Microfinance et Genre : Des nouvelles contributions pour une ... - ADA
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<strong>ADA</strong> DIALOGUE, N°37, mai 2007<br />
pI 74<br />
Hashemi <strong>et</strong>.al (1996) s’interrogent sur l’éventuel impact de l’accès des femmes<br />
au crédit sur leurs conditions de vie, quelle que soit la personne qui exerce le<br />
contrôle managérial. Leurs résultats font penser que l’accès des femmes au<br />
crédit contribue grandement à l’amplitude de leur contribution économique, à<br />
la probabilité d’<strong>une</strong> augmentation des avoirs financiers en leur nom propre, à<br />
<strong>une</strong> augmentation du pouvoir d’achat qu’elles exercent, à leur conscientisation<br />
politique <strong>et</strong> juridique <strong>et</strong> à un indicateur d’autonomisation composite. Les<br />
auteurs ont par ailleurs découvert que l’accès au crédit est aussi associé à un<br />
niveau supérieur de mobilité, de participation politique <strong>et</strong> d’implication dans les<br />
‘décisions majeures’ en faveur d’organisations de crédit particulières.<br />
Holvo<strong>et</strong> (2005) établit que, dans les p<strong>et</strong>its crédits octroyés directement par <strong>une</strong><br />
banque les femmes ne gagnent pas énormément en termes de participation au<br />
modèle décisionnel alors que, lorsque ces prêts transitent par des groupes de<br />
femmes <strong>et</strong> s’accompagnent d’un plus grand investissement dans l’intermédiation<br />
sociale, les modèles de prise de décision se modifient considérablement <strong>et</strong> sousentendent<br />
un déplacement remarquable du respect des normes <strong>et</strong> de la prise de<br />
décision par les hommes vers un modèle où l’on négocie plus <strong>et</strong> où les femmes<br />
prennent des décisions seules. Holvo<strong>et</strong> note que les eff<strong>et</strong>s sont encore bien plus<br />
frappants lorsque les femmes ont fait partie d’un groupe pendant longtemps <strong>et</strong>,<br />
surtout, lorsqu’<strong>une</strong> importance plus grande a été accordée à la mise en place<br />
d’<strong>une</strong> véritable intermédiation sociale qui perm<strong>et</strong>, en outre, aux groupes de<br />
devenir acteurs du changement institutionnel local.<br />
Mayoux (1997) est d’avis que l’impact des programmes de microfinance sur les<br />
femmes n’est pas toujours bénéfique. Les femmes qui ont monté <strong>une</strong> entreprise<br />
ne voient leur revenu augmenter que faiblement mais cela se fait, de plus, au<br />
prix d’un alourdissement des tâches ménagères <strong>et</strong> d’<strong>une</strong> augmentation de la<br />
pression à rembourser. Les hommes de la famille utilisent parfois ces emprunts<br />
<strong>pour</strong> financer leur activité commerciale. A d’autres occasions, les femmes<br />
finissent par travailler bénévolement <strong>pour</strong> l’entreprise familiale sans en profiter<br />
vraiment. Elle <strong>pour</strong>suit en indiquant que dans certains cas, les femmes n’ont<br />
joui d’<strong>une</strong> plus grande autonomie que temporairement <strong>et</strong> que l’homme a fini<br />
par lui r<strong>et</strong>irer son aide. En outre, <strong>une</strong> légère augmentation du revenu de la<br />
femme aboutit à <strong>une</strong> réduction de la contribution masculine à certains frais du<br />
ménage. Rahman (1999), qui utilise <strong>une</strong> approche anthropologique <strong>et</strong> procède<br />
à des entr<strong>et</strong>iens fouillés, <strong>une</strong> observation des participants, des études de cas<br />
<strong>et</strong> <strong>une</strong> analyse des ménages d’un village, découvre qu’entre 40% <strong>et</strong> 70% des<br />
prêts alloués à des femmes sont utilisés par leur conjoint <strong>et</strong> que les tensions<br />
augmentent au sein des ménages (violence conjugale).