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120 COINS DE PARIS
C'est que chaque rue, chaque carrefour, chaque maison
presque, a vu dfiler quelque sombre cortge ou clbrer
quelque fte de victoire.
Sur tous ces vieux murs noirs de Paris, des mains de
femmes ou d'artistes ont su placer des fleurs ou des
cages d'oiseaux, et il n'est si triste ruelle qui
lie recle
un peu de posie et de rve, des girofles et des
chansons.
La prison des Carmes est proche, rue de Vaugirard,
l'angle de la rue d'Assas, et le dcor est rest intact
qui servit l'horrible drame des gorgements de 1792.
On retrouve encore, au pied de l'escalier, le carrelage
de la petite pice o entre deux couloirs, Maillard plaa
la chaise et la table qui constiturent le tribunal sanglant
des massacres de Septembre; le balcon, tapiss de
plantes grimpantes, par o dbouchrent les malheureux
qui tombaient assomms, lards de coups de pique, ou
que l'on tirait dans le grand jardin ; et l'on peut lire,
au premier tage, sur le mur qui porte l'empreinte
rouge des sabres dgouttant de sang
dont se servirent
les tueurs, les signatures des belles prisonnires qui,
pendant de longs jours, anxieuses, terrifies, attendaient
chaque soir le fatal bulletin de comparution au Tribunal
: Mesdames d'Aiguillon, Terezia Cabarrus-Tallien,
Josphine de Beauharnais. A cette poque, Tallien,
suspect lui-mme, tranant aprs lui une meute d'espions,
rdait du soir au matin autour de celte sinistre prison