Microfinance et Genre : Des nouvelles contributions pour une ... - ADA
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<strong>ADA</strong> DIALOGUE, N°37, mai 2007<br />
pI 42<br />
<strong>et</strong> des membres de la famille à accorder des prêts sans intérêt <strong>et</strong>/ou à assurer<br />
leur accès à des formes de crédit moins onéreuses que le crédit commercial.<br />
Au Zimbabwe, les clients de la microfinance ont été clairement découragés<br />
de fournir denrées <strong>et</strong> biens à crédit aux ouvriers agricoles dans l’attente du<br />
paiement de leur salaire en fin de mois, minant ainsi l’aide indispensable aux<br />
plus pauvres, en dehors du programme. Une épargne obligatoire <strong>et</strong>/ou des<br />
polices d’assurance mal pensées par les IMF peuvent engloutir les ressources<br />
qui servaient à alimenter les ROSCA.<br />
Les statistiques sur les clients ou le nombre de membres, même lorsqu’elles<br />
sont réparties selon le genre, ne disent pas grand chose de la qualité des<br />
services auxquels les femmes ont accès, par rapport à ceux des hommes. Dans<br />
la plupart des banques villageoises, les épargnants sont en majorité des femmes<br />
mais c’est aux hommes que sont octroyés la plupart des prêts. Les hommes<br />
étant majoritaires dans les instances de prise de décision, les taux d’intérêt sont<br />
fixés en faveur des emprunteurs, ce qui <strong>pour</strong>rait réduire la pérennité financière.<br />
Le montant des prêts consentis aux femmes est généralement inférieur aux<br />
montants concédés aux hommes, phénomène qui ne peut s’expliquer uniquement<br />
par la loi de la demande. Dans la plupart des programmes auxquels les femmes<br />
ont accès, les prêts ne sont pas suffisants <strong>pour</strong> l’achat de biens tels que des<br />
terres, un logement <strong>et</strong>/ou exigent un avoir en garantie <strong>et</strong>/ou la signature d’un<br />
‘aval masculin’.<br />
L’on s’accorde aujourd’hui <strong>pour</strong> dire que les données sur l’accès des femmes les<br />
plus faciles à obtenir (statistiques sur le nombre d’emprunteurs <strong>et</strong> d’épargnants<br />
classées par genre, nombre <strong>et</strong> montant des prêts, données de remboursement)<br />
ne peuvent être utilisées comme indicateurs de l’accès effectif <strong>et</strong> encore moins<br />
comme indicateurs par procuration du degré d’autonomisation. Le fait que<br />
les prêts soient au nom de la femme ne signifie pas automatiquement que la<br />
femme participe aux décisions quant à l’utilisation de l’argent. Il se peut que ce<br />
soit simplement l’homme qui négocie le prêt avec le personnel masculin <strong>pour</strong><br />
faciliter l’accès au crédit. 54 Même le taux élevé de remboursement des femmes<br />
ne signifie pas <strong>pour</strong> autant que les femmes ont elles-mêmes utilisé les fonds.<br />
L’homme peut s’approprier le prêt. 55 Une demande de crédits élevée de la part<br />
des femmes peut s’expliquer non pas par plus grande autonomie mais par la<br />
54 Dans la première étude AKRSP d’Harper, lors des entr<strong>et</strong>iens, il s’est avéré que sur 31 prêts<br />
<strong>pour</strong> micro-entreprises accordés à des femmes, dans 8 cas la femme ignorait qu’un prêt<br />
avait été consenti (Harper, 1995).<br />
55 Dans l’étude AKRSP d’Harper, lors des entr<strong>et</strong>iens, il s’est avéré que sur 31 prêts <strong>pour</strong> microentreprises<br />
accordés à des femmes, même lorsqu’elles étaient au courant du prêt, seuls 7<br />
de ces prêts ont été gérés par elles. La majorité (16) a été utilisée par les hommes <strong>et</strong>, bien<br />
que les femmes étaient au courant du prêt, elles n’ont pas été associées aux transactions<br />
d’octroi (Harper, 1995).