ultreïa - Schweizerischen Vereinigung der Freunde des Jakobsweges
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PELERINAGE ET ANIMAUX<br />
Une rencontre émouvante<br />
Nous sommes partis, mon mari et<br />
moi-même, le 9 mars 2001 du Puyen-Velay,<br />
pour rallier Santiago de<br />
Compostela. Nous y sommes parvenus<br />
le 25 mai. Lors de ce voyage,<br />
nous avons fait étape à Castojeriz,<br />
à la taverne, dont Antonio le patron<br />
est un homme adorable. Voici le<br />
récit de cette journée de rencontre<br />
très spéciale.<br />
Castrojeriz-Boadilla del Camino<br />
Le chien aperçu hier nous fait une<br />
fête incroyable et saute de joie en<br />
voyant nos sacs à dos. Antonio doit<br />
l’enfermer dans le patio tellement<br />
il est excité. Il nous dit que chaque<br />
matin, son chien part avec un pèlerin<br />
et qu’il l’accompagne jusqu’à<br />
l’étape suivante, son maître va le<br />
rechercher le soir. Manifestement,<br />
le chien nous a choisis. Nous partons<br />
donc avec lui, un petit peu inquiets<br />
quant à son comportement<br />
puisque nous ne savons rien de<br />
lui, même pas son nom, qu’Antonio<br />
a omis de nous dire. Va-t-il suivre<br />
tous les pèlerins, ou vraiment<br />
nous ? La question est très vite réglée.<br />
Il connaît très bien la route,<br />
et pour cause, est très obéissant et<br />
prudent sur les routes, et il nous<br />
suit comme la prunelle de ses yeux.<br />
Comme Philippe est souvent en<br />
avant dans cette portion du début<br />
qui monte pas mal, le chien fait la<br />
navette entre nous deux. C’est assez<br />
hallucinant, il se comporte comme<br />
si nous étions ses maîtres. En arrivant<br />
dans un village où le bar est<br />
fermé, nous avons la surprise de<br />
voir notre chien s’écarter du chemin<br />
balisé et nous conduire dans<br />
une ruelle où il y a un bar ouvert !<br />
C’est là que nous apprenons qu’il<br />
s’appelle Bernie, car sur le camino,<br />
tout le monde le connaît. Avec notre<br />
chien d’un jour, nous passons<br />
une excellente journée. Nous nous<br />
arrêtons avant Frómista, à Boadilla<br />
del Camino, dans un refuge<br />
tout neuf qu’on nous avait signalé à<br />
Navarrete. Nous téléphonons à Antonio<br />
pour lui dire où nous sommes<br />
et en attendant qu’il arrive, deux<br />
heures plus tard, Bernie ne nous<br />
quitte pas d’une semelle et chaque<br />
fois que l’un de nous deux se lève, il<br />
nous accompagne, c’est incroyable,<br />
il ne nous a jamais confondus avec<br />
d’autres et il nous a apporté beaucoup<br />
durant cette journée. Antonio<br />
arrive vers 18 heures et il nous propose<br />
de nous conduire à Frómista<br />
pour visiter la magnifique église romane,<br />
car lorsque nous y passerons<br />
demain matin, elle sera fermée, il<br />
nous redéposera au retour. Nous<br />
acceptons avec plaisir et nous voici<br />
longeant le canal de Castille. Arrivés<br />
là, Antonio nous laisse visiter,<br />
lui même s’en va avec la jeune fille<br />
et nous dit qu’il nous attendra au<br />
bar à côté lorsque nous aurons fini.<br />
Bernie ne suit pas son maître et reste<br />
avec nous, il nous suit même dans<br />
l’église et nous devons y aller à tour<br />
de rôle pour qu’il reste dehors, c’est<br />
assez étonnant. Au retour, Antonio<br />
nous dépose à Boadilla et nous lui<br />
faisons <strong>des</strong> adieux chaleureux, cet<br />
homme est vraiment la serviabilité<br />
personnifiée, Bernie reste dans<br />
le break, tourné vers nous et il ne<br />
nous lâchera pas du regard jusqu’à<br />
ce que la voiture disparaisse au détour<br />
de la rue, j’en ai la gorge serrée<br />
et les yeux pleins de larmes. Quel<br />
chien extraordinaire ! Ce Chemin<br />
34 ULTREÏA No 48 -Nov 2011