Untitled

LA RIVE DROITE 281
Plus loin, nous rencontrons l'ancien thtre des
Varits, dont l'antique faade raconte un glorieux
pass : Duvert, Lauzanne, Bayard, Scribe, Meilhac,
Ludovic Halvy et surtout Offenbach, dont la musique
enfivre mit pendant vingt ans le diable au corps
Paris.
Ludovic Halvy, cet exquis notateur de la vie pari-
sienne, nous a donn, d'aprs le Pre Dupin, un croquis
charmant de ce qu'tait le boulevard Montmartre vers
1810 : Les acteurs des Varits avaient t obligs de
quitter la salle de la Montansier ; leurs vaudevilles
avaient plus de succs que les tragdies du Thtre-
Franais. L'Empereur rendit un dcret qui leur retira la
salle du Palais-Royal ; on leur permit de reconstruire
une nouvelle salle sur le boulevard Montmartre !... Un
affreux quartier pour un thtre ? Celait presque la cam-
pagne ;
il n'y avait pas une seule de ces grandes maisons
que vous voyez l ! Rien que des petites choppes un
seul tage, des espces de mchantes baraques en bois
et les deux petits panoramas du sieur Boulogne... Pas
de trottoirs, le sol en terre battue entre deux ranges de
grands arbres... Quelques vieux fiacres et cabriolets pas-
saient de temps en temps... La campagne enfin... C'tait
la campagne !!...
A la hauteur des Varits, commenait ce qu'on
appelait, sans qualificatif, le Boulevard. Pour les fl-
neurs, les dsuvrs, les gens d'esprit, les clubmen, les