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186 COINS DE PARIS<br />
place en place, le long des maigres berges, quelques<br />
blanchisseuses ont plac leurs tonneaux au ras de cette<br />
eau et chantent en battant le linge, ou de misrables<br />
gamins tentent la pche illusoire de quelque poisson<br />
gar dans ce ruisseau mphitique. Puis la Bivre<br />
disparat nouveau sous terre pour ne reparatre<br />
qu' la rue des Gobelins. Ici, tout au moins, se<br />
retrouvent quelques traces d'un glorieux pass. Les<br />
vieilles maisons d'autrefois sont restes debout. Mais<br />
combien transformes! Les usiniers et les commerants,<br />
aprs avoir asservi la rivire, ont acquis les htels qui<br />
la bordent.<br />
Des bureaux, des entrepts, des resserres cuir ont<br />
envahi les nobles logis du xvi e<br />
sicle,<br />
et la Bivre<br />
circule comme honteuse au milieu de pauvres jardins<br />
dchus, comme elle, de leur antique splendeur.<br />
Puis ce sont encore des usines, des corroiries, des<br />
peausseries, des coins noirs, toujours puants et sordides,<br />
o des milliers de peaux de lapins suspendues dans<br />
avec des<br />
l'air, racornies et sches, s'entrechoquent<br />
claquements de bois. Jusqu'au bout, la malheureuse<br />
rivire, traque, utilise, torture, nettoie des peaux<br />
sanglantes, meut de lourdes roues, ou lave d'tranges<br />
dtritus, au milieu d'une odeur de barge. Enfin, elle<br />
vient s'ensevelir sous le boulevard de l'Hpital, dans de<br />
nausabonds trous noirs.<br />
Mais avant la chute finale, la Bivre voit le jour<br />
presque pour la dernire fois dans une ruelle bizarre,