Microfinance et Genre : Des nouvelles contributions pour une ... - ADA
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<strong>ADA</strong> DIALOGUE, N°37, mai 2007<br />
pI 44<br />
quant à d’autres investissements, par la charge des dépenses de subsistance<br />
du ménage, le manque de temps dû aux tâches domestiques non rémunérées<br />
<strong>et</strong> la faible mobilité. A ces inégalités s’ajoutent les obstacles à la sexualité <strong>et</strong> la<br />
violence sexuelle qui, dans nombre de cultures, limitent l’accès au marché. Ces<br />
entraves s’ajoutent aux obstacles posés par les marchés à l’expansion du secteur<br />
informel, les contraintes liées aux ressources <strong>et</strong> aux compétences, empêchant<br />
les pauvres, hommes <strong>et</strong> femmes, de passer d’activités de survie à <strong>une</strong> entreprise<br />
en expansion. Certains signes nous font penser que, surtout sur les marchés<br />
urbains, la croissance rapide des programmes de microfinance participe à la<br />
saturation du marché en activités ‘féminines’ provoquant, par là même, <strong>une</strong><br />
chute du profit. Les premières victimes en sont les femmes les plus pauvres qui<br />
dépendent de ces marchés <strong>et</strong> qui, en plus, n’ont pas accès à la microfinance.<br />
Il est communément admis que c’est par ‘l’égalisation des revenus’ <strong>et</strong> par<br />
<strong>une</strong> diminution de la vulnérabilité des femmes aux imprévus crises que la<br />
contribution de la microfinance est la plus substantielle. Les dispositifs d’épargne<br />
<strong>et</strong> d’assurances sont ici aussi importants que le crédit. L’épargne perm<strong>et</strong> aux<br />
femmes de se constituer un actif de départ. Celles-ci apprécient également<br />
qu’on voie qu’elles contribuent plus avant au bien-être familial. Elles en tirent<br />
<strong>une</strong> plus grande confiance <strong>et</strong> <strong>une</strong> meilleure estime. Les femmes utilisent souvent<br />
leur emprunt <strong>pour</strong> acquérir du bétail <strong>et</strong> améliorer l’alimentation familiale tout<br />
en ayant la possibilité de se constituer <strong>une</strong> épargne secondaire, à utiliser en<br />
période de crise. Cependant, le rôle des programmes de microfinance en tant<br />
que tels est parfois exagéré. <strong>Des</strong> études minutieuses du comportement des<br />
femmes face à l’épargne montrent qu’elles jonglent avec différentes sources <strong>et</strong><br />
plusieurs types d’épargnes. Les programmes de microfinance n’en sont qu’<strong>une</strong><br />
source parmi d’autres, parfois mineure. 58<br />
Le bien-être<br />
Que les femmes participent plus substantiellement au revenu du ménage ne se<br />
traduit pas nécessairement par <strong>une</strong> augmentation du revenu total disponible<br />
<strong>pour</strong> tous les membres de la famille. Il est d’ailleurs inquiétant d’observer qu’en<br />
réaction à l’augmentation du revenu (encore faible) de la femme, l’homme r<strong>et</strong>ire<br />
parfois <strong>une</strong> partie de sa contribution qu’il utilisera à des fins personnelles, <strong>pour</strong><br />
couvrir des investissements de production, <strong>pour</strong> se payer <strong>une</strong> marque d’alcool<br />
plus chère. Avec ces sommes, il peut aussi financer son mariage avec d’autres<br />
femmes ou les frais de ses maîtresses. Les hommes accueillent souvent avec<br />
un grand enthousiasme les programmes de crédit <strong>pour</strong> les femmes ou d’autres<br />
58 Lacoste 2002.<br />
59 Pour l’Afrique, voir Mayoux 1999. Ces faits ont souvent été mentionnés par des participants<br />
aux ateliers animés par l’auteur partout dans le monde.