FoCUS <strong>Le</strong> cacao L’essence du chocolat <strong>Le</strong> cacao est l’élément de base de l’industrie chocolatière. L’approvisionnement des industriels marocains est assuré par les importations qui connaissent des fluctuations importantes de prix sur les marchés internationaux, ce qui impacte le coût de production. De plus, les industriels se plaignent de l’absence de mise à jour des textes réglementant le secteur du cacao et de <strong>ses</strong> dérivés. De tels facteurs limitent le positionnement concurrentiel des chocolatiers marocains. Khalid KHERRAF <strong>Le</strong> cacao et <strong>ses</strong> dérivés sont des éléments indispensables pour produire du chocolat. <strong>Le</strong>ur origine : les fèves de cacao qui sont fermentées, torréfiées et broyées jusqu’à la formation d’une pâte de cacao liquide dont on extrait une matière grasse végétale appelée beurre de cacao. <strong>Le</strong> cacao et <strong>ses</strong> dérivés constituent un important marché parmi les ingrédients alimentaires de base. Selon les statistiques de la FAO, la production mondiale de fèves de cacao a été de 4,16 millions de tonnes en 2007 avec une croissance annuelle continue (en 2000, elle était de 3,37 millions de tonnes). La Côte d’Ivoire demeure le premier producteur mondial avec 1,38 million de tonnes en 2007. En effet, le cacao est une culture à fortes exigences thermiques et l’essentiel de la production cacaoyère est assuré par les pays chauds, à savoir l’Afrique de l’Ouest (Côte d’Ivoire, Cameroun, Ghana, Nigéria...) et <strong>dans</strong> une moindre mesure certains pays d’Amérique Latine (Brésil, Colombie, Equateur). Quant à la consommation, les données statistiques de la FAO, qui remontent à 2003, montrent que la France, l’Allemagne et la Russie comptent parmi les plus grands consommateurs de fèves de cacao, contrairement au Maroc. En effet, en 2003, la quantité consommée a avoisiné les 8.180 tonnes de fèves de cacao. En 2008, les importations marocaines en matière de fève, poudre, pâte et beurre de cacao ont <strong>FOOD</strong> <strong>MAGAZINE</strong> - N° 16 / Du 15 Nov. au 15 Déc. 2009 26 été de 4.411 tonnes pour une valeur de 73,3 millions de Dirhams. Bien que la quantité consommée reste comprise <strong>dans</strong> les normes de certains pays riverains (Algérie : 13.125 T ; Tunisie : 6.561 T), elle demeure inférieure à celle de plusieurs pays africains et européens. Des droits de douanes élevés et des prix en fluctuation <strong>Le</strong> prix du cacao a connu au cours de la campagne 2008-2009 une augmentation substantielle, passant de 1.964 Dollars/ tonne en novembre 2008 à 3.146 Dollars/ tonne en octobre dernier. Cette flambée des prix a négativement affecté les opérateurs marocains qui souffrent déjà de gros<strong>ses</strong> difficultés au niveau de l’approvisionnement. En effet, le cacao et <strong>ses</strong> dérivés ainsi que l’essentiel des ingrédients qui rentrent <strong>dans</strong> la fabrication du chocolat sont importés. Ceci rend le secteur très sensible à la fluctuation des marchés internationaux et à l’impact des droits de douane élevés. Yasmina Bellamine, Directrice Marketing et Communication chez Aiguebelle, signale que les difficultés rencontrées à ce niveau sont indéniables. « L’approvisionnement en cacao coûte cher et les droits de douane sont onéreux », ajoute-t-elle. A noter que les importations se font à l’état brut (fèves de cacao à transformer localement), mais surtout sous forme de dérivés (déjà transformés : poudre et beurre de cacao). A titre indicatif, une étude d’analyse du potentiel des activités industrielles de la biscuiterie, chocolaterie et confiserie au Maroc, réalisée <strong>dans</strong> le cadre du programme européen « Appui aux Entrepri<strong>ses</strong> » a révélé que la TVA et les tarifs douaniers sont trop élevés par rapport à ceux d’autres pays. Pour l’Union Européenne, la TVA et le tarif douanier sont respectivement de 5,5% et 7,7% pour le beurre de cacao et de 5,5% et 8% pour la poudre de cacao. Quant à la Turquie, la TVA est de 18% et le tarif douanier est compris entre 0 et 7,7% (beurre de cacao) et entre 0 et 8% (poudre de cacao). Par contre, au Maroc, la TVA est de 20% et le tarif douanier de 10% pour le beurre et la poudre de cacao sans addition du sucre. La forte taxation des dérivés du cacao impacte donc très négativement le pouvoir concurrentiel et la capacité productive des industriels marocains. Des textes réglementaires dépassés Côté réglementaire cette fois-ci, les textes qui régissent le secteur des dérivés de cacao et du chocolat sont anciens et souvent en décalage avec les pratiques actuelles en vigueur. En fait, la loi spécifique qui réglemente le secteur remonte à 1927. Il s’agit d’un arrêté viziriel portant réglementation du commerce du cacao et chocolat. Cette loi définit et énumère les produits extraits du cacao et les produits élaborés à partir des dérivés du cacao. Un avenant datant de 1984 régit les appellations « sucre chocolaté » et « chocolat ». Cette loi de 1927, qui est toujours en cours de remplacement, ne permet pas de prendre en compte les nouvelles règles économiques et les nouvelles connaissances scientifiques. En fait, des propositions de la part des pouvoirs publics pour la mise à niveau de ce texte réglementaire n’ont pas été acceptées par les professionnels du secteur chocolatier. Ceux-ci ne sont pourtant pas opposés à la mise à niveau réglementaire. « Nous ne sommes pas contre les propositions des pouvoirs publics, mais il faut que l’Etat instaure et améliore le dispositif de contrôle de qualité à l’import des produits chocolatés, surtout ceux qui contiennent jusqu’à 5% de matière grasse végétale », indique-t-on auprès d’une source à l’Association des Biscuitiers, <strong>Chocolat</strong>iers et Confiseurs.
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