Microfinance et Genre : Des nouvelles contributions pour une ... - ADA
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<strong>ADA</strong> DIALOGUE, N°37, mai 2007<br />
pI 28<br />
<strong>Des</strong> changements seulement esquissés<br />
A partir de l’exemple indien <strong>et</strong> d’<strong>une</strong> dizaine d’études d’impact réalisées au cours<br />
des dernières années, c<strong>et</strong> article propose de résumer les eff<strong>et</strong>s de la microfinance<br />
sur l’empowerment des femmes, défini ici comme le processus d’accès à plus de<br />
pouvoir, la notion de pouvoir étant entendue au sens large (économique, social<br />
<strong>et</strong> politique). En dépit de la variété des résultats des études d’impact, qui tient<br />
autant à la diversité des contextes, des dispositifs qu’à celle des méthodologies<br />
employées, quelques conclusions comm<strong>une</strong>s émergent. En bref, la "révolution"<br />
annoncée n’a pas encore eu lieu, <strong>et</strong> n’aura probablement pas lieu, en tout cas pas<br />
grâce à la microfinance. L’accès aux services de microfinance perm<strong>et</strong> d’amorcer<br />
ou d’accélérer certains changements, mais se révèle incapable de modifier les<br />
contraintes structurelles - comment prétendre, via un simple outil financier,<br />
bouleverser des normes sociales que des décennies de lutte féministe n’ont pas<br />
réussies à ébranler - tout en suscitant parfois des tensions <strong>et</strong> des conflits ; ici<br />
encore, l’inverse serait surprenant : toute forme de changement social provoque<br />
nécessairement des résistances, des oppositions. Tout processus m<strong>et</strong>tant en<br />
jeu des rapports de pouvoir est par essence conflictuel.<br />
L’impact sur les relations homme/femme<br />
Entrons maintenant dans les détails. L’accès aux services financiers est déjà en<br />
soi novateur. Pour beaucoup de femmes, c’est la première fois qu’elles épargnent<br />
sous forme monétaire. Jusque là, soit elles n’épargnaient pas sous c<strong>et</strong>te forme,<br />
soit elles tentaient de le dissimuler, afin d’éviter les risques d’appropriation par<br />
leur époux. L’acquisition de biens au nom des femmes est probablement l’un<br />
des eff<strong>et</strong>s majeurs, en particulier lorsqu’on sait que l’accès à la propriété reste<br />
<strong>une</strong> source fondamentale d’inégalité dans le contexte indien. Pour beaucoup,<br />
c’est aussi l’occasion de bénéficier <strong>pour</strong> la première fois d’un crédit "productif",<br />
même si l’usage <strong>et</strong> le contrôle de ce crédit leur échappent dans nombre de<br />
cas. Largement dénoncé par certains observateurs suite à <strong>une</strong> étude menée au<br />
Bangladesh dans les années 90, montrant qu’entre 10% <strong>et</strong> 40% des femmes<br />
seulement contrôlaient réellement l’usage du microcrédit, c<strong>et</strong>te question du<br />
"détournement" nous semble difficilement évitable. Comment <strong>pour</strong>rait-il en être<br />
autrement dans un contexte où le budg<strong>et</strong> familial est souvent géré par le chef<br />
de famille ?<br />
Ce qui est intéressant en revanche, c’est l’évolution : un nombre croissant<br />
de femmes ont désormais un droit de regard sur la gestion familiale. Notons<br />
également que nombre d’entreprises sont gérées conjointement, l’époux se<br />
chargeant des relations avec l’extérieur <strong>et</strong> des gros achats. Les entreprises<br />
gérées par les femmes restent confinées dans des secteurs typiquement