ultreïa - Schweizerischen Vereinigung der Freunde des Jakobsweges

ULTREÏA No 48 - Nov 2011
PILGERN UND TIERE
Le poney Banderilla fut un bonheur
Partir sur le chemin de Compostel- et nous prouvait tous les jours sa
le était un rêve qui m’accompagnait docilité. Les étables rencontrées en
depuis longtemps, mais je remet- route lui servaient de gîte, elle dortais
toujours à « plus tard »… et un mait aussi bien avec les poules, les
jour, en 2001, la vie m’a stoppée net chèvres, ou seule dans une berge-
dans un quotidien très actif : une rie de montagne. Mais il n’était pas
méchante poussée de sclérose en toujours facile de lui trouver un abri
plaques (SEP) me frappa de plein pour la nuit, et un soir nous la lais-
fouet ! Quel choc ! La vie m’oblisons dans un petit pré clôturé avec
geait à m’asseoir pour un temps et à un simple fil. Quelques heures plus
me poser les bonnes questions… tard, c’est la consternation : Ban-
L’une des réponses fut totalement
spontanée et me surprit vraiment
: « Si je me relève, j’irai à
Compostelle ! »
Sept ans plus tard, ma santé était
bien meilleure, et une association
fut créée autour de mon projet :
partir marcher 500 km sur le camino
« malgré et pour la SEP »,
je partirai accompagnée de deux
amis et d’un chien fidèle. Le départ
fut fixé le 15 septembre 2008
depuis Burgos. Et je savais qu’il me
faudrait de l’aide pour franchir les
montagnes au rythme imposé par
la disponibilité de mes amis, donc
nous avons prévu de louer un poney
en route. Saint Jacques s’en est
tout de suite mêlé et, comme par
enchantement, près d’Astorga nous
faisons la connaissance d’un homderilla
a disparu ! Nous ameutons
la Guardia Civil, et la magie opère
une fois de plus. Nous apprenons
rapidement que Banderilla a été recueillie
non loin et qu’elle est entre
de bonnes mains, merci saint Jacques
! Même au milieu de la nuit, sa
lumière aura été bienveillante…
Et le plus beau miracle s’est produit
le jour de notre arrivée à Compostelle
: nous savions que nous ne pourrions
rester que très peu de temps
sur la grande place avec nos deux
animaux ; eh bien, ce jour-là il n’y
avait pas un garde à l’horizon, nous
avons pu savourer tous les cinq notre
arrivée devant la cathédrale, et
sommes restés environ deux heures
à contempler ce lieu merveilleux et
savourer la béatitude d’avoir atteint
notre but.
me qui a une petite jument blanche En conclusion, c’est assez diffici-
à louer. J’avais entendu parler de le de parcourir le camino avec des
la magie du chemin mais là c’était animaux ; sur le tronçon espagnol,
époustouflant ! Tout semblait pré- les chiens ne sont pas les bienvevu
d’avance, il n’y avait qu’à suivre nus dans les lieux publics, et mon
le courant…
amie Nadia cherchait parfois long-
Dès le lendemain, nous cheminons
avec Banderilla. Banderilla fut un
bonheur, pleine d’allant et de bonne
volonté elle me portait vers les
hauts sommets, n’avait peur de rien
temps un abri pour notre petite jument.
Malgré tout, ce fut un réel
privilège pour nous de vivre cet
équipage composé de trois bipèdes
et deux quatre-pattes, et nous en
41