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LA RIVE DROITE 231
la voiture, et c'est entirement dvtu qu'il monta quatre
quatre le sombre escalier de la plus triste maison de
cette triste ruelle.
Elle existe encore, noire, sordide, misrable, la
bicoque o Malet avait donn rendez-vous aux complices
chez l'abb
qu'il, s'tait choisis, au troisime tage,
ahuri et sortant
Cajamanos, un vieux prtre espagnol
de Bictre^).
C'est une prodigieuse aventure que celle du gnral
Malet et qui dconcerte. Ainsi, en 1812, alors que Napolon
semblait au fate des grandeurs humaines, du fond
d'une sorte de cachot, avec l'aide de cinq ou six obscurs
comparses, d'un vieux prtre sachant peine le franais,
d'un officier gnral mis en rforme, d'un sergent presque
illettr et de quelques cerveaux brls; le gnral Malet,
suspect, dtenu, surveill, avait pu tout combiner, tout
prparer pour accrditer le bruit de la mort de l'Em-
pereur, dont on manquait de nouvelles, perdu qu'il
tait dans les steppes glacs de la Russie !
Et
ces
calculs se trouvrent justes! Tous les dignitaires imp-
riaux, depuis le ministre de la police Savary jusqu'au
prfet de la Seine Frochot, acceptrent sans contrle,
sans discussion, sans preuves, les allgations du gnral
Malet. Tous surtout crurent ses belles promesses, et
l'on ne saurait dire o se serait arrt le prodigieux
(1) L'impasse Villehardouin n'existe plus : une importante maison
de commerce a install ses ateliers sur le thtre o se joua la
tragdie de 1812 (1909).