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LA RIVE DROITE 297
rendez-vous ordinaire de flneurs, de boulevardiers
curieux, de modles d'artistes, de filles et de souteneurs
du quartier. L'ancien Montmartre, si pittoresque, se
retrouve surtout dans la rue Saint-Vincent, la rue des
Saules o se rencontre le cabaret du Lapin agile, la rue
de la Fontaine-du-But, rues sordides, bordes de pau-
vres galetas aux fentres garnies de linges schant sur
des cordes et qui semblent, chaque tage, loger une
misre diffrente; rues tranges, comprises gnralement
entre une masure effrite et un enclos de planches
verdies par les pluies et couvertes d'inscriptions ; ces
palissades servent, en effet, d'exutoires aux panchements.
aux confidences des costauds et des gigolettes
du quartier. C'est ainsi que, sans l'ombre de
retenue, le Tatou de la rue de Norvins affiche sa
flamme pour Mireille ; quant Victor le Fris ,
il est ador de son Hermine et s'en vante ; Beau-
ch, nez cass des Batignolles , par contre, nourrit de
noirs dessins contre Hlose la Bouquine . Des rendez-
vous s'y donnent, amoureux ou sinistres, des serments,
des menaces s'y inscrivent. Les grands de la terre y
sont svrement jugs. L'pithte est toujours arnre.
Cela sent la dbauche, le vice et le crime.
Et cependant dans ce coin de Paris que les
embellissements modernes feront certainement dis-
paratre avant peu, il se rencontre d'admirables paysages,
des ruelles exquises pleines de verdure, d'oiseaux, de
pigeons familiers, de merles siffleurs, et l'on se croi-