Microfinance et Genre : Des nouvelles contributions pour une ... - ADA
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<strong>ADA</strong> DIALOGUE, N°37, mai 2007<br />
pI 32<br />
prise de décision, mais simplement comme un élément susceptible de modifier<br />
les paramètres de choix (Kabeer, 1997). L’indépendance financière accroît les<br />
marges de manœuvre des femmes au sein d’<strong>une</strong> structure donnée qui elle,<br />
n’évolue que très lentement. C<strong>et</strong>te perspective perm<strong>et</strong> d’interpréter de manière<br />
réaliste <strong>et</strong> raisonnable les potentialités de la microfinance.<br />
C<strong>et</strong> outil offre aux femmes <strong>une</strong> opportunité supplémentaire susceptible<br />
d’accroître leur pouvoir de négociation au sein d’un cadre constitué de<br />
l’ensemble des normes sociales <strong>et</strong> sexuées en vigueur au sein d’<strong>une</strong> société<br />
donnée, <strong>et</strong> qui régulent les comportements féminins <strong>et</strong> masculins. Ces normes<br />
sont le fruit d’<strong>une</strong> dialectique permanente entre pratiques individuelles <strong>et</strong><br />
contraintes collectives. Elles ne sont ni figées, ni irréversibles. Mais le poids<br />
des systèmes de représentation <strong>et</strong> leur caractère normatif leur donnent <strong>une</strong><br />
inertie parfois déconcertante. Etre conscient du poids <strong>et</strong> de l’inertie des normes<br />
sociales incite à rester modeste quant aux eff<strong>et</strong>s possibles de la microfinance :<br />
quelle que soient la qualité de l’offre <strong>et</strong> le degré de technicité des produits<br />
financiers proposés, la route vers l’égalité sera nécessairement longue, <strong>et</strong> si la<br />
microfinance y contribue, cela ne peut être que de manière marginale.<br />
Dépasser les conceptions instrumentales<br />
En guise de conclusion, que peut-on proposer <strong>pour</strong> améliorer les eff<strong>et</strong>s de la<br />
microfinance ? Il devient urgent de dépasser les conceptions instrumentales<br />
qui prévalent aujourd’hui. A l’heure actuelle, le ciblage des femmes s’explique<br />
essentiellement <strong>pour</strong> des raisons d’efficacité : on suppose d’<strong>une</strong> part que les<br />
femmes affecteront davantage leurs revenus au bien-être de la famille (Guérin,<br />
2000), <strong>et</strong> d’autre part que les femmes sont plus "dociles" <strong>et</strong> plus "disciplinées" en<br />
matière de remboursement. Les arguments d’équité - considérer la microfinance<br />
comme un droit <strong>pour</strong> les femmes <strong>et</strong> au service de la lutte contre les inégalités de<br />
genre - sont finalement limités à <strong>une</strong> minorité d’organisations. Ce constat, fait<br />
à plusieurs reprises à l’échelle de la planète (Brown, 2002 ; Fernando, 2006)<br />
se r<strong>et</strong>rouve sur le terrain indien, alors que 95% de la clientèle est composée de<br />
femmes.<br />
Pour de nombreux responsables d’ONG, la question "Pourquoi ciblez-vous les<br />
femmes ?" est en fait surprenante tant la réponse semble aller de soi. Elles<br />
n’ont que peu conscience des discriminations qui pèsent sur les femmes <strong>et</strong><br />
ne développent pas d’actions spécifiques en ce sens. La position des autorités<br />
publiques est encore plus problématique. Alors qu’à l’origine la microfinance a<br />
été introduite par des organisations de la société civile privilégiant <strong>une</strong> approche<br />
globale de la microfinance (Fisher <strong>et</strong> Sriram, 2002), aujourd’hui en Inde du