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68 COINS DE PARIS
n 19, les restes d'une chapelle du xn e
sicle, la
chapelle Saint-Aignan ; saint Bernard y prcha, dit-on.
Ce fut un des nombreux sanctuaires o, pendant la
Terreur, des prtres rfractaires, sous les plus bizarres
dguisements: porteurs d'eau, gardes nationaux, conducteurs
de chariots, maons, parcourant la ville, venaient
dire presque rgulirement la messe aux fidles que
n'effrayrent jamais ni la guillotine, ni les rabatteurs de
Fouquier, ni les porteurs d'ordres des Comits rvolu-
tionnaires. Chose tonnante, pas un jour, pas une heure,
mme aux plus terribles poques de la Terreur, les
secours religieux ne firent dfaut ceux qui les invo-
quaient. C'tait le temps o l'vque d'Agde, dguis
en marchand des quatre-saisons, la barbe longue,
portant les sacrements sous sa carmagnole, courait
Paris, officiant et confessant dans les greniers, dans les
rue Neuve-des-
soupentes, dans les arrire-boutiques ;
Capucins, on disait la messe dans une chambre, audessus
mme du logis qu'habitait le terrible conven-
tionnel Babuf !
Du fond de son cachot, o il relevait le courage des
dtenus (
Il les empche de crier , disait Fouquier-
Tinville) l'abb Emery, suprieur de Saint-Sulpice,
n'avait-il pas organis dans les prisons de Paris un
service de religieux desservant toutes les sinistres
geles, dguiss en commissionnaires, en marchands
d'habits, en blanchisseurs, en commis marchands de
vins ? Jusque sur le chemin de l'chafaud, les malheu-