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LA HIVE DROITE 255
aperoit, travers l'interstice de deux planches, un
immense jardin. Qu'est-ce que ce jardin? Si on y
entrait? Et le voil, lui et un gamin de son ge, car-
tant et soulevant une planche l'aide des btons de
leurs cerceaux et se glissant, dlicieusement terroriss,
dans ce domaine inconnu... stupeur! ils sont chez la
Belle au Bois dormant. Des herbes folles, des lianes, des
branches, des arbres ont tout envahi. C'est la faune et la
flore des forts vierges, et, pour locataires, des lapins,
des oiseaux, des papillons. Robinson et le fidle Ven-
dredi n'eurent pas plus grande surprise parcourir leur
le que ces deux bambins se perdre dans cet ocan de
verdure.
Sardou se souvient vaguement d'un pavillon ruin
et de vieux murs dcrpits, mais il revoit encore les
talus, les fosss, les escarpements, o lui et son
camarade firent de si dlicieuses escapades, et rien
n'est plus charmant que d'entendre cet exquis et spiri-
tuel Sardou, l'il si fin, au verbe si vocateur, conter
(et avec quel art merveilleux!)
d'autrefois, qu'il regrette si fort et qu'il
bien (*) !
ces histoires du Paris
connat si
Les vieilles demeures ont disparu; une seule subsiste
encore, l'angle del rue Saint-Claude, au n 1; c'est
l'htel clbre o Cagliostro, ce charlatan de gnie,
installa ses fourneaux, ses creusets, ses alambics, ses
(1) Hlas, notre cher et illustre matre n'est plus. V. Sardou est
mort l'an dernier... (1909).