant pas compensée par <strong>de</strong>s ajouts, il se développe naturellement un voile <strong>de</strong> levure à la surface qui protège le vin <strong>de</strong> l’oxydation. Le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> fabrication confère à ce breuvage vif et sec <strong>de</strong>s teintes d’or et <strong>de</strong>s saveurs prononcées <strong>de</strong> noix, <strong>de</strong> miel, <strong>de</strong> fruits secs et d’épices comme le safran et le Tous droits réservés à l'éditeur VIGNERONS 1552050600505