Frans Doperé Docteur en sciences L'extraction, la tail<strong>le</strong> <strong>et</strong> la mise en œuvre du calcaire gréseux de Gobertange au Moyen Age
I. Introduction Dans <strong>le</strong> présent artic<strong>le</strong>, nous étudions <strong>le</strong> calcaire gréseux ( 1 ) du Bruxellien à partir de son extraction à Gobertange jusqu'à sa mise en oeuvre dans l'architecture brabançonne au Moyen Age. Grâce à la densité é<strong>le</strong>vée de bâtiments médiévaux dans l'est du Brabant, nous pouvons commencer notre enquête déjà à partir du Xl<strong>le</strong> sièc<strong>le</strong> <strong>et</strong> la clôturer sur <strong>le</strong>s grands chantiers du XVIe sièc<strong>le</strong>. Comme la maçonnerie de la nef préromane de l'église Saint-Lambert à Overlaar (Tienen-Tir<strong>le</strong>mont) contient quelques pierres taillées en calcaire gréseux, provenant probab<strong>le</strong>ment d'une villa gallo-romaine toute proche, nous consacrerons éga<strong>le</strong>ment un paragraphe à c<strong>et</strong>te période pendant laquel<strong>le</strong> ont été é<strong>le</strong>vés vraisemblab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s bâtiments <strong>le</strong>s plus anciens en calcaire gréseux. L'étude récemment renouvelée <strong>des</strong> comptes de construction de la collégia<strong>le</strong> Saint-Sulpice (XlVe-XVIe sièc<strong>le</strong>) ( 2 ) à Diest, <strong>des</strong> collégia<strong>le</strong>s Saint-Pierre (XVe sièc<strong>le</strong>) ( 3 ) <strong>et</strong> Saint-Jacques (XVe-XVIe sièc<strong>le</strong>) ( 4 ) à Leuven (Louvain), de l'église Saint-Jean-Baptiste du Grand Béguinage (XVe sièc<strong>le</strong>) ( 5 ) dans la même vil<strong>le</strong>, <strong>des</strong> remparts (XVIe sièc<strong>le</strong>) ( 6 ), de la chapel<strong>le</strong> Notre-Dame-au-Lac (XlVe-XVe sièc<strong>le</strong>) ( 7 ), AAM. : Archief Aartsbisdom Meche<strong>le</strong>n. AOLV. : Archief Onze-Lieve-Vrouw ten Poel. SAT. : Stadsarchief Tienen. (') Nous avons appelé c<strong>et</strong>te pierre grès calcareux dans nos publications précédentes. Dorénavant, nous adopterons la dénomination calcaire gréseux comme proposé dans DE JON- GHE, (S.), GEHOT, (H.), GENICOT, (L.F.), WEBER, (Ph.) <strong>et</strong> TOURNEUR, (F.), Pierres à bâtir traditionnel<strong>le</strong>s de la Wallonie, p. 142-143. Nous signalons la publication de deux rapports remarquab<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> grès lédien communiqués en 1910 par M. Mortier <strong>et</strong> l'abbé Maere aux <strong>Commission</strong>s roya<strong>le</strong>s d'Art <strong>et</strong> d'Archéologie (Bul<strong>le</strong>tin <strong>des</strong> <strong>Commission</strong>s roya<strong>le</strong>s d'Art <strong>et</strong> d'Archéologie, 49, 1910, p. 341-391). Le premier rapporteur donne un aperçu <strong>des</strong> différentes carrières <strong>et</strong> <strong>des</strong> bancs exploités. Il différencie dans <strong>le</strong>s archives une pierre de tail<strong>le</strong> flamande <strong>et</strong> une brabançonne. Il donne aussi certains détails sur <strong>le</strong> genre d'appareil, la mise en oeuvre de la pierre <strong>et</strong> sur la technique de tail<strong>le</strong> entre <strong>le</strong> Xl<strong>le</strong> <strong>et</strong> <strong>le</strong> XVIe sièc<strong>le</strong>. L'abbé Maere discute la dénomination pierre de Ba<strong>le</strong>gem <strong>et</strong> plaide pour une plus grande précision dans l'indication de l'origine de la pierre. Le terme Vlaamschen arduin ou pierre de tail<strong>le</strong> flamande regroupe une dizaine de carrières à l'ouest de Aalst <strong>et</strong> au nord de Zottegem, dont la carrière de Ba<strong>le</strong>gem. Le Brabantschen arduin est extrait entre Aalst <strong>et</strong> Bruxel<strong>le</strong>s <strong>et</strong> près de Leuven. La dénomination Brusselschen arduin représente un sous-groupe de carrières <strong>des</strong> environs immédiats de Bruxel<strong>le</strong>s, notamment cel<strong>le</strong>s de Diegem <strong>et</strong> de Dilbeek. Ce rapport montre certains parallè<strong>le</strong>s avec notre propos : <strong>le</strong> début de l'exploitation <strong>des</strong> carrières au Xl<strong>le</strong> sièc<strong>le</strong>, l'importance <strong>des</strong> différentes carrières à différentes époques. Il énumère en plus une vingtaine de sites pour <strong>le</strong>squels il cite <strong>des</strong> extraits de comptes avec <strong>le</strong>s noms <strong>des</strong> tail<strong>le</strong>urs de pierre <strong>et</strong> <strong>le</strong>s types de pierres taillées livrés. Nous remercions vivement monsieur F. Tourneur de nous avoir communiqué ce document remarquab<strong>le</strong> pour l'époque. ( 2 ) HALFLANTS (J.), De Sint-Sulpitiuskerk te Diest, Kunsthistorische studie, I, dans De Vrienden van St.-Sulpitiuskerk, Jaarboek, Diest, 1992; Idem, II, dans De Vrienden van St.-Sulpitiuskerk, Jaarboek, Diest, 1993-1994; Idem, III, dans De Vrienden van St.-Sulpitiuskerk, Jaarboek, Diest, 1995-96. ( 3 ) DOPERE (F.), Les techniques de tail<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> grès calcareux : une nouvel<strong>le</strong> méthode pour déterminer la chronologie <strong>et</strong> étudier l'évolution <strong>des</strong> chantiers dans l'Est du Brabant pendant la première moitié du XVe sièc<strong>le</strong>, dans Acta Archaeologica Lovaniensia, Monographiae, 8, 1995, p. 415-439. ( 4 ) Idem. ( 5 ) BERGMANS (A.) <strong>et</strong> DE MAEGD (C.), De Sint-Jan-de-Doperkerk van h<strong>et</strong> Groot Begijnhof in Leuven, dans M & L, Monumenten en Landschappen, 4(4), 1985, p. 6-28. ( 6 ) DOPERE, (F.), De midde<strong>le</strong>euwse bouwwerven, dans Tienen in de midde<strong>le</strong>euwen (cat. d'exposition), Tienen, 1998 (en préparation). O Idem. 47
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