ultreïa - Schweizerischen Vereinigung der Freunde des Jakobsweges

PELERINAGE ET ANIMAUX
la saisis délicatement dans un coupon
de papier, pressai... là étaient
le mobile du meurtre et la preuve :
une tache de sang s’étalait sur le papier
– le mini vampire s’était bien
rempli la panse aux dépens de sa
victime la nuit précédente. Content
de ma trouvaille, c’est avec frénésie
que je manipulai la bombe d’insecticide
sur tous les angles, sur les
renforts des matelas... combat répété
chaque jour.
J’éprouvais beaucoup de réticence
à demander abruptement aux pèlerins
fraîchement arrivés s’ils souffraient
de piqûres dues à des insectes.
Or, quelques jours plus tard
se présente une jeune Américaine.
Assise en face de moi, elle pose sa
main droite sur son avant-bras
gauche (comme pour cacher quelque
chose ?), ou simplement mon
attention est attirée par de minuscules
cloques sur 3 cm près de son
poignet. On parle, elle mentionne
des démangeaisons. C’est bien
« ça ». Illico j’applique le plan de
bataille prescrit : sac à dos dehors,
la jeune femme se défait de ses vêtements
de dessus et tous ses objets
sont enfouis dans un sac en plastique
que je ferme avec une ficelle
et dépose en plein soleil devant le
mur à l’entrée. Seulement, manque
de pot : cet après-midi-là, le ciel est
nuageux, il ne fait pas très chaud –
je ne suis pas sûr que l’intérieur du
sac ait dépassé les 50°C requis pour
estourbir la vermine...
J’ai souvent une pensée de sympathie
pour tous les collègues hospitaleros
et hospitaleras qui, jour
après jour, sont vigilants et qui, au
jour J chaque mois et demi, vivent
le grand jour de la désinsectisation
générale du refugio. Ultreïa !
Norbert Walti
Les couvertures en laine doivent être secouées le matin
48 ULTREÏA No 48 -Nov 2011