Untitled

LA RIVE GAUCHE 189
tonnante, l'une des plus tranges de cet trange quar-
tier: la ruelle des Gobelins. Elle coule, teinte en rouge,
en vert, en jaune, au milieu de maisons rapices,
lpreuses, misrables, hors d'aplomb, dans une odeur
d'ammoniaque. Cependant, prs de ces taudis, parmi des
monceaux de tan, ct de fosses o macrent des
peaux de btes corches, un bijou sculpt surgit comme
un rappel de beaut, un vestige de splendeur passe :
les restes sculpts d'un adorable pavillon Louis XV dont
M. de Julienne avait fait un rendez-vous de chasse, et
ce paradoxe charmant, cette fleur de pierre jete au
milieu de cet amas de hideurs n'est pas l'une des moin-
dres surprises de ce stupfiant quartier.
Cependant, quelques mtres de cette sentine, les
artistes de la Manufacture des Gobelins ont dispos
leurs jardins de travail et d'tudes, o clatent la
pourpre, l'or et l'azur des plus jolies fleurs de France
qui, habilement distribues, jettent un tapis de couleurs
exquises et fulgurantes dans ce
misre.
triste et sombre pays de
Aux confins de la ville se rencontre la Butte-aux-
Cailles, un vaste terrain inculte, triste et morne qui,
jusqu'en 1863, fut une sorte de frache campagne avec
des moulins et des fermes. C'est aujourd'hui un quartier
de dur labeur o des tribus de chiffonniers trient les
paves de Paris; l'angle de la ruelle des Peupliers, des
marchands de bches ont tabli leurs cabanes, et des